Il est encore un peu trop tôt pour savoir si des astronautes européens fouleront un jour le sol lunaire. En revanche, il est désormais établi qu’ils voyageront au moins en orbite autour du satellite naturel. L’Agence spatiale européenne fait savoir ce mardi 27 octobre qu’elle vient de signer un protocole d’entente avec son homologue américaine pour envoyer des membres du Corps européen des astronautes autour de la Lune.
L’accord entre l’ESA et la NASA permet, précise la première agence, de garantir trois vols autour de la Lune à des astronautes européens. Ces vols consisteront vraisemblablement en des séjours durables à bord de Gateway, la future station spatiale positionnée en orbite autour du satellite. Comme pour l’ISS, qui tourne autour de la Terre à 400 km d’altitude, ces séjours dureront probablement plusieurs mois.
Un accord commercial et industriel pour fournir des modules
Le deal couvre aussi un aspect commercial et industriel, à savoir la fourniture par l’Europe d’au moins deux modules de services qui auront pour rôle d’apporter l’électricité, l’eau, l’oxygène et l’azote (pour le véhicule spatial Orion de la NASA). Un premier module sera construit par la France, via Thales Alenia Space, et le second par l’Italie, par la même société. D’autres modules sont évoqués.
La majorité des modules devrait être fournie par la NASA, mais il est prévu d’autres contributions internationales — du Japon, du Canada et de la Russie.
La NASA avait déjà exprimé son ouverture à l’idée de faire une place aux Européens dans ses projets lunaires. Ainsi qu’à d’autres grands partenaires, dont l’Inde. « Je pense qu’il y a beaucoup de place sur la Lune. Et nous avons besoin de tous nos partenaires pour y aller » avait lancé le patron de l’agence américaine, Jim Bridenstine lors de la 70ème édition du Congrès international d’astronautique
L’une des grandes questions qui se poseront pour l’Europe, au-delà de savoir à quelle date elle pourra envoyer ses astronautes autour de la Lune, sera le processus de sélection et la possible nécessité de gérer les aspirations nationales, notamment des grands pays que sont la France, l’Allemagne, l’Italie ou encore le Royaume-Uni. Aujourd’hui, le Corps européen des astronautes compte sept membres.
Il y a deux Allemands (Alexander Gerst, 44 ans, et Matthias Maurer, 50 ans), deux Italiens (Luca Parmitano, 44 ans, et Samantha Cristoforetti, 43 ans), un Britannique (Timothy Peake, 48 ans), un Danois (Andreas Mogensen, 43 ans) et un Français (Thomas Pesquet, 42 ans). Ce Corps a été constitué pour l’essentiel en 2009. Quant à Gateway, elle doit être finalisée d’ici la fin des années 2020.
Si l’on se présente à horizon 2030, le Français Thomas Pesquet aura 52 ans et sans doute déjà plusieurs missions à bord de l’ISS (il doit notamment faire son deuxième séjour en 2021, via un vol acheminé par SpaceX). Cet âge est loin d’être disqualifiant pour aller dans l’espace : d’autres avant lui étaient bien plus âgés. Mais d’ici là, le Corps européen des astronautes aura aussi été renouvelé.
Ce même problème diplomatique se posera aussi en cas d’alunissage, car l’envoi d’un ou une astronaute originaire de l’Europe sur le satellite naturel est aussi un souhait de l’ESA : « Nous pouvons travailler ensemble, c’est pourquoi nous discutons aussi avec la NASA de la présence d’astronautes européens à la surface de la Lune. Il s’agit bien entendu d’une intention européenne ».
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