La période de confinement causée par la pandémie n’a pas été sans impact sur la nature. L’humanité est soudain devenue silencieuse et figée dans les villes, là où elle est habituellement bruyante et tumultueuse. Nous en avons même réduit notre bruit sismique. Ce phénomène apparu pendant les divers confinements à travers le monde est déjà nommé par certains scientifiques : l’anthropause.
Avec des résultats publiés le 24 septembre 2020 dans la revue Science, des biologistes montrent un nouvel exemple des effets de cette anthropause sur la vie animale. Dans la baie de San Francisco, une espèce particulière d’oiseaux chanteurs — les passereaux — ont fait évoluer leur chant.
Les auteurs constatent en premier lieu ce qui a changé dans la pollution sonore. « Nous montrons que les niveaux sonores dans les zones urbaines ont drastiquement chuté pendant le confinement », en revenant à un niveau de bruit si bas qu’il n’avait plus été atteint dans la région depuis 1954. « En d’autres termes, le confinement a créé un silence religieux dans la baie de San Francisco. »
Du côté des passereaux, avant le confinement il existait une différence majeure entre ceux vivant en ville et ceux vivant à la campagne : les oiseaux de zones urbaines chantaient trois fois plus fort que les oiseaux des zones rurales. Pendant le confinement, cette différence a temporairement changé. Les chercheurs ont trouvé des « preuves claires » que les oiseaux urbains ont répondu à la réduction de la pollution sonore. « Les oiseaux ont réagi en produisant des chants plus performants à des amplitudes plus faibles, maximisant ainsi efficacement la distance de communication et la saillance », écrivent les auteurs de ces travaux de recherche.
Des chants plus attirants
Tandis que les humains faisaient moins de bruit, les oiseaux ont donc chanté moins fort. Ils n’avaient plus besoin de surpasser la pollution sonore pour se faire entendre. Ce fut aussi l’occasion pour eux de chanter mieux, d’où la notion de saillance : les passereaux ont pu en tirer parti en se rendant plus attirants avec des chants plus performants.
« Nous avons constaté que les oiseaux chantaient à des fréquences minimales plus basses, ce qui permettait d’obtenir des chants à plus grande largeur de bande dans un espace acoustique nouvellement ouvert, développent les biologistes. Une augmentation de la largeur de bande de fréquence entraîne la transmission de plus d’informations et une plus grande performance vocale. »
Ces résultats viennent rappeler que la pollution sonore peut avoir un impact, comme la pollution lumineuse, sur la biodiversité : l’anthropause montre à quel point cela altère la communication chez les animaux. Les auteurs expliquent également que l’étude met aussi et surtout en avant deux constats très positifs :
- La capacité d’adaptation des oiseaux, capables d’investir quasi immédiatement de nouveaux espaces sonores ;
- La résilience de certaines espèces, même après une « exposition chronique de longue date » à une forme de pollution.
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