Les Nations Unies ont publié la première version du rapport 2020 sur le climat, qui met en exergue l’urgence de freiner l’augmentation des températures.

Dans son dernier discours sur l’état de la planète, le secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a réaffirmé « combien nous sommes proches d’une catastrophe climatique ». Son objectif n’est pas de déprimer son auditoire, mais bien d’essayer de déclencher le déclic écologique sempiternellement attendu et qui ne peut plus se faire attendre. Car les solutions existent, mais le rapport 2020 de l’ONU sur le climat paru le 2 décembre 2020 met à nouveau en avant une année de records. António Gutuerres estime que c’est du « suicide » que de « déclarer la guerre à la nature ».

Petteri Taalas, le secrétaire général de l’Organisation météorologique mondiale, qui a ensuite pris le relai d’António Gutuerres, a confirmé que les premières estimations dessinent une année 2020 qui serait parmi les trois années les plus chaudes depuis l’ère préindustrielle. Le chiffre : 1,2 degré Celsius au-dessus de la température moyenne de l’ère préindustrielle. En matière de projection, cela signifie qu’il y a une chance sur cinq que le dépassement soit de 1,5 degré en 2024.

Ces graphiques illustrent l'augmentation des trois principaux gaz à effet de serre (dioxyde de carbone, azote, méthane). // Source : ONU

Ces graphiques illustrent l'augmentation des trois principaux gaz à effet de serre (dioxyde de carbone, azote, méthane).

Source : ONU

Les confinements causés par la pandémie avaient provoqué une baisse drastique de la pollution et des émissions de gaz à effet de serre. En mars 2020, par exemple, la concentration en dioxyde d’azote, en Europe, avait chuté de 40 à 50 %. « Malgré les reculs générés par le COVID-19, les données préliminaires montrent que les émissions mondiales de gaz à effet de serre ont augmenté en 2020 », contrebalance le rapport de l’ONU. Voilà qui illustre le niveau de ces émissions, mais rappelle aussi qu’un gaz comme le dioxyde de carbone reste des années dans l’atmosphère et qu’il y a un décalage dans le temps — le réchauffement d’aujourd’hui est la conséquence des émissions d’hier.

Les grandes lignes du rapport

Le rapport de l’ONU divise ses constats en différentes catégories : température, catastrophes naturelles, acidification des océans… Voici ce qu’il faut retenir de chaque catégorie :

  • Température : de janvier à octobre 2020, les températures étaient 1,2 degré Celsius au-dessus de l’ère préindustrielle. À plus grande échelle, la dernière décennie, 2011-2020, est la plus chaude jamais enregistrée.
  • Vagues de chaleur : « 2020 a été une année exceptionnellement chaude en Russie, tout particulièrement en Sibérie. » Effectivement, la période de janvier à août 2020 a été 3,7 degrés au-dessus de la moyenne de la région, bâtant le record établi en 2007. Dans les parties les plus au nord, la moyenne habituelle a été dépassée de 5 degrés.
  • Réchauffement des océans : les deux dernières décennies, y compris 2020, ont connu une augmentation constante des températures océaniques. En 2020, 82 % de l’océan a connu au moins une vague de chaleur.
  • Acidification des océans : les émissions de dioxyde de carbone sont temporisées par l’océan, qui absorbe environ 23 % des émissions humaines chaque année, mais cela provoque une acidification aux graves conséquences sur l’écosystème. Celle-ci a poursuivi sa route en 2020.
  • Catastrophes naturelles : il y a eu les grands incendies d’une ampleur exceptionnelle cette année, en Californie durant l’été, en Australie entre fin 2019 et début 2020, générés par le réchauffement. L’ONU pointe aussi des événements moins médiatisés : des inondations importantes en Asie, et des sécheresses en Afrique du Sud.
  • Montée des eaux : le niveau de la mer s’élève en moyenne de 3,29 millimètres chaque année, « avec un pic en 2020 ». Dans la dernière partie de 2020, une petite baisse de cette montée est enregistrée en raison d’une perturbation climatique (La Niña) causant des températures exceptionnellement basses dans les eaux du Pacifique tropical.
  • Banquise : 152 gigatonnes de glace ont été perdues par la fonte de calottes glaciaires entre septembre 2019 et août 2020. Dans l’Arctique, l’étendue annuelle minimale de banquise a été la deuxième plus faible jamais enregistrée, et des records ont été enregistrés en juillet et octobre 2020. En Antarctique, les niveaux sont restés plutôt constants. C’est en août 2020 que l’Arctique canadien a perdu sa dernière barrière de glace encore intouchée jusque là.

Il s’agit là d’une version intermédiaire du rapport, dont les données s’achèvent autour de la fin de l’été et de l’automne 2020. La version définitive sera publiée en mars 2021.

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