La détection d’un gaz dans l’atmosphère de Vénus, la phosphine, a été rapportée il y a maintenant plus d’un mois. Cette possibilité est depuis explorée, interrogée, voire remise en cause par d’autres chercheurs — un processus sain et logique dans le champ scientifique. Comme l’a repéré le Laboratoire d’Études Spatiales et d’Instrumentation en Astrophysique le 21 octobre 2020, une nouvelle étude, déposée sur la plateforme arXiv le 19 octobre (qui n’a donc pas été publiée dans une revue), parait montrer que la présence de phosphine ne serait finalement pas significative dans l’atmosphère de Vénus.
L’hypothèse selon laquelle l’atmosphère de Vénus pourrait abriter de la phosphine a pu susciter un certain enthousiasme, car il semblait alors difficile, selon les auteurs qui ont revendiqué la détection, de l’expliquer par des processus physiques connus. Certains communiqués, par exemple celui de l’Observatoire européen austral, ont parlé d’ « un possible marqueur de vie découvert sur Vénus ». Assimiler cette phosphine à une preuve de vie vénusienne est cependant un raccourci hasardeux. La détection même de la phosphine sur Vénus reste à confirmer, ont encore récemment indiqué des scientifiques qui n’ont relevé aucune trace du gaz dans des observations en infrarouge de Vénus.
« Aucune preuve statistique de la phosphine dans l’atmosphère de Vénus »
Dans la nouvelle étude déposée sur arXiv, une équipe de scientifiques a analysé les données qui avaient déjà été exploitées et avaient donné lieu à la découverte annoncée en septembre. « L’analyse présentée ne fournit pas une base solide pour déduire la présence de la PH3 [ndlr : formule de la phosphine] dans l’atmosphère de Vénus », écrivent les auteurs en conclusion de leurs travaux.
En analysant eux aussi les données, ces chercheurs ont voulu « évaluer la fiabilité statistique » de la détection présentée en septembre, avec une une approche sans lien avec la première équipe de scientifiques. « Nous constatons que les données d’ALMA à 267 GHz [ndlr : Gigahertz] publiées ne fournissent aucune preuve statistique de la phosphine dans l’atmosphère de Vénus », résument-ils dans l’étude.
L’étude, à l’état de brouillon, semble avoir été soumise pour une publication à la revue Astronomy & Astrophysics. Ses propres conclusions sont donc à considérer avec précaution. Ce que montre en tout cas la publication de ce texte, c’est qu’il est nécessaire de procéder à de plus amples recherches avant d’espérer confirmer de telles détections. Découvrir si la phosphine est présente ou non dans l’atmosphère vénusienne prend du temps, et c’est plutôt un bon signe pour la rigueur scientifique.
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