Voilà près d’un an que SpaceX n’avait pas effectué un nouvel essai de décollage avec le Starship, dans un prototype simplifié de sa future fusée. C’était en effet le 27 août 2019 que le dernier « bond » de l’appareil avait été effectué, à une altitude de 150 mètres. Depuis, l’entreprise s’était focalisée sur d’autres aspects critiques de la fabrication de l’engin, comme sa résistance à un test de pression cryogénique, qui a causé la perte de plusieurs exemplaires du Starship
Mais ce 4 août, les « sauts » du Starship ont repris à Boca Chica, une localité au Texas où SpaceX a installé un site d’essais. Avec le Starship SN5, pour Serial Number 5, le SN4 ayant été détruit fin mai lors d’un test de mise à feu statique, la société a validé un autre décollage à 150 mètres. Il s’agit de la même altitude que le vol de 2019, mais avec une version plus élaborée du Starship.
Une vidéo partagée par SpaceX permet de suivre le vol, qui ne dure à peine qu’une minute. On voit le vaisseau quitter son aire de lancement et se décaler légèrement sur le côté pour se poser sur sa zone d’atterrissage. En prime, la vidéo montre une vue intérieure avec un seul moteur Raptor en action — sachant que le Starship en comptera 37 en tout : 31 pour l’étage principal, et 6 pour l’étage supérieur.
Ce vol d’essai qui s’est déroulé sans accroc manifeste s’inscrit dans une séquence tout à fait favorable pour SpaceX, car l’entreprise a également signé quelques jours plus tôt le retour sur Terre de deux astronautes américains depuis la Station spatiale internationale, avec sa capsule Crew Dragon. À cette occasion, la société a démontré sa capacité à réaliser toute seule l’acheminement et le rapatriement d’un équipage.
À brève échéance, d’autres bonds à 150 mètres devraient être programmés, possiblement avec le SN5 — s’il n’est pas détruit entre temps lors d’un autre test, à l’image de plusieurs autres prototypes précédents. Des vols plus complexes sont aussi prévus à moyen terme, comprenant l’intégration de plusieurs autres moteurs Raptor et l’objectif d’atteindre une altitude de 20 kilomètres.
SpaceX a encore du chemin à parcourir pour que le Starship atteigne sa forme finale. Mais force est de constater que les prototypes commencent à avoir un aspect qui se rapproche du look de ce que doit être la future fusée de l’entreprise américaine. L’écart est d’ailleurs flagrant visuellement entre l’engin qui a bondi de 150 mètres l’an dernier et celui qui a été mis à feu au début du mois d’août 2020.
L’engin présente en effet une forme plus allongée, mais, faute de nez à son sommet pour lui donner un profil plus aérodynamique, il ressemble surtout à une espèce de silo à céréales. En outre, il manque également des ailerons sur la carlingue et, bien entendu, l’ensemble de la motorisation. Enfin, le Starship ne sera vraiment complet qu’avec son premier étage, le Super Heavy.
Depuis qu’elle s’est lancée dans le développement du Starship/Super Heavy, SpaceX a fait face à plusieurs déconvenues. Plusieurs essais ont mal tourné, avec souvent pour résultat la perte du véhicule de test. Cela dit, c’est aussi pour cela que des essais sont conduits : c’est en malmenant en quelque sorte son futur vaisseau durant sa phase de conception que SpaceX pourra obtenir un vaisseau fiable.
La perte de plusieurs prototypes lors des essais n’est donc pas fondamentalement un problème pour l’entreprise, du mois tant que des progrès sont effectués régulièrement. SpaceX a d’ores et déjà conçu le modèle d’après, SN6, dont la particularité est d’avoir un nez à son sommet, ce qui donne un look de véritable fusée. Son calendrier de test n’est en revanche pas encore connu.
Starship, la fusée multifonctions de SpaceX
Aujourd’hui, deux fusées assurent les missions de SpaceX : la Falcon 9 et le Falcon Heavy (qui est une version musclée de la Falcon 9, même si elle est en fait très peu employée). À un horizon relativement lointain, SpaceX souhaite les remplacer par le couple Starship / Super Heavy, au motif qu’il sera capable d’effectuer un éventail plus large de missions, y compris l’exploration spatiale lointaine.
Concrètement, outre l’envoi de satellites en orbite et le transport de passagers vers la Station spatiale internationale, SpaceX rêve de pouvoir s’en servir pour des missions vers la Lune et Mars, pour transporter du fret et peut-être un jour des équipages. Cependant, la NASA construit de son côté son propre super lanceur pour cette tâche, avec le SLS (Space Launch System).
En ce qui concerne ses caractéristiques générales, le Starship affiche un diamètre de 9 mètres et culmine à 50 mètres — et même 120 mètres, si l’on ajoute le Super Heavy. En termes de performances, l’engin doit pouvoir transporter plus de 100 tonnes de charge utile au niveau de l’orbite terrestre basse, ou bien 21 tonnes en orbite de transfert géostationnaire.
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Vous voulez tout savoir sur la mobilité de demain, des voitures électriques aux VAE ? Abonnez-vous dès maintenant à notre newsletter Watt Else !