Des scientifiques se sont intéressés aux matériaux utilisés pour concevoir des masques de protection. Ils ont notamment voulu vérifier l’efficacité de masques réalisés dans des matériaux non traditionnels.

À condition d’être correctement porté, le masque fait partie des gestes barrières les plus utiles pour endiguer la crise sanitaire provoquée par la Covid-19. Mais tous les matériaux utilisés pour les concevoir ne se valent pas pour protéger du risque d’infection, expliquent des scientifiques dans une étude, publiée dans la revue Journal of Hospital Infection, présentée par l’université de l’Arizona le 6 juillet 2020.

« Alors que divers matériaux sont efficaces pour filtrer de grosses gouttelettes, les aérosols générés par les éternuements, la toux […] peuvent plus facilement traverser les matériaux ou les zones de fuite. Il existe une petite quantité de données sur l’efficacité de la filtration, mais actuellement aucune modélisation quantitative de l’efficacité pour la réduction du risque d’infection », écrivent les auteurs. L’étude se penche ainsi sur l’efficacité de masques réalisés dans des matériaux, y compris non traditionnels, après 30 secondes et 20 minutes de port dans un environnement contaminé.

Une personne portant un masque dans un lieu public. // Source : Pexels/Anna Shvets (photo recadrée)

Une personne portant un masque dans un lieu public.

Source : Pexels/Anna Shvets (photo recadrée)

Différentes situations ont été testées : aucun port du masque, le port d’un masque FFP2, FFP3 ou chirurgical, ainsi que le port d’un masque en matériau non traditionnel, comme la soie, un torchon, un sac aspirateur, une taie d’oreiller, une taie d’oreiller antimicrobienne, un mélange de coton, un tee-shirt 100 % coton, du lin, une écharpe. Les auteurs ont travaillé à partir de données obtenues par de précédentes études et à l’aide d’un modèle informatique, afin d’estimer le risque d’infection. En comparant l’exposition de 20 minutes et de 30 secondes au virus, les scientifiques ont constaté que les risques d’être infecté pouvaient être réduits de 24 à 94 % ou de 44 à 99 % selon le type de masque.

Les masques FFP3 se sont révélés être ceux qui réduisaient le plus le risque d’infection estimé par les scientifiques. « Comme prévu, [ils] ont réduit les risques moyens de référence de 94 % et 99 %, pour les expositions de 20 minutes et 30 secondes, respectivement », peut-on lire dans l’étude. Ce type de masque est réservé aux professionnels de la santé.

Qu’en est-il des matériaux moins traditionnels ?

Les sacs aspirateurs (insérés dans des poches filtrantes à l’intérieur de masques en tissus) ont ensuite montré la meilleure efficacité, selon les auteurs, avec une réduction du risque d’infection estimée à 58 % lors d’une exposition de 20 minutes et estimée à 83 % lors d’une exposition de 30 secondes. Il faut cependant rappeler que l’AFNOR, de son côté, ne recommande pas d’utiliser un sac aspirateur en guise de masque : de tels matériaux « sont susceptibles de libérer dans l’air inhalé des substances irritantes pouvant causer un risque d’allergie […] et/ou de toxicité », selon l’association.

En termes d’efficacité, viennent ensuite les torchons, les tissus en coton et les taies d’oreiller anti microbiennes. Les écharpes ont montré la moins bonne efficacité, avec une réduction du risque d’infection de 24 % (pour une exposition de 20 minutes) et de 44 % (30 secondes).

L’étude comporte dans tous les cas certaines limites. Elle ne prend pas en considération le risque de déposer le virus sur le masque lors de son ajustement avec les mains, et suppose que tous les masques sont portés de la même façon. Or, s’il est porté sous le nez ou glissé sous le menton, le masque, quelle que soit sa matière, n’est de toute façon plus correctement utilisé.

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