Après avoir reconstruit la boîte crânienne d’un dinosaure, puis avoir reproduit la forme d’un cerveau d’une de ces espèces disparues, les scientifiques viennent maintenant d’aboutir à une reconstruction « pionnière » du contenu du cerveau d’un des plus anciens dinosaures connus : le Thecodontosaurus. Ce travail de recherche, publié dans le 14 décembre 2020 dans Zoological Journal of the Linnean Society, représente un point d’entrée dans le mode de vie de cette espèce.
C’est, d’abord, une prouesse technologique. Le Thecodontosaurus a vécu au Trias, il y a plus de 200 millions d’années avant notre ère. Autant dire que son cerveau a entièrement disparu. Quant aux fossiles, ils sont fragiles, certains ont été découvert au XIXe siècle, et les scientifiques ont dû attendre que les techniques d’imagerie se perfectionnent afin que le scan ne risque pas les endommager.
C’est à partir de la forme du crâne, rempli de petites subtilités détectées informatiquement, que le cerveau et même la répartition de son contenu ont pu être simulés en 2020 avec un haut niveau de rendu. « Même si le cerveau réel a disparu depuis longtemps, le logiciel nous permet de recréer la forme du cerveau et de l’oreille interne grâce aux dimensions des cavités », explique sur le site de son université le paléontologue Antonio Ballell, principal auteur de cette étude.
Ce que révèle le cerveau du Thecodontosaurus
Les détails mis au jour par cette modélisation sont révélatrices de certaines caractéristiques du Thecodontosaurus. Le scan a permis par exemple de reconstituer le lobe flocculo-nodulaire. Puisqu’il est de grande taille, les scientifiques peuvent savoir que l’espèce était donc bipède. La taille de ce lobe étant relié à l’équilibre et aux mouvements des yeux comme du cou, cela confirme l’agilité de ce dinosaure. Il était « agile » : il pouvait se déplacer très vite tout en maintenant un regard stable autour de lui. Cela fait partie des éléments « surprenants » de cette recherche, selon Antonio Ballell, car des travaux dédiés à ses descendants ont montré qu’ils se déplaçaient plutôt à quatre pattes. Il y aurait donc eu une évolution majeure.
On pensait d’ailleurs que le Thecodontosaurus était herbivore, se nourrissant exclusivement de plantes. Mais les découvertes permises par cette modélisation, sur sa façon de se déplacer, suggèrent qu’il ait pu déroger à cette habitude. « Notre analyse a montré que les parties du cerveau associées au maintien de la stabilité de la tête et des yeux et du regard pendant les mouvements étaient bien développées. Cela pourrait également signifier que le Thecodontosaurus pouvait occasionnellement attraper des proies », relève Antonio Ballell. Alors, bien que la morphologie de ses dents « suggère que les plantes constituaient la principale composante de son régime », il est fort probable qu’il ait été aussi occasionnellement carnivore. Son régime pourrait donc être finalement de type omnivore.
Il est fascinant d’observer comment de nouvelles techniques permettent aux scientifiques de voyager toujours un peu plus dans le passé, en reconstituant des éléments étape par étape. Ce n’est que le début, car bien que l’équipe de recherche se félicite d’avoir pu comprendre un peu mieux certains aspects biologiques entourant le Thecodontosaurus, Antonio Ballell rappelle « qu’il y a encore beaucoup de questions à explorer sur cette espèce ».
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