Des tâches étonnamment brillantes avaient été détectées à la surface de Titan, la plus grande lune de Saturne. Des scientifiques estiment aujourd’hui qu’il s’agit des traces d’anciens lacs et mers asséchés.

De curieuses tâches brillantes observées sur Titan, la plus grande des lunes de Saturne, étaient restées sans explication convaincante depuis leur observation il y a plus de 10 ans. Le mystère semble enfin résolu : des scientifiques estiment qu’il s’agit de traces laissées par d’anciens lacs et d’anciennes mers, désormais asséchés, dans une étude publié le 16 juin 2020 au sein de la revue Nature Communications.

Comme le rappellent les auteurs, « des réflexions radar anormalement spéculaires [ndlr : réfléchissant la lumière] de la région tropicale sud de la lune de Saturne Titan […] ont été observées ». Leur détection, réalisée à l’aide de l’observatoire d’Arecibo et de l’observatoire de Green Bank (États-Unis) entre 2000 et 2008, a été interprétée comme un indice de présence de surfaces liquides.

Cassini n’a pas vu de liquide à ces endroits

L’an dernier, une carte très détaillée de la surface de Titan a révélé la diversité géologique de cette lune, grâce aux données de la mission Cassini. Entre 2004 et 2017, la sonde a pu imager la surface de l’objet, sans toutefois trouver de trace de liquide dans la zone où les tâches brillantes ont été repérées. L’hypothèse de « liquides transitoires » a été envisagée pour tenter d’expliquer ces structures, car on sait que le méthane existe sous forme liquide à la surface de Titan, en pluies.

Pour les auteurs de la nouvelle étude, il n’est pas nécessaire de recourir à cette hypothèse. Des assombrissements à la surface de Titan observés par Cassini, vraisemblablement liés à ces pluies de méthane, ne coïncident pas : l’un en raison de son emplacement, l’autre car il est postérieur aux observations des tâches. Les liquides transitoires de ces deux événements ne peuvent pas expliquer les tâches brillantes. D’après les chercheurs, « les réflexions radar anormalement spéculaires de Titan proviennent de surfaces solides ». Ces zones correspondraient aux sites d’anciens lacs et mers.

Une autre mission nécessaire ?

Les scientifiques ajoutent que les zones lumineuses détectées depuis l’observatoire d’Arecibo et l’observatoire de Green Bank « sont morphologiquement similaires aux paléolacs [ndlr : lacs d’une ancienne époque géologique] » qui se trouvent dans les régions polaires de Titan.

De plus amples recherches seront nécessaires pour comprendre la géologie et la chimie de ces zones. Une autre mission d’exploration devrait-elle être conduite ? « La mission Cassini a pris fin en 2017, ces emplacements ne peuvent pas être imagés en haute-résolution jusqu’à ce qu’un autre vaisseau spatial explore Titan », affirment en tout cas les scientifiques.

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