Il n’existe pas encore de données attestant que le variant britannique provoque des formes plus sévères de la maladie Covid-19.

Dans une déclaration publique du 22 janvier 2021, le Premier ministre britannique Boris Johnson a déclaré que le variant apparu en Angleterre pourrait être lié « à un degré plus élevé de mortalité ». Il faut rester prudent face à une affirmation qui, pour l’instant, ne se repose pas sur un faisceau de preuves suffisant.

La plupart des travaux scientifiques menés sur le sujet aboutissent au constat d’une plus forte contagiosité, mais ne concluent pas à une plus forte létalité de cette souche ni à des formes plus graves de la maladie.

Boris Johnson se repose sur un avis rendu dernièrement par le NERVTAG (New and Emerging Respiratory Virus Threats Advisory Group), concluant que le variant « pourrait être un peu plus mortel que la souche existante ». Mais Neil Ferguson, l’un des membres du NERVTAG, cité par Reuters, nuance : « Il est réaliste de penser que la nouvelle variante britannique augmente le risque de décès, mais il subsiste une grande incertitude. »

À la lettre, les remarques du NERVTAG sur la mortalité restent très prudentes en elles-mêmes.

Boris Johnson. // Source : BBC

Boris Johnson.

Source : BBC

Cet avis semble notamment provenir de la situation spécifique sur le territoire britannique, le pays faisant malheureusement face à une hausse de la moralité. Mercredi 20 janvier 2021, le Royaume-Uni atteignait un record quotidien à 1 820 décès, et le total dépasse maintenant 93 000 décès. La circulation du coronavirus, sous la forme de son variant b.1.1.7, y est particulièrement active, au point que le pays est en confinement strict depuis plusieurs semaines.

L’« augmentation du risque de décès » à laquelle fait référence le NERVTAG peut donc provenir d’un constat épidémiologique : plus le virus circule rapidement en raison d’une forte contagiosité, plus le nombre de cas augmente et, ainsi, le nombre de formes graves risque statistiquement d’augmenter. La pression hospitalière complique d’autant plus les soins.

Seule une contagiosité plus forte est démontrée

Les données disponibles sur cette nouvelle souche confortent surtout l’augmentation de la contagiosité, qui se transmet plus facilement. Le CDC Européen a conclu à une « transmissibilité accrue de manière significative, ce qui a contribué à augmenter l’incidence, les hospitalisations et la pression sur le système de santé depuis la deuxième moitié du mois de décembre 2020 », s’appuyant notamment sur une étude relue par un comité indépendant et publiée dans Eurosurveillance. D’autres travaux montrent une augmentation significative du taux de reproduction du virus, augmentant la contagiosité de 50 à 70 %.

En revanche, aucune donnée consolidée ne vient attester une plus forte létalité. Pour la communauté scientifique, la déclaration de Boris Johnson est donc surtout politique, et ne repose pas sur l’état actuel de la science. Dans le NY Times, la virologue Lawrence Young estime qu’« il est étrange de faire une telle annonce, qui a de sérieuses implications et qui est clairement préoccupante pour le grand public, sans disposer d’un ensemble complet de données et d’une analyse plus approfondie. Je me demande s’il s’agissait de renforcer fortement le message sur la nécessité de s’en tenir au confinement et de justifier un renforcement des contrôles aux frontières. »

L’augmentation de la mortalité sur le territoire britannique, où le variant est le plus actif, n’est pas forcément liée à une plus forte létalité du variant lui-même, mais à l’impact d’une transmission plus active décuplant la pression hospitalière. En l’absence de preuves, il n’est donc pas possible d’affirmer que le variant anglais génère des formes plus sévères de la maladie Covid-19, à ce stade de nos connaissances, fin janvier 2021.

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