Au zoo de San Diego, des gorilles ont été testés positifs au coronavirus SARS-CoV-2. Deux d’entre eux ont commencé à tousser le mercredi 6 janvier 2021, ce qui n’est pas si courant, alors, dans le contexte, le symptôme a rapidement enclenché un processus de dépistage — différent de celui des humains, donc sans impact sur les capacités de tests PCR. Il en résulte que trois gorilles du zoo ont été confirmés comme étant atteints de la maladie Covid-19.
« Mis à part un peu de congestion nasale et de la toux, les gorilles se portent bien », a précisé dans un communiqué la directrice du zoo, Lisa Peterson, ajoutant que l’ensemble des huit gorilles de l’enclot ont été placés en isolement. Un « rétablissement complet » est à prévoir, puisqu’ils n’ont pas développé de forme grave de la maladie. Quant au processus d’infection, le zoo applique normalement un protocole sanitaire strict dans le contact entre humains et animaux, mais les gorilles ont vraisemblablement attrapé le coronavirus par le biais d’un membre du personnel étant asymptomatique.
C’est la première fois que l’on détecte le coronavirus chez des gorilles. Auparavant, les visons, les tigres, les lions et certains chats et chiens ont été dans la même situation. Le coronavirus SARS-CoV-2 est adapté aux humains, raison pour laquelle la contamination d’un autre mammifère susceptible à l’infection ne génère pas de formes inquiétantes de la maladie : le coronavirus peut difficilement prospérer au sein d’un organisme auquel il n’est pas adapté — sauf mutation, ce pourquoi le cas des visons avait posé problème. Les animaux de compagnie ne peuvent pas être des vecteurs de l’épidémie, ni être vraiment en danger.
Le danger est en revanche quelque peu différent concernant une espèce comme celle des gorilles.
Les primates sont à risque
Une étude publiée en août 2020 dans la revue PNAS se penche sur les hôtes potentiels du coronavirus SARS-CoV-2 parmi les vertébrés. Les auteurs se sont penchés sur 400 espèces, à travers le prisme des protéines réceptrices ACE2. Plus une espèce voit ses récepteurs ACE2 similaires aux humains, plus le coronavirus représente un danger infectieux pour elle, car la liaison entre sa protéine Spike et ces protéines réceptrices ACE2 est facilitée.
Parmi les espèces les plus à risque, on retrouve trois familles de catarhiniens, un clade de primates : les cercopithécidés, les hylobatidés, et les hominidés. Les catarhiniens sont les mammifères classés dans l’étude en tant que catégorie la plus en danger dans la pandémie : « le risque d’infection au SARS-CoV-2 est très haut ». Les gorilles appartiennent à la famille des hominidés, comme les êtres humains. La proximité génétique est forte ; le risque de contagion est donc important.
Rappelons que les gorilles font partie des espèces en danger critique d’extinction face au déclin de leur population. Dans leur étude publiée dans PNAS, les auteurs pointent justement qu’ils ont identifié de nombreuses espèces menacées parmi celles les plus à risque dans l’épidémie : « Il est important de noter que de nombreuses espèces menacées et en voie d’extinction sont potentiellement exposées au risque d’infection par le SARS-CoV-2, sur la base de leur score de liaison ACE2, ce qui suggère qu’à mesure que la pandémie se propage, les humains pourraient par inadvertance introduire une nouvelle menace potentiellement dévastatrice pour ces populations déjà vulnérables, en particulier les grands singes et autres primates. »
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