Pour la première fois, une étude montre combien les nanoparticules de plastique portent atteinte aux plantes terrestres.

Une étude parue dans Nature Nanotechnology, ce lundi 22 juin, ajoute une nouvelle conséquence désastreuse à la pollution plastique. Si le constat est maintenant plus que clair quant à l’impact sur la faune et la flore marines, il semblerait que les plantes terrestres soient bien loin d’être épargnées. C’est bel et bien la biodiversité, dans son ensemble, qui est menacée par les micro et nano plastiques.

Les nouveaux travaux de recherche publiés dans Nature montrent que les plantes absorbent de très petites particules de plastique par leurs racines. Ces particules finissent par s’accumuler au sein des plantes touchées. « L’accumulation de nanoplastiques chez les plantes peut avoir à la fois des effets écologiques directs et des implications pour la soutenabilité agricole et la sécurité alimentaire », écrivent les chercheurs en introduction de leur papier.

Le code génétique des plantes est altéré

Les auteurs de cette étude se sont principalement intéressés à de très petits fragments de plastique, de l’ordre de 100 nanomètres (plus fin qu’un cheveu ou qu’une feuille de papier). Ce type de particules peut se retrouver éparpillé dans la nature au fil des dégradations du plastique dans le temps. Les scientifiques ont fait pousser pendant 10 jours une plante appelée des Arabettes des dames, au sein de différents sols, chaque sol étant composé d’une concentration grandissante en nanoparticules de plastique — dont un groupe de contrôle sans particules.

Tout à gauche, une plante dans un sol sans pollution plastique. Puis, plus on va à droite, plus la plante est dans un sol pollué. L'effet sur sa biomasse est clairement visible à l’œil nu. // Source : Nature / Baoshan Xing & consorts

Tout à gauche, une plante dans un sol sans pollution plastique. Puis, plus on va à droite, plus la plante est dans un sol pollué. L'effet sur sa biomasse est clairement visible à l’œil nu.

Source : Nature / Baoshan Xing & consorts

Sur l’image ci-dessus, vous pouvez observer, de gauche à droite, l’augmentation de la pollution, d’aucune particule à une haute dose de particules. Il s’avère que les nanoparticules de plastique sont pompées par les racines des plantes comme si le plastique était n’importe quel nutriment présent dans le sol. Sauf que le plastique n’est pas un nutriment et il est nocif. En s’accumulant dans les racines de la plante, les nanoparticules de plastique limitent la circulation normale de l’eau et des autres véritables nutriments.

Durant l’expérience, les plantes soumises aux nanopatricules se sont moins bien développées, comme l’écrit l’un des auteurs : « Les nanoplastiques ont réduit la biomasse des plantes étudiées. Elles étaient plus petites et leurs racines bien plus courtes. » La viabilité des semences (profusion, capacité à éclore et grandir…) est elle aussi menacée par cette pollution.

Le code génétique des plantes est altéré

Mais les conséquences vont plus loin encore, puisque la pollution plastique va jusqu’à altérer le code génétique des plantes terrestres. Une certaine catégorie de particules, celles qui sont chargées positivement, porte atteinte directement à l’ARN de ces plantes, en modifiant l’expression des gènes. Ces particules positivement chargées interagissent davantage avec leur environnement, et donc avec les nutriments, l’eau, les racines. Leur impact est décuplé. Or, cette altération génétique rend les plantes soumises globalement plus vulnérables. Elles sont par exemple moins résistances aux maladies infectieuses. Les chercheurs invitent à travailler plus en profondeur sur ce point, car, « d’ici là, nous ne savons comment cela peut affecter le rendement et la sécurité des cultures alimentaires ».

Cette étude publiée dans Nature est la première à apporter des preuves solides sur la façon dont la pollution plastique dégrade les plantes terrestres. Ces observations montrent que les nanoparticules sont néfastes pour les plantes elles-mêmes, mais aussi potentiellement pour les humains qui les consomment ensuite. Sur cette base, comme l’écrivent eux-mêmes les auteurs, il est nécessaire de développer plus en profondeur cette nouvelle voie de recherche écologique.

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