C’était le 12 novembre 2014 : l’atterrisseur Philae s’approchait de la comète Tchouri (7P/Tchourioumov-Guérassimenko). Le robot a bondi deux fois avant de s’immobiliser. Rapidement, les équipes de la mission ont pu déterminer le premier et le troisième lieu d’atterrissage de Philae, mais l’emplacement du deuxième site était resté méconnu. Le mystère est désormais levé, ont annoncé des scientifiques dans la revue Nature ce 28 octobre 2020.
Le premier et le troisième contact avec Tchouri ont permis d’en savoir davantage sur les propriétés du noyau cométaire. Néanmoins, « l’emplacement et les implications scientifiques du deuxième point d’atterrissage étaient inconnus jusqu’à présent », soulignent les auteurs de l’étude. Connaître cette zone était important, car « Philae s’est avéré avoir changé à la fois de vitesse et de taux de rotation à cet endroit », poursuivent les chercheurs. Il était même soupçonné qu’un des capteurs de l’appareil, le magnétomètre ROMAP, avait pu pénétrer la surface de la comète et exposer de la glace à ce moment-là.
De curieuses modifications
Les scientifiques ont identifié que Philae a touché, lors de ce deuxième contact, des rochers glacés. C’est en observant les images prises par Rosetta qui se trouvait en orbite autour de la comète, avec la caméra OSIRIS, que les chercheurs ont constaté des modifications au niveau de rochers, dont la forme fait penser à celle d’un crâne — la région a d’ailleurs été surnommée « crête du crâne » par l’ESA. Ces évolutions ne peuvent être, selon cette étude, expliquées que par la présence de l’atterrisseur. Philae aurait en tout passé deux minutes sur ce site, établissant quatre contacts différents, ce qui a eu pour effet d’exposer de la glace d’eau qui se trouvait dans ces rochers. La vidéo suivante montre comment les choses ont dû se passer.
Grâce à l’instrument ROMAP, les scientifiques ont confirmé que Philae ne s’était pas seulement posé sur Tchouri lors de ce deuxième contact, mais qu’il s’était enfoncé de 25 centimètres dans le sol, décrit l’Observatoire de Paris dans un communiqué envoyé à Numerama. Philae a soulevé la poussière sombre à la surface de Tchouri, révélant une matière 6 à 8 fois plus brillante que la comète. Il s’avère qu’il s’agit de glace d’eau, exposée sur une surface qui représente environ 3,5 m2.
L’identification de ce deuxième site d’atterrissage est très intéressante, pour mieux estimer de quelle façon il faudra collecter des échantillons de glace d’eau dans de futures missions sur des comètes — qu’ils soient analysés sur place par les machines, ou rapportés pour une analyse sur Terre. « Les dangers opérationnels de l’atterrissage dans un champ de blocs cométaires nécessiteraient cependant une étude et une préparation minutieuses », concluent les auteurs.
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