Le candidat vaccin de Pfizer contre le coronavirus est prometteur, d’après l’entreprise, qui révèle une efficacité de plus de 90 %. Il faut toutefois relever que ce n’est pas le résultat final des essais cliniques. C’est une nouvelle prometteuse, mais sur laquelle il faut rester modéré.

La course au vaccin contre le coronavirus SARS-CoV-2 va très vite, tant et si bien que l’espoir envers une disponibilité de l’un d’entre eux, début 2021, est relativement crédible. Ce 9 novembre 2020, les laboratoires pharmaceutiques américains Pfizer viennent de diffuser une bonne nouvelle en ce sens : leur candidat vaccin est efficace à plus de 90 %. La société indique également qu’elle n’a identifié aucun effet secondaire néfaste pour la santé.

L’élaboration d’un vaccin est divisée en plusieurs phases. Actuellement, 11 candidats vaccins contre la maladie Covid-19 sont en phase 3, la dernière étape d’expérimentation, à grande échelle (des milliers de personnes incluses), pour vérifier que la substance est efficace mais aussi sans danger pour les êtres humains. Le candidat vaccin de Pfizer est actuellement dans cette phase 3, impliquant 40 000 personnes, et le niveau d’efficacité transmis aujourd’hui en sont un résultat intermédiaire.

C’est la première fois qu’une entreprise avance un pourcentage d’efficacité après en être arrivée à ce stade, pour le vaccin contre la Covid-19.

Des dizaines de laboratoires et d'entreprises cherchent à trouver un vaccin contre la maladie à coronavirus Covid-19. // Source : Pexels

Des dizaines de laboratoires et d'entreprises cherchent à trouver un vaccin contre la maladie à coronavirus Covid-19.

Source : Pexels

Le vaccin de Pfizer est réalisé en collaboration avec la société de biotechnologies allemande Biontech. Leur recherche repose sur une biotechnologie jusqu’à maintenant jamais utilisée dans un vaccin approuvé, peut-être cela sera-t-il alors une première si ce vaccin se confirme : la technique de l’ARN messager. Il s’agit en fait d’insérer du matériel génétique dans les cellules humaines. Ce code contient des instructions pour produire une protéine qui ressemble à une protéine spécifique du coronavirus SARS-CoV-2. Ainsi, la réponse immunitaire est entraînée, afin de pouvoir répondre ensuite efficacement lorsqu’une véritable protéine virale cherche à infecter le corps.

90 % : un chiffre prometteur ?

Le chiffre de « plus de 90 % » d’efficacité est une surprise et, si les résultats finaux le confirment, ce serait alors une vraie réussite prometteuse contre la pandémie. Ce taux d’efficacité se base sur le nombre de personnes qui contractent le virus parmi celles qui ont été vaccinées ; un nombre qui est comparé avec un groupe ayant reçu un placebo. Toutes les personnes impliquées n’ont évidemment jamais eu d’infection prouvée par le coronavirus avant de participer au test.

Aux États-Unis, la FDA (Food and Drug Administration) a conditionné la validation d’un vaccin à une protection d’au moins 50 % des personnes qui le reçoivent. Certains des vaccins les plus efficaces qui existent, comme celui contre la rougeole, montent jusqu’à 97 % d’efficacité. Toutefois, beaucoup de vaccins ont une efficacité moins importante, autour de 80 à 90 %, et le vaccin contre la grippe protège 40 à 60 % de la population.

Pour le vaccin contre le coronavirus, une efficacité de 50 à 60 % pourrait déjà changer la donne en permettant de contrôler la pandémie, mais l’idéal, d’après des études scientifiques ou même Anthony Fauci (directeur des instituts américains de santé), serait plutôt un vaccin dont l’efficacité serait de 70 à 80 %. Face à ces espoirs, le chiffre avancé par Pfizer relèverait d’une excellente nouvelle — a minima une nouvelle prometteuse aujourd’hui.

La limite : ce n’est pas le résultat final

Même si l’annonce fait du bien, il faut rester pragmatique : ce n’est pas le résultat final, mais un résultat préliminaire délivré en cours de route. L’entreprise doit toutefois être relativement confiante pour communiquer ce chiffre dans un contexte où les enjeux sanitaires sont si importants. Quoi qu’il en soit, il manque encore beaucoup d’informations sur ce candidat vaccin.

L’annonce de Pfizer ne s’est pas traduite par un papier de recherche, il ne s’agit que d’une communication de l’entreprise. Parmi les détails cruciaux qui manquent : le niveau de sévérité de la maladie parmi celles et ceux qui ont contracté la maladie malgré le vaccin ; un élément qui sera scruté par la FDA pour valider ou non le vaccin pour une distribution. Car même si un vaccin ne protège pas à 100 %, il peut malgré tout favoriser une meilleure réponse immunitaire chez les personnes qui contractent le coronavirus ; ce qui n’a rien d’un détail pour contrôler la pandémie. Il faudra aussi que Pfizer publie des informations sur l’absence revendiquée d’effets secondaires, que la FDA scrutera tout autant. Ces publications pourraient ne pas tarder : Pfizer n’avait pas rechigné à diffuser des informations qui, habituellement, sont confidentielles — à savoir le protocole d’évaluation de l’efficacité. Moderna, qui travaille sur un vaccin similaire basé sur l’ARN messager, avait fait de même.

La dernière limite à prendre en considération repose dans la chronologie : ces résultats n’ont que très peu de recul sur la persistance d’une immunité dans le temps. L’efficacité a été mesurée 28 jours après la première dose ; sept jours après la seconde. Toutefois, cette absence de recul ne sera pas forcément un problème pour les premières versions du vaccin : la FDA, comme d’autres autorités sanitaires, surveilleront les évolutions même après une éventuelle autorisation de mise en distribution. L’éventualité d’un vaccin saisonnier n’a par ailleurs jamais été écarté par les scientifiques.

En tout cas, la société Pfizer limite elle-même l’interprétation de cette première annonce, en indiquant que leur candidat vaccin n’est pas encore pleinement prêt pour une validation : « Il est important de noter que nous ne pouvons pas demander une autorisation d’utilisation urgente à la FDA en nous basant uniquement sur ces résultats d’efficacité. Il faut disposer de plus de données sur la sécurité, et nous continuons à accumuler ces données dans le cadre de notre étude clinique. »

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