En décembre 2019, la Nasa révélait une « carte aux trésors de l’eau glacée sur Mars ». La découverte mettait en avant la présence d’eau glacée à 2 centimètres sous la surface de Mars. Aujourd’hui, l’eau sur la planète rouge est sous forme glacée, mais autrefois, ce n’était pas forcément le cas. Il y a quelques mois, des chercheurs découvraient par exemple d’éventuelles traces d’un ancien lac salé. Une planète Mars à l’eau abondante aurait été probablement accueillante pour des formes de vie, d’après les exobiologistes.
Sauf que cette théorie d’un passé fait des rivières liquides à la surface de la planète, dans des conditions similaires à celles de la Terre, ne relève pas de l’évidence. C’est un débat de longue date dans la communauté astronomique. Un travail de recherche publié ce 3 août 2020 dans Nature Geoscience remet à nouveau en question un tel passé purement liquide, dans un monde tempéré. D’après les données de ces exobiologistes, les vallées martiennes ne contenaient pas d’eau liquide en surface, mais des calottes glaciaires.
Des ressemblances avec des canaux terriens
Ces conclusions sont basées sur l’analyse de près de 10 000 vallées sur la surface martienne, dont on estime qu’elles auraient pu contenir de l’eau. Les auteurs les ont ensuite comparées avec les canaux glaciers de l’île Devon, dans l’Arctique canadien. Résultat, ils ont trouvé de très nombreuses similitudes. Or, les canaux terriens de cette région relèvent du désert polaire.
« Les résultats montrent que seule une fraction des réseaux de canaux [sur Mars] correspond aux modèles typiques de l’érosion des eaux de surface, ce qui contraste nettement avec la vision conventionnelle », écrivent les exobiologistes. En clair, la ressemblance entre ces canaux terriens de l’Arctique et la plupart des canaux martiens tend à suggérer que les canaux martiens se sont eux aussi formés à partir d’un contexte polaire, dans un monde essentiellement glacé.
Autre élément qui, selon les auteurs, vient en faveur de cette théorie d’un passé glacé : au moment de la formation des canaux, il y a 3 milliards d’années, Mars était plus éloignée du Soleil, lequel était également moins intense. En combinant ce postulat avec les analyses proches de canaux glaciers terrestres, les chercheurs estiment que ces canaux contenaient bien de l’eau, mais sous forme glacée, même autrefois.
« La modélisation climatique prédit que le climat ancien de Mars était beaucoup plus frais au moment de la formation du réseau de vallées, explique l’un des auteurs. Nous avons essayé de tout rassembler et de formuler une hypothèse qui n’avait pas vraiment été envisagée : que des réseaux de canaux et de vallées peuvent se former sous les calottes glaciaires, en raison du système de drainage qui se forme naturellement sous une calotte glaciaire lorsqu’il y a de l’eau accumulée à la base. » Le réseau de canaux ne viendrait donc pas de l’érosion due à l’eau liquide de surface, mais plutôt à l’eau des calottes qui se condense en dessous des formations glacières (il y aurait donc bien eu de l’eau liquide, mais glacée, et pas à la surface, car sous les calottes).
Ce que cela implique pour la vie martienne
Cette hypothèse remet-elle en question la théorie d’une planète Mars qui grouillait potentiellement de vie ? Pas forcément, car une planète n’a pas nécessairement besoin de ressembler en tout point à la Terre pour accueillir des formes de vie. D’après les exobiologistes à l’origine de l’étude, un tel passé supporte même encore davantage l’idée de la vie. Des calottes glaciaires offrent « une meilleure protection et une plus grande stabilité de l’eau sous-jacente, tout en fournissant un abri contre les radiations solaires en l’absence de champ magnétique — ce que Mars avait autrefois, mais qui a disparu il y a des milliards d’années ».
Il faut garder à l’esprit que ce n’est qu’une nouvelle hypothèse parmi d’autres, qui sera disqualifiée ou non au fil des recherches et découvertes, comme cela se passe au fil de la méthode scientifique. Cette étude pointe surtout la difficulté à retracer le passé martien. Il faut à la fois se baser sur notre propre planète, sans pour autant en faire un point de référence absolu — les deux histoires planétaires ont probablement été bien différentes.
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