Starlink, OneWeb, O3b, Kuiper, Orbcomm, Iridium… les projets de méga-constellations comptant des dizaines, centaines voire milliers de satellites fleurissent à grande vitesse ces dernières années. Une tendance de fond qui, aux dernières nouvelles, ne faiblit pas : ainsi, Starlink continue d’ajouter de nouveaux satellites à son réseau spatial et Amazon a dans l’idée de disséminer plus de 3 200 engins en orbite.
À cette liste, il faut aussi inclure AST & Science, qui a l’intention de constituer sa propre méga-constellation de 243 satellites en orbite terrestre basse, à 720 kilomètres d’altitude, selon une trajectoire circulaire autour de la Terre. Mais, comme le relève Ars Technica le 3 novembre 2020, les plans d’AST & Science vont vraisemblablement devoir être revus à la suite d’un courrier de la Nasa.
L’agence spatiale américaine a alerté la Commission fédérale des communications (FCC) sur des complications à venir si le projet continue en l’état. AST & Science a pour projet de déployer ce qui pourrait s’apparenter à des antennes-relais pour fournir à la population une connectivité sans fil à haut, voire très haut débit (4G et 5G). Mais ce n’est pas cette finalité qui préoccupe la Nasa : c’est son orbite.
Une orbite trop proche d’une autre constellation
Il s’avère que dans les parages évolue une autre constellation de satellites, plus modeste, appelée A-Train (pour Afternoon Constellation). Elle compte aujourd’hui quatre satellites actifs sur les sept prévus (un huitième était prévu, mais a été perdu lors d’un lancement raté). Ce projet, qui mêle à la fois l’agence spatiale américaine et ses homologues au Japon et en Europe, sert à observer la Terre et son climat.
L’accès à l’espace est réglementé. D’abord, les États doivent immatriculer tous leurs objets spatiaux, en les inscrivant sur un registre national qui est ensuite transmis à l’ONU. De plus, en cas de communication avec le sol, il faut l’aval de l’autorité nationale des fréquences — la FCC pour le cas américain. C’est pour cela que la Nasa s’adresse à elle afin de lui faire comprendre que des orbites sont déjà bien chargées.
La Nasa explique que la constellation d’AST & Science pourrait certes être déployée quand même, mais elle souligne que cela aura un coût : il faudra procéder régulièrement à des manœuvres d’évitement pour parer tout risque de collision. La Nasa cite pour cette seule constellation 1 500 actions d’atténuation requises par an et peut-être 15 000 activités de planification (soit 4 manœuvres et 40 activités par jour).
D’ailleurs, ces manœuvres n’impliquent pas juste la Nasa : elles mobilisent en fait toutes les parties en cause. Or, « tout changement d’orbite de la part de l’un des satellites doit être coordonné avec l’autre avant d’être exécuté afin de s’assurer que les deux satellites ne procèdent à aucune manœuvre qui provoquerait ensuite la collision des deux satellites », pointe la Nasa.
Un exemple de cette communication a eu lieu lors de la collision évitée entre un satellite de SpaceX et un autre de l’Agence spatiale européenne, même si les échanges n’ont pas été optimaux.
« La taille et le régime orbital des satellites augmentent le danger de collision si un satellite d’AST tombe en panne, créant une menace pour A-Train et d’autres engins de valeur [dans les parages] en raison des débris qui en résulteraient », écrit l’agence spatiale américaine. Il ne s’agit pas pour autant d’empêcher AST d’accéder à l’espace pour envisager la mise en place d’un service d’accès à Internet par l’espace.
Pour la Nasa, une solution simple existe en réévaluant l’orbite de la constellation d’AST, « compte tenu des considérations [en jeu] et des effets potentiels de la défaillance d’engins spatiaux et de la menace de génération de débris qu’elles représenteraient ». En clair, AST devrait envisager une « orbite alternative », très en dessous d’A-Train, afin de ménager une marge de sécurité et faciliter la gestion des trajectoires.
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