Face à une épidémie qui regagne du terrain en France, la mairie de Paris annonce que le port du masque sera obligatoire dans toute la ville. Ailleurs en France, de plus en plus de villes décident de faire de même. Numerama fait le point.

Quelles villes imposent le port du masque à l’extérieur ?

Selon un décompte opéré par Le Monde, le port du masque en extérieur est imposé dans environ 13 200 communes de 88 départements. Certaines villes exigent cette protection depuis plusieurs mois, comme Menton, depuis le 5 mai. C’est toutefois à partir de juillet août que les arrêtés municipaux se sont multipliés pour contraindre la population à se plier à ce geste barrière.

Les principales grandes villes françaises imposent le port du masque à l’extérieur, sur toute la superficie ou dans certaines zones. C’est le cas de Paris, Marseille, Lyon, Toulouse, Nice, Nantes, Montpellier, Bordeaux, Lille, Rennes, Le Havre, Saint-Étienne, Toulon, Dijon, Nîmes Grenoble, Strasbourg ou Angers, pour ne prendre que les municipalités les plus peuplées.

L’obligation du port du masque se retrouve également dans plusieurs zones de l’Île-de-France, notamment la petite couronne, dans les stations balnéaires et des villes très touristiques. Citons par exemple Cabourg, Saint-Malo, Bayonne, Le Mont Saint-Michel, Cabourg, La Rochelle, Bourges, Orléans et Tours. En date du 27 août, il y a 21 départements en « zone rouge », c’est-à-dire où le coronavirus circule activement.

Avec 34 970 communes comptabilisées par l’INSEE au 1er janvier 2019, il est toutefois impossible de lister avec précision la politique sanitaire de chacune d’entre elles — d’autant que celle-ci est susceptible d’évoluer dans le temps, au gré de la situation pandémique. Le mieux à faire est de vous rapprocher de votre mairie afin de vous renseigner sur les règles qui seraient éventuellement imposées.

Les 21 départements en « zone rouge» à la date du 27 août // Source : Gouvernement français

Les 21 départements en « zone rouge» à la date du 27 août // Source : Gouvernement français

Où porter le masque en extérieur à Paris ?

La mairie de Paris change de fusil d’épaule. Après avoir limité l’obligation de porter un masque en extérieur à certaines zones très fréquentées de la capitale, la ville généralise cette exigence. À partir du vendredi 28 août, à 8 heures du matin, toutes les personnes qui circulent dans paris doivent porter un masque. Cette décision fait suite aux annonces du Premier ministre Jean Castex du 27 août.

Quid du vélo et de la trottinette à Paris ?

Une relative confusion a régné au cours des dernières heures sur l’obligation de porter un masque à vélo, moto ou en scooter. En date du 28 août 2020, la dernière instruction qui a été donnée par la préfecture de police de Paris déclare que le port du masque est facultatif pour les cyclistes et les personnes faisant de la course à pied. Les enfants de moins de 11 ans sont également exclus de cette obligation.

En revanche, le port du masque obligatoire en extérieur semble bien concerner toutes les personnes se déplaçant en trottinette, en scooter, à moto ou avec n’importe quel autre engin de déplacement individuel. Cette consigne avait été fixée la veille par la préfecture de police de Paris. Ces cas de figure n’ont pas été évoqués dans la mise à jour du 28 août, ce qui laisse entendre que ces consignes sont toujours en vigueur.

Pour quelles raisons le masque devient-il obligatoire à l’extérieur ?

Deux facteurs jouent dans cette extension du port obligatoire du masque.

D’abord, comme le relève le conseil scientifique dédié au covid-19 dans son avis rendu en juillet, « la circulation du virus est redevenue plus importante, depuis quelques semaines, sur l’ensemble du territoire ». Le fameux taux de reproduction, ou R0, a dépassé le seuil du chiffre 1 pour se fixer au niveau national à 1,4, selon un point d’information tenu par Jean Castex, le Premier ministre, le 27 août.

Cette remontée de la propagation de l’épidémie est causée d’une part par un affaiblissement dans le respect des mesures barrières, en particulier le port du masque et la distanciation physique, et d’autre part par un mouvement accru des populations pendant l’été, du fait des vacances : beaucoup partent dans d’autres régions et peuvent se retrouver dans des foyers épidémiques ou en être à l’origine.

L’autre facteur est le risque de transmission du virus SARS-CoV-2 par voie aérienne. Si une contamination par l’air n’était pas tranchée ce printemps, le ton a quelque peu changé cet été : l’OMS admet que cette circulation aéroportée est plausible. Quelques centaines de scientifiques estiment que le principe de précaution doit s’imposer sur ce sujet, d’autant que l’effort demandé est faible face au bénéfice potentiel.

Porter un masque à l’extérieur est-il utile ?

Si la question est vite posée, elle n’est pas vite répondue : les experts, qui ont été interrogés par RTL, France Info ou Le Parisien, apparaissent divisés sur le sujet. « C’est ce qu’il fallait faire depuis le début », selon l’épidémiologiste Catherine Hill , de l’Institut Gustave-Roussy, sur France Info. « Il faut que le message soit simple : portez un masque quand vous êtes dehors. Point barre ! ».

Même son de cloche chez Dominique Costagliola, épidémiologiste, membre de l’Académie des sciences, au Parisien : « Même s’il n’est probablement pas efficace à 100 %, c’est une contribution de plus contre le virus. Cela est d’autant plus important qu’aujourd’hui, les délais pour obtenir le résultat d’un test sont trop longs pour bien maîtriser l’épidémie. Renforcer le port du masque est donc nécessaire.»

Source : Pexels

Le port du masque à l’extérieur ne met pas toute la communauté scientifique d’accord. // Source : Pexels

De l’autre côté du spectre, on trouve Benjamin Davido, infectiologue à l’hôpital Raymond-Poincaré, à Garches, dans les Hauts-de-Seine, qui fait observer au Parisien « qu’il n’y a pas de preuve scientifique pour juger de son utilité ». « Avec cette obligation, je redoute un effet ras-le-bol », craint-il, ce qui pourrait entraîner des attitudes de défiance. Il faudrait à ses yeux plutôt réussir à le faire porter correctement dans les lieux clos.

Karine Lacombe, cheffe du service des maladies infectieuses à l’hôpital Saint-Antoine à Paris, a un avis proche et met en avant le risque d’une certaine lassitude, sur RTL : « Je ne prône personnellement pas le port du masque en toutes circonstances à l’extérieur. Porter un masque 12 heures sur 24, c’est quand même très compliqué ». D’autant plus lors des pics de forte chaleur.

Une obligation de quelle ampleur ?

Il peut être judicieux de se rapprocher de sa mairie ou de celle de votre lieu de villégiature pour connaître les règles éventuelles du port du masque en extérieur, et le cas échéant de les vérifier régulièrement, car celles-ci sont susceptibles de changer en fonction de la crise sanitaire. En effet, les communes qui imposent ce geste barrière dehors avancent en ordre dispersé.

Certaines localités, comme le Mont-Saint-Michel, exigent le masque partout, alors qu’il y en a d’autres, comme Troyes, Lille, Paris ou Bayonne, limitent cette obligation à certaines rues ou certains quartiers. Le masque en extérieur peut aussi être circonscrit aux marchés, aux évènements estivaux ou bien à des activités prenant place sur la voie publique (un vide grenier ou une brocante par exemple).

Port du masque obligatoire : que risquez-vous en cas d’infraction ?

L’absence du masque dans les lieux publics extérieurs où il est rendu obligatoire peut être sanctionnée d’une amende de 135 euros en cas de contrôle. Cette contravention de quatrième classe est aussi appliquée en cas d’infraction dans les transports en commun et dans les lieux publics clos. En comparaison, un masque de type ou de forme chirurgicale à usage unique coûte au maximum 95 centimes.

Que dit le conseil scientifique covid-19 ?

Le dernier avis du conseil scientifique, transmis le 27 juillet 2020 aux autorités, ne fait pas de préconisation générale sur le port du masque en extérieur. Cependant, il relève que son utilisation « en dehors du domicile est indispensable aussi bien dans les lieux clos que les lieux ouverts à forte fréquentation comme les marchés » pour les personnes de plus de 65 ans ou présentant des facteurs de risque.

Dans les transports, même l'épidémie contrôlée, il faut conserver les bons gestes : un masque, obligatoire, et autant de distanciation physique possile. // Source : Omar Belkaab / Numerama / Frandroid

Dans les transports, même l'épidémie contrôlée, il faut conserver les bons gestes : un masque, obligatoire, et autant de distanciation physique possile.

Source : Omar Belkaab / Numerama / Frandroid

Le conseil scientifique, qui réfléchissait à l’évolution épidémique cet été et à la situation sanitaire dégradée qui pourrait se présenter à l’automne, ne ferme pas la porte à un changement de doctrine en vue d’imposer le port du masque partout, y compris en extérieur. « L’obligation du port du masque dans les lieux publics clos est une mesure qui pourrait être étendue à l’ensemble des lieux publics », lit-on.

En attendant, les treize membres de l’instance consultative s’accordent pour dire qu’il faut bien rappeler l’importance de respecter les gestes barrières, y compris par des campagnes d’information renouvelées, pour contrecarrer le relatif relâchement que l’on observe dans la population, notamment chez les plus jeunes. Des gestes barrières qui incluent une très bonne hygiène des mains et une distanciation physique suffisante.

Et quid du masque en intérieur ?

Le port du masque est déjà obligatoire lieux publics clos depuis le 20 juillet 2020. Cela inclut aussi les « établissements de plein air ». Les transports en commun, eux, sont déjà concernés depuis le 11 mai. Quant aux entreprises, les règles dépendent de leur ouverture au public — c’est le cas d’un commerce, qui accueille des clients, mais pas d’une entreprise de BTP — et de leur politique sanitaire.

(mise à jour le 28 août avec le cas particulier des coureurs et des cyclistes)

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