S’il est difficile de savoir quelle étendue de vaccination est nécessaire pour stopper la propagation du coronavirus, une chose est sûre : la validation d’un vaccin changera de toute façon la donne de la pandémie.

Les laboratoires Pfizer ont annoncé des résultats prometteurs, lundi 9 novembre. S’il faut rester prudents puisqu’ils sont préliminaires, cela relance en tout cas les questionnements autour de la façon dont un vaccin pourrait changer la donne de la pandémie. L’impact dépendra toutefois à la fois de l’efficacité, mais aussi du nombre de personnes qui seront vaccinées. Que sait-on sur l’étendue minimale de vaccination qui sera nécessaire ?

Il est encore difficile de se projeter sur la place que pourrait avoir un premier vaccin dans la gestion de la crise sanitaire. Se pose notamment la question des publics qui pourront être définis comme prioritaires pour recevoir les premières doses d’un vaccin, et dans quelles proportions : en fonction du nombre de doses disponibles, il est fort probable que le vaccin ne soit pas généralisé immédiatement. Ensuite, pour une généralisation de la vaccination, il y a le problème du phénomène antivax, des militants qui s’opposent contre les vaccins au regard de considérations qui ne sont pas scientifiquement prouvées.

Le candidat vaccin de Pfizer est en phase 3 et tire des résultats prometteurs. // Source : Pfizer

Le candidat vaccin de Pfizer est en phase 3 et tire des résultats prometteurs.

Source : Pfizer

Quelle place dans la société pour le vaccin au début ?

Plusieurs études ont essayé de sonder l’acceptabilité de la population, dans différents pays, d’une vaccination contre le coronavirus. Un récent sondage Ipsos, réalisé à la mi-octobre, montre que seuls 54 % de la population française serait prête à se faire vacciner. Un résultat relativement proche d’une étude internationale publiée en octobre, qui montrait une acceptation de 58 % pour la France. Un autre sondage international, publié quant à lui en juillet 2020, était plus optimisme en avançant plutôt une acceptation de 74 % dans la population française. Ces études sondagières ne représenteront toutefois pas forcément la réalité de 2021 lorsqu’un vaccin sera effectivement distribué. Mais le Conseil scientifique a tendance à insister sur le besoin d’instaurer un contexte de confiance, en cas de campagne de vaccination, pour pallier le scepticisme.

Quant à la question des populations prioritaires, il semble clair que ce sera un axe crucial des campagnes de vaccination dans plusieurs pays. En réaction aux annonces de Pfizer, la Haute Autorité de Santé, en France, a rappelé dans un communiqué qu’elle travaille à « identifier les populations à cibler prioritairement » parmi ses travaux réalisés par anticipation. Le Conseil scientifique, quant à lui, a déjà émis des avis sur le sujet les populations prioritaires, où l’on retrouve les personnels de santé, ainsi que les personnes à risque du fait de leur âge, de leur comorbidité (autres pathologies) ou de leur situation de précarité.

Quel pourcentage minimal de couverture vaccinale ?

L’existence même d’un vaccin pourra avoir un impact crucial sur la tournure de l’épidémie, même si des proportions peu massives de la population sont concernées dans un premier temps. Pour cette raison, le taux d’efficacité n’a pas forcément besoin d’être particulièrement élevé : un vaccin n’affiche d’ailleurs pas toujours un score de 90 % d’efficacité, celui contre la grippe protégeant 40 à 60 % des vaccinés. Aux États-Unis, le CDC a conditionné toute autorisation de mise sur le marché d’un vaccin contre le coronavirus à une efficacité de 50 % minimum (la moitié des personnes vaccinées pleinement protégées). Les espoirs de la communauté médicale reposent plutôt sur 75 %.

Une étude publiée en octobre 2020 met en relation le taux d’efficacité et la couverture vaccinale, c’est-à-dire quel taux d’efficacité est nécessaire pour qu’un vaccin soit utile, en fonction du pourcentage de la population à être vacciné. Cette étude ajoute aussi le paramètre du taux de reproduction effectif. La simulation des auteurs montre que l’efficacité du vaccin doit être de 70 % si la couverture vaccinale de la population est de 75 %, et de 80 % si la couverture est de 60 %. À noter que pour obtenir ce résultat, le taux de reproduction indiqué dans la simulation est de 2,5. Or, en France, le taux de reproduction était autour de 1,45 en octobre avant le confinement. Un vaccin d’une efficacité de 70 à 90 % pourrait potentiellement faire rapidement ses preuves même avec une couverture toute relative de la population.

La possibilité qu’un vaccin génère une immunité collective est en revanche plus lointaine. Il est quasiment impossible de se projeter sur le sujet. Ne serait-ce que pour l’actuel candidat vaccin de Pfizer, le recul manque puisque le pourcentage de 90 % est préliminaire. Il va falloir que le laboratoire étudie encore la persistance de l’immunité dans le temps. Même lorsqu’un vaccin sera validé, cette persistance dans le temps, quant à la solidité de l’immunité, sera encore surveillée. Un vaccin saisonnier, comme pour la grippe, ne peut pas être encore exclu.

Résultat, le CDC rappelle tout simplement sur son site que « les experts ne savent pas quel pourcentage de la population devrait être vacciné pour obtenir une immunité collective contre la COVID-19 ». Le taux minimal de vaccination pour obtenir une immunité collective au sein d’un groupe peut énormément varier d’une maladie à une autre. La maladie Covid-19 est trop récente pour le savoir.

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