Des scientifiques ont voulu connaître le temps de survie de bactéries Deinococcus radiodurans dans l’espace. Leurs observations laissent supposer que ces organismes pourraient survivre lors d’un voyage de la Terre vers Mars.

La vie peut-elle se transmettre d’une planète à une autre ? Les conclusions d’une nouvelle étude, publiée dans Frontiers in Microbiology le 26 août 2020, vont dans le sens de cette hypothèse. Ses auteurs annoncent que des bactéries pourraient survivre aux conditions extrêmes d’un voyage de la Terre vers Mars.

« L’hypothèse de la panspermie postule que des formes de vie microscopiques, comme les spores, peuvent être dispersées dans l’espace interplanétaire et ainsi semer la vie d’une planète à une autre », rappellent les chercheurs. Des expériences ont déjà été menées pour tester la résistance d’organismes extrêmophiles (capables de vivre dans des conditions généralement mortelles pour d’autres organismes) au vide de l’espace, et ainsi tester l’hypothèse de la panspermie.

Mais « aucune analyse sur l’évolution temporelle de la survie » n’a été faite, déplorent les auteurs. Ils ont donc cherché à connaître le temps de survie d’une bactérie, Deinococcus radiodurans, connue pour sa résistance impressionnante aux UV, au vide et aux rayonnements ionisants.

La « massapanspermie » : qu’est-ce que c’est ?

Ces scientifiques sont à l’origine du concept de « massapanspermie », déjà développé dans une précédente étude parue en 2013 : il désigne la capacité des cellules microbiennes à s’agréger « comme une arche » pour assurer leur voyage dans l’espace interstellaire. Pour vérifier cette hypothèse, les scientifiques ont profité de la mission Tanpopo menée à bord de la Station spatiale internationale, à l’aide du module Kibō (développé par l’Agence d’exploration aérospatiale japonaise), pour exposer des cellules de bactéries à l’espace. « Les résultats ont indiqué l’importance de la forme agrégée des cellules pour survivre dans un environnement spatial difficile », constatent les scientifiques.

Grâce à leur analyse des échantillons, exposés au vide spatial pendant 1 à 3 ans, les chercheurs estiment pouvoir déterminer le temps de survie de la bactérie Deinococcus radiodurans. Après 3 ans d’exposition, les agrégats de plus de 0,5 mm avaient survécu partiellement aux conditions extrêmes. Les bactéries en surface étaient mortes, formant une couche protectrice pour les bactéries situées en dessous. « Les agrégats de 1 mm de diamètre ont une protection suffisante contre les UV et peuvent, selon les estimations, supporter l’environnement spatial pendant 2 à 8 ans », en déduisent les auteurs.

Les bactéries survivraient au voyage Terre-Mars et vice-versa

D’où la comparaison avec le voyage vers Mars. « Les résultats suggèrent que les Deinococcus radiodurans pourraient survivre pendant le voyage de la Terre vers Mars et vice-versa, qui dure plusieurs mois ou années sur l’orbite la plus courte », résume Akihiko Yamagishi, professeur à la Tokyo University of Pharmacy and Life Sciences et co-auteur de l’étude, dans un communiqué.

Si cette étude donne une meilleure estimation de la survie de ces micro-organismes dans l’espace, il reste encore des éléments à explorer. Le transfert des microbes d’une planète à une autre suppose aussi qu’ils parviennent à survivre au moment où ils sont éjectés d’un astre et où lorsqu’ils atterrissent sur un autre.

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