Le 9 novembre 2020, la société pharmaceutique Pfizer avait annoncé les résultats préliminaires de son candidat vaccin : des résultats très prometteurs, avec plus de 90 % d’efficacité. On se doutait alors que Moderna ne tarderait pas à faire aussi parler d’elle : cette autre société, américaine, dont le candidat vaccin repose sur le même type de biotechnologie, avait prévu de dévoiler ses premiers résultats au mois de novembre.
Dans un communiqué publié le 16 novembre, Moderna a bel et bien présenté ses propres résultats. L’efficacité annoncée est supérieure à celle de Pfizer : 94,5 %. Les recherches sont conduites en partenariat avec une branche du NIH (les instituts nationaux de la santé aux États-Unis). « Cette analyse intermédiaire positive de notre étude en phase 3 nous donne la première validation clinique que notre vaccin peut empêcher la maladie COVID-19, y compris les versions sévères », s’est réjoui le fondateur de Moderna.
Que sait-on sur ces résultats ? Quelles différences ou similarités avec celui de Pfizer ? Combien de doses sont-elles prévues ?
94,5 % d’efficacité
Comme pour Pfizer, le vaccin de Moderna (appelé ARNm-1273) est actuellement en phase 3. Cela signifie que les essais sont conduits sur des dizaines de milliers de personnes : 30 000 pour Moderna, 40 000 pour Pfizer. Dans les deux cas, l’efficacité est notamment évaluée en divisant les personnes impliquées en deux groupes : l’un reçoit le candidat vaccin (deux doses espacées) ; l’autre reçoit un placebo.
Dans le cas de Moderna, 95 cas d’infection au coronavirus ont été confirmés sur les 30 000 patients impliqués : 90 sont dans le groupe placebo, c’est-à-dire ceux qui n’ont pas reçu le candidat vaccin ; et 5 dans le groupe vacciné. Il y a 11 cas de maladie sévère, parmi ces 95 cas, tous dans le groupe placebo. D’après Moderna, le Data Safety Monitoring Board — comité de contrôle indépendant adossé au NIH — a relevé une absence d’effets secondaires notables, qui étaient faibles et de courte durée comme pour de nombreux vaccins, et ne concernaient pas plus de 10 % des vaccinés. « Un examen des effets indésirables provoqués a montré que le vaccin était généralement bien toléré. » Pfizer n’avait pas révélé autant de détails sur les effets secondaires et la sévérité des malades dans le groupe placebo : ce sont des éléments cruciaux.
Il faut en tout cas garder à l’esprit que, comme pour Pfizer, ces résultats sont prometteurs, mais ne sont pas finaux. Cela signifie qu’ils peuvent évoluer d’ici la fin de l’essai clinique. Les données complètes de l’étude ne sont par ailleurs pas encore disponibles — Moderna précise soumettre prochainement les données pour une publication peer-reviewed, c’est-à-dire relue et sanctionnée par un comité indépendant afin d’être diffusé dans une revue. Le candidat vaccin sera également prochainement soumis à l’administration américaine des médicaments, pour une Emergency Use Authorization, une autorisation urgente de mise en distribution.
« D’ici à la fin de 2020, la société prévoit d’avoir environ 20 millions de doses d’ARNm-1273 prêtes à être expédiées aux États-Unis. L’entreprise reste en bonne voie pour fabriquer 500 millions à 1 milliard de doses dans le monde en 2021 », a précisé Moderna. L’Europe a déjà commandé 300 millions de doses à Pfizer, mais il est fort probable que plusieurs vaccins soient présents en 2021 sur le marché pour pouvoir freiner la pandémie.
L’ARN messager
Le candidat vaccin de Moderna repose sur le même principe biotechnologique que celui de Pfizer : l’ARN messager. Du matériel génétique est inséré dans les cellules humaines. Ce matériel contient des instructions qui vont conduire à la production d’une protéine similaire à une protéine tout à fait spécifique au SARS-CoV-2, mais inoffensive. Le système immunitaire peut alors s’y habituer, s’entraîner à la combattre, afin de pouvoir contrer la véritable protéine si l’infection se présente.
Cette technique n’a jusqu’alors jamais été présente dans le moindre vaccin validé. Ce serait une première. Les deux candidats vaccins dont l’avancée annoncée est prometteuse répondent à cette même innovation. Ces deux vaccins pourraient présenter un problème logistique similaire : le stockage. Puisque l’ARN est sensible, il doit être conservé à très basse température, à -70 degrés Celsius. En plus de cela, on sait que le vaccin de Pfizer coûte relativement cher (15 dollars de fabrication l’unité), il est probable qu’il en soit de même pour Moderna. Ces vaccins pourront donc permettre de cibler les populations vulnérables dans un premier temps, dans le cadre de programmes gouvernementaux, mais ne seront peut-être pas adaptés à une vaccination de population générale — d’autres candidats vaccins auront le temps d’éprouver leur efficacité d’ici là.
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