Le samedi 20 juin 2020, la Sibérie, au sein du cercle arctique, a connu sa plus haute chaleur jamais enregistrée : à Verkhoyansk, il faisait 38 degrés (Celsius). C’est le type de climat qui est redouté pour 2100… mais 80 ans plus tôt que prévu. Bien que les chiffres soient encore soumis à confirmation, il faisait le lendemain 35,2 degrés, tout comme le week-end précédent se situait aussi autour de 30 degrés. Cette persistance semble exclure une anomalie dans les mesures. Comme le rappelle également Etienne Kapikian, météorologue, un ballon météo a détecté des températures exceptionnellement chaudes en basse atmosphère (21 degrés), ce qui confirme la présence d’une température beaucoup plus élevée à la surface.
De telles températures, de 38 et 35,2 degrés, dans le cercle Arctique, au nord de la Russie, l’une des zones censées être les plus froides du monde, ne sont pas des records anodins. C’est 20 à 25 degrés de plus que les seuils « normaux » pour cette région et en cette période. De tels chiffres ne sortent pas de nulle part : ils sont le résultat d’une année particulièrement chaude et d’une tendance de fond, de plus en plus en marquée, en Arctique.
Le mois de mai livrait déjà un indice d’un tel record : le vendredi 22 mai 2020, il faisait 25,4 degrés en Sibérie, soit 25,4 degrés de plus que la normale saisonnière. Dans son ensemble, le mois de mai était tout simplement le plus chaud jamais enregistré. Et si l’on remonte encore un peu dans le temps, l’hiver lui-même était dès janvier 2020 l’un des plus doux que l’Arctique ait connu. En résumé, cette région polaire connaît en 2020 une vague de chaleur historique. « Tout l’hiver puis le printemps ont connu des périodes répétées de températures de l’air supérieures à la moyenne, en particulier à partir de janvier », confirme le programme satellitaire Copernicus.
Ce n’est pas une surprise
Ces températures record qui sont aujourd’hui relayées font partie d’un ensemble de bouleversements toujours plus intenses que connaît l’Arctique depuis plusieurs années. Ces perturbations adviennent au cœur d’un cercle vicieux. Par exemple, les températures plus chaudes sont en ce moment même à l’origine d’incendies, qui participent à leur tour à réchauffer le climat de la région par leur persistance. Le permafrost fond plus rapidement et plus largement, ce qui accélère le réchauffement étant donné que la lumière du Soleil se réfléchit moins. Ce phénomène de fonte est à son tour à l’origine de l’effondrement d’un réservoir de pétrole en Russie arctique dans une centrale qui ne respectait pas les normes de sécurité, contribuant alors aux perturbations écologiques de la région.
Si notre planète connaît un réchauffement globalisé, il ne se traduit pas partout de la même façon. L’Arctique a un statut particulier. « La Sibérie occidentale se distingue comme une région qui se réchauffe plus rapidement que la moyenne, et où les variations de température d’un mois à l’autre et d’une année à l’autre ont tendance à être importantes », précise le service Copernicus. L’Arctique se réchauffe deux fois plus vite que le reste de la planète. Dès 2017, les scientifiques s’inquiétaient d’ailleurs de vagues de chaleur plus répétées et plus longues.
Les anomalies de température relayées ce mois de juin ne sont donc pas, en soi, une véritable surprise. En revanche, Copernicus relève que ce qui est inhabituel, « c’est la durée pendant laquelle les anomalies de température supérieures à la moyenne ont persisté ». Les records ne sont donc pas à considérer comme des événements temporairement exceptionnels : c’est la situation, dans sa totalité, qui est exceptionnelle et sur laquelle il faut porter l’attention. Cette vague de chaleur va se poursuivre.
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