La qualité de l’air s’est considérablement dégradée à l’échelle planétaire. La question est un enjeu de santé publique. L’Organisation mondiale de la santé estime que 4,2 millions de décès par an sont causés par une exposition trop forte à la pollution ambiante extérieure. En mars 2020, une équipe de chercheurs évaluait que le chiffre pourrait bien en réalité être le double, tant et si bien que la pollution de l’air réduirait l’espérance de vie de 3 ans en moyenne.
Une nouvelle étude, parue ce 17 juin 2020 dans Nature, se base sur de nouvelles méthodes de quantification pour évaluer la répartition géographique de l’exposition à la pollution de l’air. À partir d’images satellites et d’une étude basée sur sept ans de données (2010-2016), le résultat est le suivant : un humain sur deux est de plus en plus exposé à des niveaux élevés de pollution. « Malgré les efforts pour réduire la pollution de l’air dans beaucoup de pays, il y a des régions, notamment l’Asie centrale et de l’Est et l’Afrique sub-saharienne, où les populations continuent à être exposées à des niveaux toujours plus hauts de pollution de l’air », écrivent les chercheurs.
Cette exposition à des particules fines (PM2,5) dangereuses pour l’être humain est donc très inégale à l’échelle planétaire. Dans certaines régions, les niveaux sont cinq fois supérieurs aux recommandations de l’OMS, et continuent de s’accroître. Plusieurs causes à la dégradation de l’air par les particules fines sont possibles : la production énergétique, la pollution dans les ménages, les transports, le cycle des déchets, l’agriculture. En plus de la pollution, il faut ajouter le changement climatique et un ingrédient souvent mésestimé : les nouveaux événements qu’il génère provoquent des tempêtes de poussières toxiques et des feux de forêts à l’origine d’épaisses fumées ; les zones très proches de forêts et de déserts, notamment en Afrique et en Asie, sont donc particulièrement à risque, comme le notent les chercheurs.
Ce ne sont pas que les villes
Les particules « peuvent voyager dans l’atmosphère sur des centaines de kilomètres, et leurs caractéristiques chimiques et physiques peuvent varier énormément à travers le temps et l’espace », expliquent les auteurs de cette étude parue dans Nature. Ces derniers invitent alors à repenser cette image selon laquelle la pollution de l’air ne serait un problème qu’en ville. Sur la période étudiée, ils ont par exemple trouvé que dans les zones rurales d’Asie centrale et en Asie du Sud, l’exposition de la population aux particules s’est accrue de 11 %.
« Le problème, et le besoin de solutions, ne sont pas confinés aux villes ; autour du monde, une vaste majorité de personnes vivant dans les zones rurales est également exposée à des niveaux au-delà des recommandations », écrivent les chercheurs. Si le fardeau repose essentiellement sur les pays à faible ou moyen revenus, les pays riches ne sont pas épargnés par ces constats. Les particules fines n’obéissent pas aux représentations humaines : elles ne s’arrêtent pas aux délimitations des villes, ni aux frontières. Les chercheurs invitent donc à ne pas se limiter aux zones urbaines mais bien à envisager les politiques publiques en fonction de cette fluidité.
Les auteurs en concluent à la fin de leur étude que « les tentatives visant à atténuer les effets de la pollution atmosphérique ont varié en fonction de sa source et des conditions locales, mais dans tous les cas, la coopération entre les secteurs et à différents niveaux — urbain, régional, national et international — est cruciale ».
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