À mesure que l’épidémie évolue, et que les connaissances scientifiques se précisent, les règles sanitaires sont soumises à évolution. L’isolement, que ce soit dans sa forme comme dans sa durée, a énormément changé depuis ses premières instaurations au début de l’épidémie. Aujourd’hui, c’est une quatorzaine : un isolement de quatorze jours. Le 5 septembre 2020, le JDD avait eu accès à un avis du Conseil scientifique, pas encore public, dans lequel celui-ci recommandait de passer la durée de l’isolement à sept jours.
Le ministre de la Santé Olivier Véran avait déjà confirmé sur France Inter, ce mardi 8 septembre, avoir la volonté d’appliquer cet avis du Conseil scientifique en étant « favorable à ce qu’on puisse réduire la période de mise à l’abri dans un certain nombre de situations, et de passer de 14 à 7 jours ». La décision pourrait être actée dès vendredi en conseil de défense.
Le Premier ministre, Jean Castex, a finalement entériné cette décision officiellement le 11 septembre au cours d’une courte allocution.
Moins contagieux après 5 jours ?
Contrairement à d’autres pays où la présence des personnes chez elles est vérifiée, l’isolement n’est pas obligatoire en France, que ce soit pour les malades ou les cas contacts. Réduire le temps d’isolement vise à favoriser une forme d’auto-discipline, pour que l’isolement soit volontairement respecté grâce une durée socialement plus acceptable. C’est en tout cas ce qu’a relevé le ministre sur France Inter, précisant que la quatorzaine est difficilement respectée : « Quatorze jours chez vous, quand vous vous êtes tapé le confinement, on sait que c’est très compliqué. Donc il y aura une meilleure adhésion des Français à une période raccourcie, mais qui doit être absolument respectée pour limiter la contagiosité. »
Ce raccourcissement ne serait évidemment pas possible sans un fond scientifique qui le permette aux yeux du Conseil scientifique et du gouvernement. « On est davantage contagieux dans les cinq premiers jours qui suivent les symptômes ou la positivité d’un test. Ensuite, cette contagiosité diminue de façon très importante, et au-delà d’une semaine, elle demeure, mais est très faible », a expliqué le ministre de la Santé. Il a même précisé qu’au-delà de 10 jours, « on est à moins de 5 % de personnes contagieuses, et faiblement contagieuses ».
Le débat scientifique en la matière n’est toutefois pas vraiment clos. Si certains médecins en appellent effectivement à réduire la quatorzaine, d’autres veulent la maintenir, le risque étant selon eux trop élevé. William Dab, ancien directeur général de la santé, expliquait ainsi au JDD que si la réduction de l’isolement n’est pas prudente, cela semble être surtout justifié économiquement et socialement.
Une autre limite actuelle à cette réduction est la durée des tests : ce changement interviendrait en plein début de deuxième vague. C’est une période de saturation des laboratoires d’analyse, faisant que dans les zones à forte concentration urbaine, les délais peuvent être très longs. Dans certains cas, cela peut prendre plus de 5 jours. Des situations qui restent rares, mais, lorsqu’elles surviennent, cela pourrait vouloir dire que le temps d’isolement est plus court ou équivalent au délai du dépistage. Pour pallier ce problème, Olivier Véran a annoncé une priorisation des tests envers les personnes symptomatiques.
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