Une étude du CDC fait le point sur le potentiel de transmission d’une personne au sein du ménage familial où il habite. Les enfants semblent être un vecteur de transmission tout autant que les adultes.

À quelle vitesse et quelle étendue se propage le coronavirus SARS-CoV-2 dans un ménage ? Le CDC américain vient de publier, le 30 octobre dernier, une étude dédiée à la propagation de la maladie au sein d’un cadre de ménage familial. Elle a été menée avec près 300 participants entre avril et septembre 2020, soit 101 patients index — c’est-à-dire positifs au début de l’étude — et 191 cas contact au sein des ménages.

Les patients index et les membres de leur foyer ont été suivis quotidiennement et de près par les scientifiques pour qu’ils remplissent, pendant 14 jours, un journal de leurs symptômes et récoltent eux-mêmes des prélèvements.

L’étude inclut par ailleurs les enfants, et ce n’est pas qu’un détail tant les données sur cette population ont tendance à être habituellement limitées.

Un taux important de transmission au sein du foyer

L’étude conclut très clairement que « la transmission du SARS-CoV-2 parmi les membres du ménage était fréquente, que ce soit par les enfants ou les adultes ». Au total, le taux des infections secondaires (les personnes contaminées par une personne infectée) est de 53 %, soit 102 personnes infectées parmi les 191 cas contact, sachant que des cas contact se sont également infectés entre eux (cela fait partie de la mécanique de contamination au sein d’un ménage), et les taux d’infection secondaire entre cas contact sont tout aussi élevés.

C’est par ailleurs un phénomène rapide : 75 % des cas contact infectés l’ont été dans les 5 jours après le début de la maladie du patient index.

Les enfants sont-ils plus contagieux ou moins contagieux que les adultes face au coronavirus ? // Source : Pexels

Les enfants sont-ils plus contagieux ou moins contagieux que les adultes face au coronavirus ?

Source : Pexels

Les auteurs de l’étude relèvent que le taux des infections secondaires est plus élevé que le montraient de précédentes études. Pour les chercheurs, cela vient rappeler l’importance de s’isoler lors de l’apparition de symptômes, et ce, même au sein du foyer (porter un masque dès lors que l’on est dans la même pièce, par exemple). L’un des points importants de leur étude, selon eux, repose également dans les cas asymptomatiques ou présymptomatiques : moins de la moitié des personnes déclarées positives au sein des ménages ont déclaré des symptômes le jour où le test est devenu positif ; beaucoup n’ont d’ailleurs déclaré aucun symptôme ou tardivement.

Pour les auteurs, cela montre donc aussi la place des cas d’infection secondaire asymptomatique et la nécessité de respecter des mesures d’isolement, même au sein du ménage avec les proches et même lorsqu’on est « seulement » cas contact.

Aucun groupe d’âge réellement épargné

Le taux moyen des infections secondaires à l’échelle de tous les groupes étudiés est de 53 %. Concernant les enfants et jeunes adultes qui faisaient partie des patients index, le taux d’infections secondaires qu’ils ont générées est également élevé (53 % pour les moins de 12 ans ; 38 % pour les 12-17 ans), tout comme les infections générées à leur tour par les cas contact contaminés.

Les chiffres sont toujours légèrement inférieurs à ceux des tranches d’âge supérieures, mais également très proches, et à un taux suffisamment important pour jouer un rôle.

C’est donc là l’autre conclusion que les auteurs veulent mettre en évidence : « une transmission importante a eu lieu que le patient index soit un adulte ou un enfant ». En clair, le potentiel de transmission d’un enfant et d’un adulte est quasiment équivalent.

La portée de l’étude

Les auteurs de l’étude listent 4 limites, qui sont donc importantes à prendre en compte :

  • il peut y avoir erreur sur le nombre initial de patients index (et donc qu’il y ait plus de personnes positives au démarrage) ;
  • les cas contact ont pu avoir été en contact avec le virus aussi en dehors du ménage ;
  • les échantillons étaient prélevés par les personnes elles-mêmes (ce qui a toutefois peu de risques de vraiment fausser les résultats selon les auteurs) ;
  • les familles impliquées dans l’étude ne sont pas forcément représentatives de toute la population américaine (il s’agit d’une étude américaine) et a fortiori d’autres pays.

Les chiffres exacts sont donc en partie limités dans leur portée par la présence de limites, mais l’étude reste particulièrement solide dans ce qu’elle démontre en soi, à savoir que les ménages sont un lieu privilégié pour la transmission, où cela peut advenir très rapidement.

La partie dédiée au rôle des enfants reste également solide malgré les limites, d’autant plus que cela rentre dans un faisceau d’études montrant que les enfants peuvent bel et bien jouer un rôle dans la transmission de la maladie.

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