Le dexaméthasone semble être le premier traitement potentiel contre le coronavirus à prouver des effets solides pour réduire la mortalité. Cela concerne surtout les patients placés sous ventilation ; et, dans une moindre mesure, ceux placés sous oxygène. Aucun effet significatif n’est montré pour les autres situations.

La recherche médicale commence à porter ses fruits après de longues semaines d’essais cliniques visant à identifier un à plusieurs médicaments efficaces contre la maladie Covid-19. Parmi ces recherches, il y a Recovery. Ce large essai suit un protocole randomisé et contrôlé de plusieurs traitements potentiels, sur des patients hospitalisés en raison du coronavirus. Parmi les traitements testés, on retrouve le tocilizumab, l’azithromycine, l’hydroxychloroquine, le lopinavir-ritonavir, le plasma de patients convalescents et le dexaméthasone. Ce dernier, un stéroïde, vient de livrer des résultats plus que prometteurs.

Dans un communiqué publié ce mardi 16 juin 2020, les scientifiques en charge de ce traitement dans l’essai Recovery annoncent que le dexaméthasone « réduit la mortalité d’un tiers chez les patients hospitalisés à cause de complications respiratoires dues à Covid-19 ». Un constat qui relève d’autant plus d’une bonne nouvelle que ce traitement est très peu cher. L’un des scientifiques participant à l’essai précise ainsi que « le traitement consiste en 10 jours sous dexaméthasone et cela coûte [5,60 euros] par patient. Donc, en résumé, cela coûte [39 euros] pour sauver une vie. C’est un médicament qui est mondialement disponible ».

Le vaste essai Recovery teste six traitements potentiels contre le coronavirus depuis plusieurs mois.

Le vaste essai Recovery teste six traitements potentiels contre le coronavirus depuis plusieurs mois.

Ce stéroïde est déjà très utilisé face à d’autres types d’infection. Son action anti-inflammatoire semble avoir un effet bénéfique tout particulièrement pour contrer la « tempête cytokinique, cette fameuse réponse excessive du système immunitaire qui provoque la plupart des états graves en cas d’infection par le nouveau coronavirus. Quelles sont les promesses et limites du dexaméthasone à l’échelle de cet essai clinique ? On fait le point.

Un effet significatif chez les patients en état grave

L’essai était découpé en deux bras : un premier bras de 2 104 patients a reçu le dexaméthasone par voie orale ou intraveineuse, pendant 10 jours, quand un second bras de contrôle, de 4 321 patients s’en tenaient à des soins habituels d’accompagnement symptomatique. Au total, à l’échelle de toutes les situations testées, le traitement à base de dexaméthasone réduit la mortalité de 17 % sur une période de 28 jours. Là où le traitement semble le plus se distinguer quant à ses effets positifs, c’est pour les patients dans les états les plus graves :

  • Le taux de mortalité est réduit d’un tiers parmi les patients placés sous ventilation ;
  • La mortalité est réduite d’un cinquième pour les patients sous oxygène ;
  • Le médicament n’a pas d’effet significatif pour les patients simplement placés sous assistance respiratoire.

Les scientifiques estiment que la généralisation de ce traitement permettrait d’éviter 1 décès tous les 8 patients traités sous ventilation ; et d’éviter 1 décès tous les 25 patients traités sous oxygène. Le traitement est le premier à produire des résultats positifs aussi solides et prouvés. Le tocilizumab et la transfusion de plasma convalescent sont deux autres traitements considérés comme prometteurs, mais leurs résultats sont davantage préliminaires. Le remdesivir quant à lui précise son efficacité, et est déjà validé par les services de santé britanniques par exemple, mais coûte particulièrement cher — ce qui, pour rappel, n’est pas le cas du dexaméthasone.

Concernant les limites, les auteurs de cet essai clinique rappellent bien dans les notes du communiqué que l’essai n’a été conduit que sur des personnes hospitalisées et que ses effets sont significatifs lors des états les plus graves (la ventilation). Il est donc parfaitement inutile de s’en fournir à titre préventif ou même lors de l’apparition de premiers symptômes sans aggravation. Les états graves étant déclenchés par les emballements inflammatoires du système immunitaire, le dexaméthasone trouve son efficacité pour contrer ce choc (ou tempête) cytokinique.

À noter également que l’étude n’a pas encore été publiée dans son intégralité, ce qui nous empêche de consulter tous les détails du protocole et des résultats. Mais les auteurs indiquent pour autant que face à des résultats aussi clairs et larges quant au bénéfice dans la survie des patients gravement atteints, le dexaméthasone doit devenir au plus vite un standard de soin pour les patients sous ventilation. Les scientifiques de l’essai Revovery travaillent déjà avec les services de santé britanniques (NHS) pour appliquer le traitement dès maintenant.

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