Populations prioritaires, modalités : voici l’avis du Conseil scientifique sur la stratégie vaccinale que la France doit préparer dès maintenant.

La recherche médicale aboutit déjà à de premières pistes très prometteuses dans la quête d’un vaccin contre la maladie Covid-19, mais, pour l’heure, aucun n’a été finalisé. Il faudra attendre encore plusieurs mois, d’ici probablement 2021. Pour autant, la stratégie vaccinale de la France doit être intégralement préparée bien en amont, comme vient de le rappeler le Conseil scientifique, dans un rapport du 9 juillet et rendu public ce vendredi 24 juillet 2020.

Le rapport explique que le gouvernement français négocie d’ailleurs d’ores et déjà des contrats de réservation de vaccins : un premier contrat est déjà signé avec Astra Zeneca, et les négociations sont en cours avec Moderna, CureVac, BioNTech/Pfizer, Jansen, Sanofi Pateur. Si le nombre de vaccins commandés reste inconnu, les experts indiquent s’attendre « à avoir plusieurs dizaines de millions de doses de vaccins (potentiellement correspondant à 2-5 produits différents) disponibles entre le dernier trimestre de l’année 2020 et le premier trimestre de 2021 ».

Le vaccin est conçu à partir d'un coronavirus de chimpanzé modifié avec une protéine du coronavirus SARS-CoV-2. // Source : Pexels

Le vaccin est conçu à partir d'un coronavirus de chimpanzé modifié avec une protéine du coronavirus SARS-CoV-2.

Source : Pexels

Quelles seraient les populations prioritaires pour le vaccin ?

Dans son rapport, le Conseil scientifique s’attache à définir des populations prioritaires qui devront être les premières à recevoir un vaccin. Parmi les personnes « considérées en toute première priorité » en métropole et outre-mer, on retrouve :

  • Les populations à risque d’exposition professionnelle, ce qui représente environ 6,8 millions de personnes. Ce sont ici les personnels de santé, comme les soignants dans les urgences, dans les services d’infectiologie, de réanimation et de pneumologie, les dentistes, les ambulanciers, ou encore SOS médecins. Ce sont aussi celles et ceux au contact des personnes vulnérables, en EPHAD notamment.
  • Les populations à risque du fait de leur âge ou de leur état de santé, soit environ 23 millions de personnes. Le Conseil scientifique y compte les personnes de plus de 65 ans ; celles de moins de 65 ans souffrant de pathologies chroniques (pathologies cardiovasculaires, hypertension, diabète) ; et les personnes obèses. D’autres comorbidités chroniques devraient être pris en compte selon le Conseil, comme les affections respiratoires chroniques, l’asthme, l’immunosuppression.
  • Les populations vivant dans une situation de grande précarité, que le Conseil scientifique évalue à environ 250 000 personnes. Ce sont des personnes « fragiles tant face à l’infection que face aux conséquences engendrées par les mesures de lutte contre la pandémie ».

Sont listées ensuite les populations dont la priorité intervient en second lieu. Ces 5 millions de personnes sont comprises dans les départements d’outre-mer en cas de pénurie de lits de réanimation ; dans des milieux fermés comme les prisons ou les établissements pour les personnes en situation de handicap ; dans les emplois dits stratégiques comme la police, les sapeurs-pompiers et les militaires.

Quel type de vaccination ?

Le Conseil scientifique recommande une modalité de vaccination « au plus près des personnes concernées » en priorité. Cela signifie que les vaccins pourraient être surtout administrés en médecine générale, par les médecins traitants, ainsi que par les pharmaciens et infirmiers. Pour les membres du Conseil, la stratégie doit aussi préparer le terrain à une deuxième modalité de vaccination, dite ambulatoire, c’est-à-dire dans tous les services à caractère médical, des cabinets aux hôpitaux. « Il faut anticiper la formation des professionnels sur ces nouvelles technologies vaccinales et sur les données disponibles en termes de sécurité et d’efficacité », ajoute le rapport.

Le Conseil scientifique en appelle par ailleurs à préparer une mise à disposition sans reste à charge, c’est-à-dire avec une couverture intégrale de son coût par la CNAM afin de limiter les freins dans l’accès à la vaccination. Dans l’ensemble, y compris pour l’organisation territoriale de la procédure, les membres du Conseil en appellent à un schéma vaccinal qui « doit être le plus simple possible ».

La simplicité dans la mise à disposition du vaccin est aussi la meilleure stratégie, selon le Conseil, pour susciter l’adhésion de la population à cette vaccination — à une époque où la vague des « antivaccins » est notable. « La communication institutionnelle ne doit pas ignorer une ‘contre-communication’ hostile aux stratégies vaccinales. Elle doit être cohérente dans la durée, ainsi qu’avec les initiatives d’autres pays, notamment européens », expliquent alors les membres du Conseil scientifique, qui en appellent à une démarche participative, ouverte et transparente de type « forum citoyen ».

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