La Haute Autorité de Santé s’est opposée à l’idée d’un vaccin obligatoire. Emmanuel Macron s’est également rangé à cette position, désormais officielle.

La course au vaccin contre le coronavirus n’est plus une issue lointaine. Cet automne 2020 a délivré de belles promesses : les laboratoires Pfizer ont annoncé des résultats préliminaires encourageants, à l’instar de Moderna et d’AstraZeneca. L’Europe a déjà sécurisé plusieurs millions de doses, qui seront réparties en fonction des populations de chaque État membre. Que sait-on des modalités possibles pour la prise du vaccin ? Sera-t-il obligatoire ? Des populations seront-elles prioritaires ? Il n’est pas trop tôt pour poser cette question, puisque les premiers vaccins pourraient être disponibles d’ici fin 2020, début 2021, et Emmanuel Macron s’est exprimé sur le sujet.

En France, il existe de nombreux vaccins simplement recommandés, et onze autres sont obligatoires depuis 2018. Ces derniers le sont en raison d’enjeux de santé publique. Le ministère de la Santé explique ainsi à ce sujet qu’« une couverture vaccinale élevée constitue un élément clé dans le contrôle des maladies infectieuses, permettant de protéger une population contre une maladie donnée ». Or, dans le cas par exemple de la rougeole, la couverture vaccinale doit être de 95 % chez les enfants. « En France, ce niveau n’a jamais été atteint depuis l’intégration de cette vaccination dans le calendrier vaccinal, ce qui explique l’épidémie qui a provoqué des milliers de cas entre 2008 et 2011. »

Des dizaines de laboratoires et d'entreprises cherchent à trouver un vaccin contre la maladie à coronavirus Covid-19. // Source : Pexels

Des dizaines de laboratoires et d'entreprises cherchent à trouver un vaccin contre la maladie à coronavirus Covid-19.

Source : Pexels

La pandémie liée à la maladie Covid-19 représente une crise sanitaire inédite pour notre époque, tant pour l’ampleur du nombre de contaminations que le nombre de décès sur une période si courte ; avec les conséquences humaines et économiques qui vont avec les mesures visant à freiner ces hospitalisations. Encore mal comprise, la maladie générée par ce coronavirus peut être difficile à soigner, en l’absence de médicament pleinement éprouvé, et peut laisser des séquelles importantes. De fait, en plus de l’élaboration de solutions thérapeutiques en aval, trouver un vaccin apparaîtrait comme salvateur pour endiguer la propagation du virus en amont.

Cela relève donc d’un enjeu prioritaire de santé publique. Ce n’est pas pour autant qu’un vaccin serait rendu obligatoire dès lors qu’il serait élaboré et mis en distribution : Emmanuel Macron a confirmé, lors de son allocution du 24 novembre 2020, que les vaccins contre le coronavirus ne seront pas obligatoires en France. Il a ajouté que des populations seront considérées comme prioritaire, à savoir les plus vulnérables.

La HAS s’oppose à l’heure actuelle à cette idée

Le statut légal du futur vaccin fait l’objet de débats partout dans le monde : aux États-Unis, le début est sur une obligation au moins pour certains corps de métier. Au Danemark, une proposition de loi visant à obliger la vaccination dans certaines populations avait fait un tollé. Chez nos voisins britanniques, le ministre anglais de la Santé, Vaughan Gething, avait déclaré lors d’une interview que cela faisait partie des options et qu’il « n’excluerai[t] rien à ce stade, mais l’obligation est la finalité la plus extrême et la plus improbable ». Le son de cloche est assez similaire dans le gouvernement français. Le ministre de la Santé, Olivier Véran, avait répondu en août 2020 ne pouvoir répondre ni par oui, ni par non, n’ayant pas encore toutes les clés en main. Il disait alors s’en remettre à l’évolution de l’épidémie, au type de vaccin trouvé, aux évaluations sur celui-ci par les instances scientifiques, et surtout à l’avis de la Haute Autorité de Santé (HAS).

Il se trouve justement que la HAS a remis un avis préliminaire sur le sujet, le 9 novembre 2020. Pour l’autorité, le vaccin potentiel ne devrait pas être obligatoire, que ce soit en population générale ou pour les professionnels de santé. « En effet, dans le cadre d’un calendrier de livraison des doses de vaccin mal connu et – à ce stade – du manque de recul sur les futurs vaccins ainsi que sur leur capacité à limiter la contagion du virus, cela ne serait pas justifié », explique l’autorité. Olivier Véran, de son côté, semble espérer que la vaccination sera de toute façon volontaire.

Le Président de la République s’est rangé dès maintenant à cet avis de la HAS. Cette décision vient aussi très probablement d’une volonté politique de pédagogie. Emmanuel Macron s’est fortement positionné contre tout « complotisme ». Or, rendre le vaccin obligatoire aurait alimenté de nombreuses thèses scientifiquement fausses ou même une peur sur la nature du vaccin. L’absence d’obligation pourrait donc faciliter le travail humain des personnels de santé.

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