Lors de son allocution du mardi 24 novembre, Emmanuel Macron a déclaré que « le pic de la seconde vague de l’épidémie est passé ». Un constat dorénavant officiel, qui provient des rapports remis par Santé Publique France. Plusieurs indicateurs importants doivent être regardés pour suivre l’évolution d’une vague épidémique : que disent-ils à l’heure actuelle de la deuxième vague dans l’épidémie du coronavirus ?
Tous les indicateurs en baisse
Le premier indicateur est le plus évident à regarder : le nombre quotidien de cas positifs au coronavirus (c’est-à-dire la proportion de tests revenant positifs par rapport au total des tests réalisés). Au 24 novembre, date de l’allocution d’Emmanuel Macron, 12,99 % des tests sont positifs, soit environ 9 000 cas ce jour-là. Un chiffre bien loin des 50 000 à 60 000 cas détectés début novembre. Dans son point du 19 novembre, Santé Publique France relevait une baisse de 40 % de cet indicateur d’une semaine à l’autre (19,7 % de tests positifs en semaine 45 ; 16,2 % en semaine 46). La baisse du taux de positivité est donc forte, mais il ne faut jamais se baser sur un seul indicateur — d’autant que celui-ci n’est pas toujours idéal.
Arrivent ensuite les chiffres liés aux formes sévères de la maladie. Les hospitalisations tout comme les admissions en réanimation ont commencé à baisser après avoir atteint un pic à la mi-novembre. Le 16 novembre, il y avait 33 000 personnes hospitalisées, contre 30 000 ensuite au 24 novembre. Quant aux personnes en réanimation, il y a 4 277 personnes concernées au 24 novembre, soit une baisse de 7 % en sept jours. Ce sont des baisses relativement légères, mais constantes. Concernant le nombre de décès, le data scientist Guillaume Rozier montre qu’ils se réduisent également depuis quelques jours, mais sans que cela soit significatif : « c’est plutôt un plateau instable pour le moment ».
Les taux d’incidence et le taux de reproduction effectif illustrent la baisse de circulation du virus. Le premier, le taux d’incidence, relève tout simplement d’une moyenne des cas positifs sur une semaine ramenée pour 100 000 habitants. À l’échelle de tout le territoire français, ce taux est passé de plus de 400 début novembre, à 150 au 21 novembre. Le second, le taux de reproduction effectif, correspond au nombre de personnes contaminées par une même personne positive au coronavirus. Ce chiffre baisse mathématiquement en cas de confinement, puisque le nombre de contacts potentiels est forcément réduit. Il est aujourd’hui bien en-deça de 1, ce qui signifie que l’épidémie n’est plus exponentielle.
Des chiffres qui restent élevés : la deuxième vague n’est pas terminée
« Même si les indicateurs restent à des niveaux élevés, leur observation suggère que le pic épidémique de la seconde vague a été franchi », concluait Santé Publique France le 19 novembre 2020. Il faut par ailleurs distinguer le pic de la vague elle-même : si le pic de la seconde vague est potentiellement passé, la seconde vague n’est quant à elle pas encore terminée.
Les indicateurs baissent, mais restent élevés, comme l’indique l’organisme. De fait, l’épidémie est encore bien présente, d’autant que la situation peut varier d’une région à une autre. On est loin de l’objectif fixé par le gouvernement de 4 000 cas positifs / jour, seuil stabilisé à partir duquel cette deuxième vague sera alors considérée comme officiellement « sous contrôle ». Raison pour laquelle le déconfinement est cette fois-ci découpé en plusieurs phases : le virus continue à circuler activement. Tant que les chiffres sont élevés, la baisse des indicateurs n’est pas une garantie, une reprise est possible. Il s’agit par ailleurs de pouvoir maintenir l’épidémie sous contrôle même une fois l’objectif atteint, afin d’éviter une troisième vague, laquelle est largement prise en compte dans les modèles épidémiologiques, et doit donc être aussi prise en compte dans les politiques publiques de gestion sanitaire.
Dans son rapport du 26 octobre 2020, le Conseil scientifique recommandait en effet un confinement court, d’environ quatre semaines, qui serait suivi d’un couvre-feu sanitaire, le but étant de continuer à réduire la circulation du virus sans peser trop longuement sur l’économie. Les membres du Conseil estiment que la deuxième vague pourrait arriver à des niveaux « très contrôlés » d’ici fin décembre 2020 / janvier 2021, date d’une future potentielle dernière phase de déconfinement. Santé Publique France estime de son côté que malgré « ces résultats encourageants quant à l’évolution de l’épidémie », tant qu’il n’y a ni traitement ni vaccin, les meilleurs moyens de contenir l’épidémie et de réduire son impact sur le système de soin et la mortalité « demeurent l’adoption des mesures de prévention individuelles, associées aux mesures collectives ».
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