La Nasa a annoncé qu’il était temps de ne plus utiliser ces dénominations qui contribuent à une vision raciste ou discriminatoire.

Les objets cosmiques ont généralement deux noms : un nom scientifique (NGC 253), auquel s’adjoint pour certains un surnom (Galaxie du Sculpteur). Probablement en réaction au mouvement Black Lives Matter aux États-Unis, qui permet de lever toujours davantage les tabous sur le racisme dans plusieurs strates de la société, la Nasa a annoncé que certains de ces surnoms, à portée raciste ou discriminatoire, allaient être abandonnés et repensés.

« Ces surnoms et termes peuvent avoir des connotations historiques ou culturelles qui sont répréhensibles ou peu accueillantes, et la NASA s’est fermement engagée à y remédier, explique Stephen T. Shih, administrateur de la Nasa en charge de la diversité et l’égalité des chances. La science dépend de contributions diverses et profite à tous et toutes, ce qui signifie que nous devons la rendre inclusive. »

Mary Jackson, travaillant au centre de calcul de Langley. // Source : Nasa

Mary Jackson, travaillant au centre de calcul de Langley.

Source : Nasa

C’est le cas par exemple de la nébuleuse de l’Esquimau. Le mot « Esquimau » est un reliquat colonial raciste. Par le passé, cette dénomination était imposée aux habitats des régions arctiques, comme les Inuits, avec une connotation dévalorisante. La Nasa n’utilisera plus ce surnom pour désigner la nébuleuse NGC 2392.

D’autres réévaluations de ce type vont avoir lieu, annonce la Nasa. « Notre objectif est que tous les noms soient conformes à nos valeurs de diversité et d’inclusion, et nous travaillerons de manière proactive avec la communauté scientifique pour y parvenir. La science est pour tout le monde, et chaque facette de notre travail doit refléter cette valeur », explique la Nasa.

La science n’est pas épargnée par le racisme

Des discriminations et visions racistes imprègnent le monde dans des éléments du quotidien. La science n’est pas épargnée par le racisme, ou ne serait-ce que le manque de visibilité des personnes noires. C’est d’ailleurs pour cela que la Nasa a récemment renommé son QG du nom de Mary Jackson, scientifique afro-américaine qui a énormément contribué aux avancées de l’agence.

La façon dont les choses sont nommées a un impact sur ce que la société accepte ou non, montre ou non, reconnaît ou non. Ainsi, les nomenclatures ne sont pas neutres. Si la Nasa vient d’attirer l’attention sur les dénominations astronomiques, il faut savoir qu’un problème similaire a également touché les nomenclatures biologiques, notamment en botanique. Certaines plantes ont longtemps été surnommées « Niggerhead » ou « Niggerfinger », incluant donc une expression raciste et souvent en raison même d’une vision raciste. Ce ne sont là que deux exemples d’un phénomène bien plus larges dans ces nomenclatures, mais qui a heureusement été corrigé avec le temps dans ce domaine.

En juin 2020, l’une des plus prestigieuses et des plus importantes revues scientifiques au monde, Nature, publiait un éditorial rappelant que les chercheurs noirs et chercheuses noires ont longtemps été totalement invisibilisés. La revue reconnaissait également son rôle dans ce racisme ordinaire, admettant que « Nature est l’une des institutions blanches responsables des préjugés dans la recherche et le monde académique ». Et cet édito de souligner un constat plus que juste : « La démarche de la science a été — et reste — responsable du racisme systémique, et elle doit s’efforcer davantage de corriger ces injustices et d’amplifier les voix marginalisées. »

On ne pourrait pas mieux dire pour expliquer pourquoi modifier une « simple » dénomination d’objet céleste apparaît si important pour rééquilibrer la société de manière plus juste, plus diversifiée.

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