On peut trouver du laurentin dans certains jardins européens. Ce qui fait le charme de cet arbrisseau (Viburnum tinus de son nom scientifique), ce sont surtout ses fruits d’un bleu métallique. Cette couleur n’est pas anodine, puisqu’elle reste relativement rare dans la nature. La plupart des fruits bleus ou violets le sont en raison de pigments naturels : les anthocyanes. C’est le cas pour les myrtilles, les mûres, les tomates bleues, mais aussi pour une plante comme le bleuet.
Une équipe de botanistes s’est intéressée aux fruits bleus que le laurentin produit tout au long de l’hiver. Au microscope électronique, ils ont découvert que ces fruits ne tirent pas leur couleur d’une « couleur naturelle », mais d’une « couleur structurelle », au cœur d’un mécanisme inédit dans les observations pour ce type de plantes. Ils ont publié leurs trouvailles dans Current Biology le 6 août 2020.
Un mécanisme pour attirer les oiseaux
Les fruits de Viburnum tinus ne proviennent pas d’un pigment bleu comme pour les myrtilles ou les bleuets. Au niveau cellulaire, le fruit est constitué d’une multitude de couches sur lesquelles sont disposées des gouttelettes de graisse. L’arrangement de ces couches graisseuses fait que la lumière bleue s’y reflète, raison pour laquelle nous voyons du bleu. C’est pour cela qu’il est question d’une couleur structurelle et non pas ordinaire, car la couleur ordinaire provient quant à elle de l’absorption du rayonnement électromagnétique.
Plus étonnant encore, et ce qui vient expliquer ce bleu si « métallique » : il y a tout de même du pigment, sous toutes ces couches de graisse. Mais il s’agit d’un pigment sombre, proche du rouge. Ce pigment vient intensifier le bleu du fruit en absorbant toutes les autres longueurs d’onde.
Les scientifiques à l’origine de cette étude écrivent que l’architecture de ces fruits « est différente de tous les fruits colorés structurellement décrits jusqu’à maintenant, ou de tout autre matériau coloré structurellement connu ». Les auteurs soupçonnent que ce mécanisme soit une façon de se signaler auprès des oiseaux comme un contenu à forte valeur nutritionnelle, dans le cadre de la sélection biotique. Celle-ci est le résultat de pressions biotiques correspondent aux parasites, adversaires et compétiteurs qui peuvent menacer l’existence d’une espèce, mais elle peut aussi s’opérer par des interactions biologiques mutuellement profitables entre espèces, comme ici une coopération entre la plante et les oiseaux.
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