Testé positif au coronavirus, le président américain Donald Trump a été hospitalisé le 2 octobre par précaution. D’après la Maison-Blanche, ses symptômes sont modérés et se caractérisent par de la toux et une légère fièvre. Ce cas qui ne semble à première vue pas grave, même pour une personne à risque comme lui, préoccupe tout de même suffisamment les autorités américaines pour qu’elles aient demandé d’utiliser un traitement expérimental contre le coronavirus.
Ce médicament nommé REGN-COV2, décrit comme un cocktail d’anticorps par le New York Times, est un produit de l’entreprise médicale Regeneron, dont le PDG est très proche de Donald Trump.
REGN-COV2 : pourquoi un tel traitement ?
Il faut rappeler tout d’abord qu’aucun traitement fiable n’existe à ce jour contre la Covid-19. La maladie est certes mieux prise en charge par le personnel hospitalier qu’elle ne l’était au début de l’année, mais ni vaccin ni molécule miracle n’ont encore fait suffisamment leurs preuves pour être massivement administrés. De nombreux laboratoires planchent en revanche sur des solutions, qu’elles se traduisent par des médicaments à donner au malade ou un vaccin pour prévenir d’autres malades.
Le médicament développé par Regeneron Pharmaceuticals est pourtant, déjà, l’un des plus prometteurs, ayant reçu 500 millions de dollars du gouvernement américain pour parfaire son produit, avant même que les tests cliniques soient terminés. Pour accélérer ce développement, Regeneron s’est associé à l’entreprise pharmaceutique suisse Roche, bien plus grosse, en août 2020.
Fin septembre 2020, Regeneron Pharmaceuticals a montré ses progrès avec son cocktail d’anticorps dans une présentation à ses actionnaires. Même si le laboratoire reste très prudent, l’étude menée avec toute la rigueur méthodologique nécessaire a montré que le médicament avait un effet sur le virus. Pour autant, il ressort de cette première étude menée sur 275 patients et qui doit s’étendre à 2 100 patients que ceux qui en ont le plus bénéficié sont ceux qui n’avaient pas d’anticorps. Le groupe possédant déjà des « anticorps détectables » n’a vu que de très légers effets.
Regeneron est donc encore loin d’être un médicament miracle. N’ayant pas été approuvé par la FDA, commission américaine régissant les autorisations d’utilisation aux médicaments, il n’est donné à des patients en dehors des tests que dans le cadre d’un « usage de compassion », ce qui correspondrait en France à une autorisation temporaire d’utilisation. Ce processus qui permet d’utiliser un médicament expérimental en dehors des cadres légaux et sanitaires s’applique généralement à des patients pour qui aucun autre traitement ne fonctionne, en dernière chance.
Dans le cas de Donald Trump, le caractère urgent n’est pas justifié : au New York Times, l’entreprise a affirmé que lorsque la Maison-Blanche souhaite obtenir un médicament encore non validé, elle est « heureuse de le fournir ». Elle a précisé également que d’autres patients avaient reçu une telle faveur.
Comment fonctionne le médicament de Regeneron ?
En théorie, le cocktail développé par Regeneron Pharmaceuticals parvient à neutraliser le virus dans un environnement de tubes de test. Il est composé d’un ensemble de clones d’anticorps créés contre le SARS-CoV-2, prélevés sur des humains ayant guéri du virus. La production de ces anticorps en dehors du corps humain passe par un clonage dans des cellules ovariennes de hamster chinois — un processus utilisé de longue date par la biologie médicale
Une fois administré, le cocktail d’anticorps s’attaque à la surface de la protéine du coronavirus et tente de l’empêcher d’infecter d’autres cellules, comme le résume Science Mag. Il s’est donc montré extrêmement efficace pour aider les patients dans un groupe de test où leur charge virale était très élevée, mais leurs anticorps complètement absents. On parle donc de patients qui seraient tout juste contaminés par le coronavirus, pour lesquels on a amplifié la réponse immunitaire. Les tests n’ont pas permis de voir de grandes améliorations sur des patients un peu plus avancés, qui avaient déjà commencé à développer des anticorps.
Le traitement expérimental n’a conduit à aucune mort et à des effets secondaires légers pour 4 patients, dont deux sous placebo.
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