Le mardi 8 septembre au soir, AstraZeneca a annoncé que les essais sur son vaccin contre la maladie Covid-19 sont mis en pause jusqu’à nouvel ordre. L’entreprise britannique et suédoise, basée à Oxford, explique dans un communiqué qu’en raison de potentiels effets secondaires indésirables chez un patient, « notre processus d’examen standard a été déclenché et nous avons volontairement interrompu la vaccination pour permettre l’examen des données de sécurité par un comité indépendant ».
Le vaccin d’AstraZeneca, nommé AZD1222, est l’un des plus avancés au monde. Six autres vaccins en sont aujourd’hui au même stade. AZD1222 est actuellement en phase 3 de ses essais cliniques, visant le recrutement de 30 000 participants. Les essais ont commencé à la mi-août 2020 et doivent se conclure en décembre 2020.
Pourquoi une pause ?
La situation est encore loin de mettre en péril le vaccin. C’est ce que rappelle l’entreprise : « Il s’agit d’une mesure de routine qui doit être prise chaque fois qu’une maladie potentiellement inexpliquée est détectée dans l’un des essais, pendant l’enquête, afin de garantir l’intégrité des essais ».
Il faut rappeler que les essais cliniques de cette phase 3 sont censés impliquer jusqu’à des dizaines de milliers de personnes (30 000), et que pour l’instant une seule personne aurait possiblement des effets secondaires. « Dans les grands essais, les maladies peuvent apparaître par le fruit du hasard, mais elles doivent être examinées de manière indépendante afin d’être soigneusement vérifiées », explique l’entreprise.
D’après des sources anonymes au sein de l’entreprise, qui se sont confiées à StatNews, l’essai avait été suspendu « par excès de prudence » étant donné les enjeux du moment. Même si AstraZeneca va tout faire pour éviter que cette mise en pause décale la finalisation du vaccin, l’impact ne peut pas encore être pleinement connu. Certains médecins en appellent toutefois à plus de transparence de la part de l’entreprise sur ce qu’elle sait de la situation.
Quel effet secondaire ?
Le New York Times a pu entrer en contact avec des personnes impliquées dans les essais, afin d’en savoir davantage sur les raisons de la pause. Le patient britannique serait atteint de myélite transverse, un syndrome neurologique qui provoque une inflammation de la moelle épinière. Ce syndrome est généralement provoqué par des infections virales, en raison d’une possible réaction mal dosée de l’organisme qui se retourne contre ses propres cellules. Pour l’instant, il n’y a aucune information sur ce diagnostic et seule l’enquête dira si c’est lié au vaccin d’AstraZeneca ou non.
Cet effet secondaire pourrait provenir de la nature même du vaccin. Celui-ci est basé sur un adénovirus de chimpanzé modifié. C’est inoffensif pour l’être humain, et il est courant d’utiliser d’autres types de virus, justement inoffensifs, pour générer une réponse immunitaire efficace à un virus spécifique, afin de créer un vaccin. En revanche, il n’est pas impossible que sous cette forme modifiée, l’adénovirus soit perçu comme une menace par les cellules humaines. Cela inciterait alors une réponse immunitaire mal dosée ayant provoqué cet effet secondaire (ce ne serait pas l’adénovirus qui est dangereux, mais la façon dont il est compris par le corps humain, car la myélite transverse est a priori générée par cette réponse immunitaire).
L’enquête indépendante pourra déterminer la raison d’être de ce diagnostic et son ampleur. Aucune conclusion ne peut pour l’instant être vraiment tirée de la situation.
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