En juin 2020, la Sibérie a atteint un nouveau record de température, atteignant 38 degrés Celsius. Ce pic n’était pas en soi une surprise, puisqu’il est le résultat d’une forte vague de chaleur qui touche le cercle arctique depuis janvier. Il est maintenant de plus en plus attesté que l’Arctique est au cœur d’un réchauffement accéléré : le Pôle Nord se réchauffe deux fois plus vite que le reste de la planète. Les scientifiques s’inquiètent depuis plusieurs années de vagues de chaleur plus répétées et plus longues dans cette région polaire.
Un travail de recherche international, publié dans Nature Climate Change ce 29 juin 2020, montre que l’Antarctique connaît une vague de chaleur tout aussi forte. « Ces trente dernières années, le Pôle Sud a fait l’expérience d’un réchauffement statistiquement record [entre 0,61 et 0,34 degré Celsius] par décennie, ce qui est plus de trois fois la moyenne mondiale », écrit ce groupe de chercheurs néo-zélandais, britanniques et américains.
Des causes naturelles et humaines
Ce réchauffement record provient essentiellement d’une anomalie (une fluctuation qui éloigne le climat régional d’un état stable/moyen) au-dessus d’une large portion de l’océan austral (océan Antarctique), dont le résultat est l’augmentation des températures de surface sur tout l’ouest du Pacifique tropical. Cette anomalie fait qu’en altitude, la pression augmente, et donc le flux d’air au-dessus du pôle Sud devient plus chaud. C’est un phénomène connu des climatologues sous le nom d’« oscillation décennale du Pacifique ». Cela fonctionne par cycles : tous les 15 à 30 ans, le Pacifique tropical devient plus chaud et le Pacifique nord plus froid (cycle négatif), puis cela s’inverse (cycle positif). Au début de ce siècle, on est entré dans un cycle négatif.
Cette région de la planète est donc constamment soumise à des fluctuations dans ses températures. Les auteurs de l’étude parue dans Nature Climate Change expliquent que ces changements extrêmes de température toutes les quelques décennies ont tendance à masquer l’impact total des activités humaines sur cette région. Mais cet impact est bien présent : le changement climatique semble intensifier l’ampleur des fluctuations naturelles du Pôle Sud, et donc accroître son réchauffement.
« On soupçonnait que cette partie de l’Antarctique pourrait être immunisée/isolée contre le réchauffement. Nous avons constaté que ce n’est plus le cas », a précisé à l’AFP le co-auteur de l’étude Kyle Clem. « Bien que le réchauffement se situe dans le cadre de la variabilité naturelle des modèles climatiques, il est fort probable que l’activité humaine ait contribué. » L’impact de l’être humain sur l’Antarctique s’observe par différentes métamorphoses plus exceptionnelles que la normale, comme la fonte des glaces sur les côtes ou l’augmentation massive des algues vertes causée, entre autres, par nos émissions carbone.
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