« Nous appelons la communauté médicale et les organismes nationaux et internationaux compétents à reconnaître le potentiel de propagation aérienne de la Covid-19. » Dans une lettre publiée le 6 juillet 2020 au sein de la revue Clinical Infectious Diseases, 239 scientifiques s’adressent à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour souligner le risque de transmission du virus SARS-CoV-2 par voie aérienne.
Selon ces chercheurs, « il existe un potentiel important d’exposition par inhalation aux virus dans les gouttelettes respiratoires microscopiques (microgouttelettes) à de courtes à moyennes distances (jusqu’à plusieurs mètres ou à l’échelle de la pièce) ». C’est pourquoi ils recommandent de mettre en œuvre des mesures de prévention pour limiter cette voie de transmission aérienne du SARS-CoV-2.
L’OMS ne reconnaît pas la transmission aéroportée
Comme le rappellent ces scientifiques, les mesures actuellement préconisées par l’OMS se concentrent principalement sur le lavage des mains, la distanciation sociale et les précautions faces aux gouttelettes. « La plupart des organisations de santé publique, y compris l’Organisation mondial de la santé, ne reconnaissent pas la transmission aéroportée », écrivent les chercheurs. Pour l’OMS, la transmission du virus est réalisée par de grosses gouttes, qui tomberaient au sol rapidement après avoir été expulsées. C’est pour cela qu’il faut garder une distance d’un mètre entre les individus.
Pour les auteurs de la lettre, de telles précautions ne suffisent pas face aux microgouttellettes émises lors de la respiration et porteuses du virus. Les chercheurs font valoir que « ce problème est particulièrement aigu dans les environnements intérieurs ou fermés, en particulier ceux qui sont bondés et dont la ventilation est insuffisante ». Le schéma suivant, joint à la lettre, illustre la propagation de microgouttelettes contenant le virus dans une pièce, avec et sans ventilation.
Quelles autres mesures sont recommandées ?
Les auteurs reconnaissent que les étapes de la transmission de microgouttelettes font encore l’objet de preuves « incomplètes », mais que ces preuves sont « également incomplètes pour les modes de transmission à grosses gouttelettes et à fomites [ndlr : les objets contaminés et susceptibles de propager l’infection] ». Par principe de précaution, les auteurs invitent à appliquer diverses mesures.
- Disposer d’ « une ventilation suffisante et efficace », notamment dans « les bâtiments publics, les environnements de travail, les écoles, les hôpitaux et les maisons de retraite »,
- En complément, ajouter « des dispositifs de contrôle des infections aéroportées », comme la ventilation locale par aspiration, des systèmes de filtration de l’air à haute efficacité ou de la lumière ultraviolette aux propriétés germicides,
- Enfin, « éviter l’encombrement, en particulier dans les transports publics et les bâtiments publics ».
Les scientifiques estiment que ces mesures peuvent, pour la plupart, être aisément mises en application (ouvrir les portes et les fenêtres dans les bâtiments, pour augmenter le débit d’air, par exemple). Même lorsque les mesures proposées ne peuvent être appliquées que partiellement, les auteurs estiment qu’elles « offrent plus de bénéfices que d’inconvénients potentiels ».
L’OMS a répondu par l’intermédiaire de Benedetta Allegranzi, docteure et responsable technique de l’organisation, qui indique que les preuves de la propagation du virus par voie aérienne ne sont pas suffisantes. Le New York Times relaie sa déclaration : « Au cours des deux derniers mois, nous avons déclaré à plusieurs reprises que nous considérions la transmission aéroportée comme possible, mais certainement pas étayée par des preuves solides ou claires ».
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