L’été 2020 est là, et les premières fortes chaleurs avec. C’est le moment de l’année où les climatiseurs sont le plus utilisés. Le coronavirus SARS-CoV-2 se propage essentiellement par les gouttelettes infectées qui sont aéroportées. La contamination se fait en situation de proximité physique, et elle est donc favorisée par des lieux clos où l’air est peu renouvelé. La question se pose alors du rôle des appareils de climatisation dans la propagation de la maladie, lorsqu’ils contribuent à faire naviguer l’air en circuit fermé. S’il y a peu d’études scientifiques complètes sur le sujet, quelques exemples ont donné lieu à des rapports bien documentés.
Le 24 janvier 2020, dans un restaurant situé à Guangzhou, en Chine, il n’y avait qu’une seule personne infectée (asymptomatique à ce moment) sur près d’une centaine de convives. Cela aura suffit à déclencher un foyer de contamination. Le 5 février, 10 clients ayant dîné ce jour-là dans l’établissement ont été testés positifs a coronavirus. Ils étaient pourtant répartis sur trois tablées différentes, situées à plus d’un mètre les unes des autres. Comme le relate le Centre de contrôle et de prévention des maladies dans son journal Emerging Infectious Disease, le mécanisme de climatisation est en cause.
« Notre examen des voies de transmission potentielles nous a permis de conclure que la cause la plus probable de ce foyer était la transmission par gouttelette », explique le CDC. Pourtant, ce type de transmission advient habituellement lorsque des personnes sont en contact rapproché. Les personnes infectées n’étaient pas à la même table que le patient zéro. Le CDC rappelle que les grosses gouttelettes respiratoires ne restent dans l’air que pour une courte période et, en l’absence de toux ou d’éternuements, elles parcourent de courtes distances — difficilement plus d’un mètre. Dans ce restaurant, les tables étaient organisées au-delà de cette distance.
Pour le CDC, l’explication la plus probable est que le « fort flux d’air provenant du climatiseur a pu propager les gouttelettes ». La direction du flux d’air est cohérente avec les tables concernées par l’infection et le restaurant n’avait aucune fenêtre. Dans ce contexte spécifique, il semble évident d’après l’analyse du CDC que la climatisation ait favorisé la propagation de la maladie.
C’est le flux d’air qui pose problème
Il y a une nuance essentielle entre considérer que la climatisation diffuse le coronavirus et considérer qu’elle en facilite la propagation en le dispersant. La première assertion est fausse, quand la seconde peut s’avérer vraie. C’est ce que rappelle le CDC européen dans son dernier rapport, en date du 22 juin 2020. « Il n’y a actuellement aucune preuve d’infection humaine au SARS-CoV-2 causée par des aérosols distribués via des systèmes de ventilation. Le risque est classé comme étant très bas. » En revanche, « le flux d’air généré par les appareils d’air conditionné peut faciliter la diffusion des gouttelettes infectées ».
En clair : il y a peu de chances que les particules infectées circulent au travers du système de climatisation, pour au final en ressortir et infecter de nouvelles personnes. Les filtres présents dans ces systèmes sont efficaces pour bloquer les particules. En revanche, lorsque l’air climatisé ressort de l’appareil, le fait que l’air soit poussé peut projeter des particules infectées. Ce problème de la dispersion du virus est particulièrement prégnant dans un espace clos — lieux où la transmission du coronavirus advient le plus communément.
Que faut-il faire avec la clim ?
Alors, faut-il éteindre la climatisation durant tout l’été dans les commerces et les bureaux ? La réponse du CDC est non. Pour autant, cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas changer les pratiques en la matière. Les appareils doivent plus que jamais être impeccablement entretenus afin que les filtres restent efficaces. Il faut également veiller à ce que le flux d’air sortant de la climatisation ne soit jamais dirigé vers des groupes de personnes, car si l’on supprime ce facteur de risque, le problème du transport des particules infectées ne se pose plus.
Inversement, le CDC indique aussi qu’une climatisation efficace, bien entretenue, non-dirigée vers des personnes, et basée sur le renouvellement de l’air, a le potentiel pour réduire les risques. Cela évite la recirculation permanente du même air et apporte de l’air extérieur. Concernant spécifiquement les lieux tels que les restaurants, l’espacement entre les tables et le port du masque à chaque déplacement apparaissent comme des mesures d’autant plus salvatrices à l’aune de ces constats.
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