À quel point les variants du coronavirus SARS-CoV-2 progressent-ils en France ? Début février, la proportion des variants dans les cas positifs par test PCR était estimée à 14 % à l’échelle de tout le territoire. Début janvier, ce chiffre n’était que de 3 %. L’évolution est donc exponentielle, sans être soudaine.
Le statisticien Elias Orphelin, qui fait partie des contributeurs du site de suivi CovidTracker, a proposé le 7 février sur son compte Twitter un intéressant graphique de la situation pour situer la proportion des variants dans l’épidémie en France. Nous reproduisons dans cet article, avec l’accord d’Elias Orphelin, les graphiques qu’il a réalisés.
La courbe bleue représente le nombre total de cas positifs au coronavirus ; la courbe grise représente la progression des cas ne provenant pas d’un variant ; la courbe rouge représente la progression des variants.
La hausse des variants est pour l’instant compensée
En observant le graphique d’Elias Orphelin, il apparaît une division assez nette de l’épidémie, fragmentée en deux dynamiques différentes. L’épidémie due au coronavirus « de base », qui sévit depuis plusieurs mois, est en nette baisse, quand l’épidémie provoquée par les variants est en hausse. « L’épidémie portée par le variant accélère, de manière exponentielle, et cette hausse est plus rapide que la baisse : le total se met à augmenter », décrit Elias Orphelin.
Dans la situation allemande, la hausse des variants n’est pas compensée par la baisse de l’épidémie de base. Résultat, en Allemagne, l’épidémie est donc globalement en forte hausse. Pour l’instant, en France, la hausse des variants est encore légèrement compensée par la baisse de l’épidémie de base, ce qui génère une situation pour l’instant stagnante.
Pour Elias Orphelin, les chiffres de cette semaine vont être déterminants pour comprendre dans quelle dynamique la France va s’inscrire. Sur d’autres graphiques, le spécialiste représente par des petits tirets des projections liées à trois possibilités — ce sont des simulations, et non une réalité.
Première possibilité : une hausse épidémique à cause des variants. « Dans ce cas, on rejoint le modèle allemand : la hausse exponentielle du variant n’est pas compensée par la baisse stable de l’épidémie traditionnelle », commente Elias Orphelin.
Autre possibilité : c’est l’inverse de la voie précédente, car, dans cette deuxième possibilité, l’épidémie continue de baisser globalement. Pour ce faire, il faut que les mesures permettent de freiner le coronavirus traditionnel, suffisamment pour compenser la progression des variants ; mais il faut très probablement que les mesures freinent aussi les variants.
Troisième voie : maintien de la stagnation actuelle entre une hausse des variants et une baisse globale de l’épidémie due au coronavirus classique.
Les variants, source de préoccupation
Ces graphiques correspondent à la préoccupation actuelle autour des variants du coronavirus. Le ministre de la Santé Olivier Véran décrivait en effet ces variants comme de « nouveaux virus » ou encore « une épidémie dans l’épidémie » ; et l’on constate bien que les variants répondent aujourd’hui à une dynamique différente, plus intense, que celle du coronavirus classique.
Dans une communication urgente — une DGS — diffusée auprès des professionnels de santé, ce lundi 8 février 2021, le gouvernement précise une stratégie de freinage plus poussée contre les variants dits sud-africain (20H/501Y.V2) et brésilien (20J/501Y.V3) ; en plus du variant dit anglais (20I/501Y.V1) qui est le variant le plus répandu aujourd’hui parmi les cas positifs.
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