En théorie, il existerait des trous de ver traversables sans danger pour les êtres humains. Deux physiciens ont exploré cette possibilité dans une étude, repérée par Universe Today le 26 août 2020, déposée sur la plateforme arXiv quelques jours plus tôt (le texte n’a donc pas été validé par un comité de relecture).
« Les trous de ver traversables sont un ingrédient de la littérature de science-fiction », soulignent ces chercheurs. Les trous de ver sont des objets hypothétiques, qui relieraient des régions différentes de l’espace et du temps. En théorie, les trous de ver permettraient de voyager d’un point à l’autre de l’espace. Pour exister, des trous de ver traversables (par des êtres humains) auraient besoin de conditions bien spécifiques. Ce sont ces conditions que les auteurs de l’étude explorent.
À quoi ressembleraient ces trous de ver traversables par les humains ?
« De l’extérieur, ils ressemblent à des trous noirs de masse intermédiaire », selon les deux physiciens. Leur taille imposante serait nécessaire pour qu’un humain puisse survivre aux forces de marée (sous l’effet de la gravitation). « Ils prennent un temps très court à traverser, mais un temps long vu de l’extérieur », ajoutent-ils. Il n’y aurait pas besoin de carburant, car c’est la force gravitationnelle du trou de ver qui permettrait au vaisseau d’accélérer ou ralentir.
« En les utilisant, on pourrait voyager en moins d’une seconde entre des points distants de notre galaxie. Une seconde pour l’observateur qui passe par le trou de ver. Ce serait des dizaines de milliers d’années pour quelqu’un qui regarde de l’extérieur », décrivent les chercheurs dans leur étude.
Des trous de ver suffisamment grands
L’existence des trous de ver est envisageable en physique quantique, car la fabrication d’un tel objet nécessite une énergie négative. Mais, dans les configurations envisagées, « seuls des trous de ver microscopiques ont été trouvés », indiquent les chercheurs. Or, pour permettre des déplacements humains, il faudrait que les trous de ver soient bien plus grands.
Les physiciens font alors appel à un modèle développé en 1999, le modèle Randall-Sundrum (du nom de la physicienne Lisa Randall et du cosmologiste Raman Sundrum), qui s’inscrit dans ce qu’on appelle la cosmologie branaire — dans ce modèle, résumé sommairement, l’univers observable serait une sous-section d’un univers plus large possédant d’autres dimensions. Les auteurs de l’étude sur les trous de ver estiment que ce modèle permettrait l’existence de l’énergie négative nécessaire pour créer un trou de ver suffisamment grand.
Il faut néanmoins garder en tête que les scientifiques ne s’interrogent que sur des configurations, à partir d’équations, et n’explorent pas du tout la manière dont pourraient se former ces trous de ver traversables. Il y a des limitations : ces trous de ver devraient nécessairement exister à des températures très basses. Les auteurs ajoutent que « le trou de ver devrait être très propre avant de pouvoir être traversé » et que, si des particules tombaient dans le trou de ver et y apportaient une énergie positive, le trou de ver finirait par s’effondrer pour se changer en trou noir.
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