Après avoir détecté une transmission du coronavirus SARS-CoV-2 des humains vers les visons, puis des visons vers les humains, le Danemark a annoncé l’abattage de 15 millions de ces animaux. Le gouvernement danois craignait une possible mutation du coronavirus qui le rendrait plus résistant aux vaccins actuellement en développement. Pour l’instant, les premières étudies montrent que cette mutation n’a pas du tout prouvé une quelconque dangerosité. Mais le Danemark a misé sur le principe de précaution, une décision saluée par de nombreux scientifiques face au contexte pandémique.
De premiers visons ont d’ores et déjà été euthanasiés. Un problème inattendu s’est toutefois présenté dans l’un des « charniers » où sont enterrés certains visons (le terrain militaire d’Holstebro) : les corps remontent progressivement à la surface. Un phénomène d’autant plus gênant qu’ils sont, pour beaucoup, enterrés trop près d’un lac (Boutrup). Des images quelque peu morbides de ces scènes ont alors émergé dans les médias et sur les réseaux sociaux — nous n’en partagerons aucune ici.
Inquiets d’une éventuelle contamination des eaux et de l’environnement, des maires et responsables politiques locaux ont dénoncé le 25 novembre 2020 une politique d’enterrement expéditive et demandé à ce que la crémation soit systématique. Les autorités danoises ont toutefois tenu à rassurer sur les risques pour l’être humain, très minimes : le ministre de l’Environnement a précisé qu’après l’abattage, les corps des visons sont désinfectés et recouverts de citron vert (antiseptique naturel). De « petites quantités de bactéries » peuvent toutefois perdurer dans leur fourrure, les lieux font donc malgré tout l’objet d’une surveillance accrue, avec la construction d’ici peu d’une clôture renforcée.
L’enjeu sanitaire post-mortem
Dans le journal danois DR, l’attaché de presse de la police locale explique qu’il y a une explication scientifique très claire au phénomène : la décomposition implique des rejets des gaz, ce qui provoque une dilatation pouvant faire remonter les corps au-dessus du sol. Le problème, c’est donc bien que les corps n’ont pas été enterrés suffisamment profondément : seulement trois pieds sous terre, soit un peu moins d’un mètre. Les autorités ont donc décidé de doubler la profondeur, en passant à six pieds (deux mètres).
Cet enjeu sanitaire autour de l’enterrement des corps a toujours été présent dans les épidémies, durant lesquelles les rites funéraires sont forcément bouleversés par des risques différents, plus accrus, que d’habitude. Ce serait d’ailleurs à l’époque de la Grande peste de Londres, au XVIIe siècle, que la notion de « six pieds sous terre » serait née. L’anecdote historique veut en effet que lors du pic de mortalité, les autorités ont dû prendre la décision d’enterrer les corps beaucoup plus profondément qu’auparavant, afin de limiter le plus possible les risques de transmission. Cette profondeur était de six pieds.
Dans le cadre de la pandémie liée au Covid-19, la question des autopsies et des funérailles a été un véritable sujet médical, bien que peu souvent évoqué. Effectivement, en cas de décès causé par une maladie infectieuse émergente, ce processus devient beaucoup plus délicat. En avril 2020, cela avait poussé l’Organisation mondiale de la santé à émettre un avis de plusieurs pages sur comment organiser un protocole sanitaire strict dans ce contexte.
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