Les ours polaires pourraient s’éteindre d’ici 2100. La marge d’action est mince, mais il est possible de freiner ce phénomène.

Des centaines d’espèces ont disparu ou sont en voie de disparition en raison des activités humaines. Certaines en sont particulièrement emblématiques. Victimes du changement climatique, les ours polaires sont en danger. Dans une étude parue le 20 juillet 2020 dans Nature, des scientifiques alertent : d’ici 2100, les ours polaires pourraient s’éteindre.

Comme l’indiquent les auteurs, la population des ours polaires «  devrait diminuer à mesure que le réchauffement climatique et la perte de banquise de mer se poursuivent  ». Prédire cette évolution reste compliqué, car les données démographiques sur cette espèce restent largement insuffisantes. Mais les chercheurs qui publient cette étude dans Nature ont malgré tout réussi à aboutir à une estimation chronologique précise.

L'espèce est en danger car sa fréquence de reproduction est en forte baisse. // Source : Pixabay

L'espèce est en danger car sa fréquence de reproduction est en forte baisse.

Source : Pixabay

Pour ce faire, à partir de la physiologie de l’espèce (poids, graisse, dépense énergétique…), ils ont calculé nombre de jours pendant lesquels les ours polaires sont capables de jeûner avant que leur survie et les nouvelles naissances soient menacées. Il s’agit en fait de mesurer le risque d’effondrement de la reproduction : une espèce s’éteint lorsqu’elle n’arrive plus se reproduire en nombre suffisant pour compenser les décès chez les membres adultes (raison pour laquelle la pêche est strictement encadrée en fonction des périodes d’accouplement). Les chercheurs ont ensuite mis ces résultats en relation avec le nombre anticipé de jours où la banquise viendra à manquer. À cela, ils ont ajouté les tendances déjà observées de 1979 à 2016.

Ce modèle inclut ensuite deux scénarios possibles dans les émissions de gaz à effet de serre, basés sur les constats du Groupe d’experts de l’ONU sur l’évolution du climat : 1) si la tendance dans les émissions reste sensiblement la même, 2) si nous réduisons modérément ces émissions.

« Leur habitat est littéralement en train de fondre »

Pour le premier scénario, façon business-as-usual où les émissions de gaz à effet de serre resteraient sur la même tendance qu’aujourd’hui, l’extinction de l’espèce aura lieu avant 2100. Quelques sous-populations pourraient persister, mais de manière très parcellaire, et seulement dans le Haut-Arctique, la partie la plus au nord. La famine est en cause : les ours polaires ont besoin de la banquise pour chasser les phoques, leur principale source de nourriture. Moins il y a de banquise, qui est en train de fondre, plus les ours sont poussés vers les terres, là où ils ne peuvent pas se nourrir correctement.

Le second scénario est plus optimiste, mais loin d’être radieux : même en réduisant les émissions de gaz à effet de serre, les ours polaires resteront en danger. Le risque d’extinction sera réduit, mais le déclin toujours marqué. L’ONG Polar Bear International a réalisé l’infographie ci-dessous pour illustrer ces deux scénarios de déclin :

Infographie des deux évolutions possibles des ours polaires d'ici 2100. // Source : Infographie Polar Bear International / Traduction Numerama

Infographie des deux évolutions possibles des ours polaires d'ici 2100.

Source : Infographie Polar Bear International / Traduction Numerama

«  Si d’une façon ou d’une autre, par magie, la banquise pouvait être maintenue à mesure que les températures s’accroissent, les ours polaires pourraient se porter bien. Le problème est que leur habitat est littéralement en train de fondre  », a averti l’un des auteurs de l’étude, Steven Amstrup. « La seule façon de les sauver est de protéger leur habitat en amoindrissant le réchauffement planétaire. »

En présentant deux scénarios dont l’un est seulement moins pire que l’autre, cette étude parue dans Nature vient rappeler que les conséquences du changement climatique sont déjà là, et qu’une partie d’entre elles apparaît inévitable. D’un autre côté, le pessimisme n’est pas non plus à l’ordre du jour, car les conclusions montrent aussi que l’action est d’autant plus urgente qu’il est encore clairement possible de ne pas se trouver dans le scénario du pire.

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