C’est au Royaume-Uni que la distribution du vaccin conçu par AstraZeneca a démarré en premier, le 4 janvier 2021. En France, le vaccin d’AstraZeneca a été autorisé par la Haute Autorité de Santé depuis le 2 février 2021, soit un mois après Pfizer et Moderna. Son utilisation a ensuite démarré à la mi-février, et plus d’un million de doses ont été injectées sur le territoire français à la mi-mars.
Ce vaccin est d’origine britannique, puisqu’il est conçu avec l’université d’Oxford. Mais là où il diffère surtout des vaccins produits par Pfizer et par Moderna, c’est qu’il ne repose pas sur la technique de l’ARN messager. Il est plus « classique » dans sa conception, usant d’une méthode bien connue et utilisée depuis plusieurs décennies.
Voici ce qu’il faut savoir du vaccin d’AstraZeneca (techniques médicales, efficacité, effets secondaires), nommé AZD1222 (ou ChAdOx1), en comparaison des autres vaccins disponibles.
Différences scientifiques
Le but de tout vaccin est d’entraîner le système immunitaire à reconnaître un pathogène, sans pour autant confronter l’organisme au véritable pathogène. Grâce à cela, l’infection peut être empêchée, ou bien a minima les symptômes peuvent être considérablement amoindris en évitant les formes sévères de la maladie.
Pour entraîner le système immunitaire, la plupart des vaccins fonctionnent grâce à un virus similaire mais inoffensif, auquel est inséré la protéine inactivée du virus visé. C’est le cas pour celui d’AstraZeneca. Celui-ci repose sur un vecteur viral non-réplicatif : un adénovirus de chimpanzé qui est absolument inoffensif pour les humains. Les scientifiques l’ont modifié pour qu’il ressemble au coronavirus SARS-CoV-2, en y insérant sa protéine Spike. C’est par cette protéine que le coronavirus s’accroche à nos récepteurs cellulaires, c’est avec elle qu’il y a le premier contact.
La molécule injectée par le vaccin d’AstraZeneca ressemble donc au coronavirus, suffisamment pour entraîner le système immunitaire, mais ne porte aucune trace de celui-ci en tant que pathogène. Il n’y a aucun risque d’infection. Cela permet simplement que l’organisme puisse reconnaître la protéine au cas où le véritable virus se présenterait.
Différences logistiques
Le vaccin conçu par AstraZeneca facilite la logistique — fabrication, transport et stockage — par rapport à ceux de Pfizer et Moderna. Il n’a pas besoin d’être stocké dans des super-congélateurs. Des frigos normaux suffisent, à une température comprise entre 2 et 8 degrés.
Autre avantage : il est beaucoup moins cher. Son coût par dose ne dépasse pas 3 euros à l’achat, là où celui de Pfizer dépasse 15 euros par dose, et celui de Moderna est potentiellement encore plus cher. Pour une large vaccination, le vaccin d’AstraZeneca est donc très avantageux en ces aspects.
Ce qu’on sait de son efficacité
AstraZeneca a été la première entreprise à voir ses résultats de phase 3 être publiés dans une revue. Ils ont donc été confirmés par un comité indépendant. L’efficacité de cet essai mené avec plus de 20 000 volontaires est en moyenne de 70 %. Toutes les formes sévères de la maladie ont concerné, durant l’essai, le groupe sous placebo (qui n’a donc pas été vacciné). Aucun symptôme grave ne s’est déclaré chez les personnes vaccinées. Qui plus est, aucun effet secondaire important n’a été relevé, sauf auprès de trois personnes, qui ont guéri.
Quelques mois après les débuts de l’utilisation en conditions réelles, des données préliminaires anglaises, provenant de 7 millions d’adultes de 70 ans et plus, montrent une efficacité de 60 à 73 % après une dose, dans cette population ; ainsi qu’une réduction de 80 % des risques d’hospitalisations chez les plus de 80 ans. Une étude écossaise, également en pré-publication, sur un échantillon de 5 millions de personnes, montre quant à elle une réduction nette, de 94 %, des hospitalisations ; ainsi qu’une efficacité de 85 % chez les 18-64 ans, de 79 % chez les 65-79 ans et de 81 % chez les plus de 80 ans, dans un délai de 28 à 34 jours après la première injection.
Le 25 mars 2021, les résultats d’une étude menée aux États-Unis à partir de 30 000 volontaires a permis d’établir des chiffres d’efficacité cohérents avec ceux de l’étude écossaise :
- Une efficacité de 76 % pour empêcher les infections symptomatiques au coronavirus SARS-CoV-2 ;
- Une efficacité de 85 % chez les personnes de plus de 65 ans, ce qui confirme une cohérence des résultats sur toutes les tranches d’âge ;
- Une efficacité de 100 % pour prévenir les formes graves de la maladie ainsi que les hospitalisations — un résultat d’autant plus positif que 60 % des volontaires avaient des comorbidités (diabète, obésité sévère, maladie cardiaque…) habituellement associées à un risque accru de formes sévères.
Quant aux formes asymptomatiques de la maladie, les données préliminaires nous venant d’Angleterre suggèrent que le vaccin d’AstraZeneca réduit les risques de transmission jusqu’à 67 % — une bonne nouvelle, qui doit toutefois être confirmée à plus long terme.
Concernant l’efficacité pour les personnes âgées de plus de 60 ans, l’efficacité ne tombe absolument pas à 8 % dans cette population — c’était une information erronée (seuls les chiffres cités plus haut sont corrects). L’étude de phase 3 d’AstraZeneca, fin 2020, n’avait simplement pas permis d’aboutir à un chiffre d’efficacité pour les personnes âgées de plus de 60 ans, puisque cette portion de population a rejoint l’essai plus tardivement. Ces personnes ont bel et bien eu une réponse immunitaire pendant l’étude, mais les chercheurs manquaient de recul pour analyser cette réponse dans les conclusions publiées. Ce manque de données dans les études est ceci dit aujourd’hui comblé par les données obtenues « dans la vraie vie » ou lors de nouvelles études — nous citons ces données plus haut.
Les effets secondaires
Les effets secondaires génériques provoqués par le vaccin d’AstraZeneca peuvent parfois assez désagréables le lendemain, et ils sont plus courants/nombreux que pour Pfizer et Moderna, sans toutefois être graves ou porter à conséquences sur la santé — les données viennent maintenant de plus de millions de personnes vaccinées avec AstraZeneca dans le monde. « La grande majorité de ces cas concerne des syndromes pseudo-grippaux, souvent de forte intensité (fièvre élevée, courbatures, céphalées) », écrit l’ANSM. En règle générale, cela se traduit par un état de fatigue proche de la grippe, mais cet état, bénin, n’excède pas 24-48h.
Concernant les cas de thromboses atypiques, qui ont causé la suspension temporaire du programme dans plusieurs pays européens, l’Agence européenne des médicaments a rappelé que ces événements étant particulièrement rares, la balance bénéfices/risques continue de prévaloir très positivement en faveur de ce vaccin, qui reste « sûr et efficace ». Les programmes ont donc repris (sauf au Danemark), à ceci près qu’en France, AstraZeneca est désormais réservé aux plus de 55 ans, étant donné que les événements thromboemboliques sont survenus chez une population plus jeune.
Du côté de l’étude américaine, l’analyse de la sécurité du vaccin par un comité indépendant a abouti à la conclusion d’« aucun risque accru de thrombose ou d’événements caractérisés par une thrombose parmi les 21 583 participants ayant reçu au moins une dose du vaccin ».
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