SpaceX a publié des offres d’emploi en vue de construire une aire de lancement au large des côtes américaines pour ses fusées. Un spatioport flottant, en somme.

Et si SpaceX procédait à l’avenir à des décollages de fusées depuis des barges mobiles, au large des côtes américaines ? C’est une piste qu’étudie activement l’entreprise américaine, en témoignent des offres d’emploi repérées par le quotidien Houston Chronicle, mais aussi un message publié par Elon Musk le 16 juin sur Twitter, donnant ainsi un petit aperçu de ce qui pourrait être fait dans plusieurs années.

« SpaceX construit des spatioports flottants supermassifs pour aller sur Mars, sur la Lune et permettre des voyages hypersoniques autour de la Terre », certifie le fondateur de la compagnie. À un internaute qui l’interpellait, l’intéressé ajoute que ces voyages commenceront bien sûr avec des vols de la Terre vers la Terre, c’est-à-dire, d’un point à l’autre de la planète bleue.

Des tests pourraient débuter d’ici deux à trois ans.

SpaceX s’appuie aujourd’hui sur trois aires de lancement aux États-Unis pour faire décoller ses fusées commerciales : la base californienne de Vandenberg de l’US Air Force, le centre spatial Kennedy et la base de lancement de Cap Canaveral, en Floride. Elle opère aussi des sites d’essais dans les environs de Boca Chica, de McGregor, deux localités du Texas, ainsi qu’au Nouveau-Mexique.

SpaceX centre spatial Kennedy

SpaceX centre spatial Kennedy

Source : Chris Cassidy

Des spatioports flottants pour SpaceX

L’utilisation d’un spatioport flottant n’est pas dénuée d’intérêt. Une telle installation éloigne les décollages et les atterrissages de toute habitation humaine, réduisant drastiquement les risques de chute de débris en cas d’accident, au départ ou au retour d’une fusée. Elle évacue aussi le problème du bruit et des ondes de choc, des nuisances auxquelles sont exposés les habitants de Boca Chica.

En revanche, ces structures seront confrontées à un autre casse-tête : la météorologie marine, qu’il faudra intégrer dans la construction, mais aussi dans le choix final de leur emplacement. Le sud de la côte est des USA, par exemple, est notoirement connu pour être tous les ans exposé à des tempêtes tropicales qui donnent parfois lieu à des cyclones violents. C’est de cette zone qu’opère la plupart du temps SpaceX, avec Cap Canaveral et le centre spatial Kennedy.

Ces évènements météorologiques ne pourraient-ils pas être esquivés en rendant mobiles ces spatioports, puisqu’ils flottent ? Cela reste à voir : Futurism relève que l’accès à ces bases navales d’un nouveau genre se fera peut-être grâce à… l’hyperloop, un autre projet ambitieux impulsé par Elon Musk, et qui est piloté par une autre entreprise, The Boring Company. Il consiste à creuser des tunnels pour y installer des voies de communication à très grande vitesse. L’idée n’est en tout cas pas écartée par l’intéressé.

Il faut imaginer le caractère hors normes du projet, qui n’existe pour l’instant que sur le papier : c’est comme si l’on décidait d’installer une aire de lancement similaire à celle du centre spatial guyanais sur une espèce de plateforme pétrolière, se trouvant au large des côtes sud-américaines, à des kilomètres de là, et à laquelle on accéderait par un TGV sous-marin, circulant dans l’équivalent du tunnel sous La Manche, sur des kilomètres et sous le fond de la mer.

Un concept de spatioport flottant présenté en 2017

Ces spatioports spatiaux ne sont pas à proprement parler une surprise dans les plans d’Elon Musk et de SpaceX. En 2017, une vidéo de présentation montrait justement en images de synthèse ces voyages de la Terre à la Terre. On y voyait un concept de fusée express, le Starship, capable d’atteindre divers lieux tout autour du monde, en un temps record. Starship qui est aujourd’hui en train d’être construit.

Dans la vidéo, les passagers, qui seraient de plusieurs dizaines à quelques centaines, selon la capacité finale d’accueil, embarqueraient à bord d’un bateau — une solution certes moins futuriste que la piste de l’hyperloop, mais infiniment plus simple et moins coûteuse à mettre en place, pour rejoindre la plateforme de décollage.

 

Les passagers, une fois dans la fusée, s’apprêteraient alors à vivre une aventure extra-atmosphérique à 27 000 km/h, tandis que le premier étage retournerait sur Terre pour se préparer à une prochaine mission, conformément à la stratégie de SpaceX de réutiliser un maximum d’éléments. L’entreprise exploite d’ailleurs déjà des portions de son autre fusée, la Falcon 9, au niveau de la coiffe et de la propulsion.

Grâce à cette vitesse maximale, permise par une densité atmosphérique réduite limitant les frottements, aucune destination ne prendrait plus d’une heure à être ralliée : New York – Shanghai en 40 minutes, New York – Paris en une demi heure, Hong Kong – Singapour en un peu plus de 20 minutes, ou encore Los Angeles-Toronto en près de minutes. En avion, il faut par contre dix à douze heures de vol pour aller par exemple de Paris à Tokyo.

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