Dans un avis rendu le 23 janvier 2021, la Haute Autorité de la Santé a estimé qu’il était possible de décaler la deuxième dose du vaccin de Pfizer jusqu’à 6 semaines après la première, soit 42 jours, au lieu des 21-28 jours prévus par l’essai clinique. Quelques pays, principalement l’Angleterre, le Québec et le Danemark, ont appliqué un tel rallongement des délais, ce qui reste minoritaire dans le monde.
Lors d’une conférence de presse, ce mardi 26 janvier, le ministre français de la Santé Olivier Véran, accompagné du coordinateur de la stratégie vaccinale, Alain Fischer, ont exprimé une réponse à cette possibilité. Affirmant faire le « choix de la sécurité des données validées », Olivier Véran a annoncé que le délai d’injection était maintenu à 21-28 jours entre les deux doses.
Plusieurs contre-arguments envers l’allongement du délai
Plusieurs contre-arguments au décalage du délai ont été avancés pour expliquer cette décision.
Premièrement, l’impact serait finalement mineur sur le rythme de vaccination. Alain Fischer a notamment invoqué une modélisation montrant que si une extension du délai entre la 1ère et la 2e dose démarrait maintenant, le nombre de personnes vaccinées serait finalement le même fin mars-début avril. Par ailleurs, « il faut faire attention, on aurait plus de personnes vaccinées, pas forcément plus de personnes protégées », a-t-il précisé, amenant au deuxième argument.
« Il faut savoir que nous n’avons aucune information scientifique sur l’efficacité dans la durée d’une première dose, car tout le monde a reçu une 2e dose » dans l’essai, a signalé Alain Fischer, ajoutant qu’une analyse israélienne suggère que la protection conférée après la première dose ne pourrait être que de 33 %, contrastant avec les 55 % relevés dans l’étude de Pfizer. Par ailleurs, une chose est sûre : la vaccination n’est de toute façon pas complète sans la deuxième dose, qui fournit une sorte de boost dans la réponse immunitaire. Après une première dose, la protection conférée n’est pas celle initialement prévue par Pfizer.
Alain Fischer a par ailleurs réfuté l’argument voulant que le variant soit un prétexte à allonger le délai entre les deux doses. « L’arrivée préoccupante de nouveaux variants » motivait en grande partie l’avis de la HAS. Mais le chef de file de la stratégie vaccinale française rappelle que l’on ne connaît pas les effets au moyen terme d’un espacement du délai entre deux doses. De fait, le ministère de la Santé estime qu’il existe un risque non-quantifiable d’une réponse immunitaire sous-optimale, qui « pourrait faire diminuer l’induction de la protection face aux nouveaux variants », ces derniers faisant preuve d’une plus forte contagiosité. Alain Fischer estime que l’argument relatif au variant peut donc être utilisé pour maintenir l’espacement prévu initialement, de 21-28 jours.
Le médecin a conclu en relevant qu’un changement de calendrier vaccinal provoquerait des difficultés de mise en œuvre sur le terrain ; et le délai maximal de 42 jours pourrait alors s’étendre dans la pratique. Olivier Véran a, lui aussi, renchéri avec un élément purement logistique : « Plus le délai sera long, plus grand est le risque que les personnes manquent ou oublient leur rendez-vous. Le choix d’un délai plus important nous amènerait à appeler plus d’un million de personnes pour leur dire de venir plusieurs semaines plus tard », alors que le ministère a déjà affiché sa volonté d’éviter les reports de rendez-vous.
La décision de la France rejoint donc celle d’autres pays, et s’accorde finalement avec l’avis rendu par la FDA, l’agence sanitaire américaine, qui expliquait qu’« apporter de tels changements sans preuve scientifique adéquate peut, en fin de compte, être contre-productif pour la santé publique ».
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