La clinique E-santé, fondée par Christèle Albaret, est une véritable clinique « numérisée » : psychologues cliniciens et chercheurs travaillent de concert pour proposer une nouvelle forme de thérapie 100% en ligne : « La thérapie digitale ». La formule proposée est simple : un abonnement à 57e par semaine (ou 197e par mois) et un psychologue clinicien dédié, disponible tous les jours avec un délai de réponse de moins de 24 heures.
La thérapie digitale, cela ne me parle pas. Interrogée sur la question, Christèle Albaret, psychosociologue reconnue, m’éclaire : « La thérapie digitale est une thérapie entièrement en ligne. Elle permet de passer au-delà de toutes les contraintes d’une thérapie classique : elle est accessible à tous, peu importe le rythme de vie du patient. Elle fonctionne selon le principe d’exposition à la réalité narrative, qui place l’écriture au centre du processus de soin. C’est une thérapie agile, qui s’adapte. Enfin, les résultats obtenus sur des problématiques d’anxiété, de dépression ou de dépendance affective sont excellents… C’est très encourageant pour l’avenir. »
Ce concept a déjà fait ses preuves : nées avec le web, les thérapies en ligne ont fait l’objet de nombreuses études par le passé. Aux États-Unis, elles sont réglementées depuis plus de 20 ans. En Europe, dès 2009, The Lancet a publié une étude appuyant l’efficacité supérieure des thérapies en ligne sur la dépression. Encouragées depuis la crise sanitaire, l’offre ne manque pas : l’entreprise Happineo propose des consultations par téléphone, Qare des téléconsultations, et la clinique E-santé, elle, une thérapie digitale.
Franchir le pas de la « thérapie digitale »
Après quelques clics et 57 euros déboursés pour une thérapie d’une semaine, je me retrouve rapidement prise en main : formulaire médical, questionnaires divers et variés à propos de mon état émotionnel, guides santé… Tout est fait pour m’éduquer à cette nouvelle forme de thérapie. Je prends peu à peu conscience de l’importance de ma démarche. Je réalise aussi que je m’apprête à confier ma santé mentale à une psychologue que je n’ai vue qu’en photo lors de mon inscription. Pour certains, cet aspect sera sans aucun doute un frein.
En attendant de franchir le pas d’une première consultation, je me laisse tenter par les dizaines de tests disponibles tels que « Suis-je en dépression » ou encore « Suis-je trop anxieux ». Visiblement, l’application mise sur un format interactif. Au fur et à mesure, mon espace patient se transforme en véritable centre de commandes : je peux observer mon niveau d’anxiété, ma forme mentale ou encore les points sur lesquels je dois travailler. Cette partie de l’application est appréciable, le côté ludique dédramatise la thérapie — toutefois, ces graphiques obtenus n’ont pas de valeur scientifique, ni médicale, vérifiée.
Il est important de noter qu’il n’est en rien prouvé que ces « auto-diagnostics » ont un quelconque impact positif sur une pathologie mentale. Cela relève donc, pour l’instant, de l’effet placebo.
Après ces quelques heures d’amusement, je suis assez surprise de la qualité de l’application : fluide et intuitive. Épuré, le rendu est haut de gamme et les fonctionnalités à la hauteur du design. L’application laisse le choix de communiquer par écrit, par audio ou par de courtes vidéos avec son psychologue. Cette qualité technique est notable pour une application de santé.
Interrogé sur le développement de l’application, le directeur technique, Alexandre Chombeau, m’apporte quelques précisions : « La principale difficulté lors du développement d’une application dans le domaine de la santé mentale, c’est de rendre concret ce qui est abstrait. En tant que directeur technique, il m’a fallu de longues semaines pour retranscrire parfaitement les besoins fonctionnels des psychologues cliniciens qui ont travaillé sur l’application avec moi. Aujourd’hui, les patients de la clinique E-santé sont capables d’avoir un visuel clair de leurs progrès et de l’avancement de leur thérapie. Ils peuvent également choisir le mode de communication qui leur convient.»
L’écriture structure ma pensée et me libère
De mon côté, les échanges avec la psychologue débutent plutôt bien. Elle me présente son fonctionnement et m’invite à me dévoiler. Les jours passent et nos échanges sont plus nombreux, plus profonds. Finalement, l’écriture me permet de structurer ma pensée et d’aborder des sujets que je n’aurai pas osé évoquer à l’oral. Je ne me sens pas prise au piège et je peux couper la conversation à tout moment. De plus, ma psychologue me fait parvenir de nombreux messages audio chaque jour et c’est agréable, je me sens réellement soutenue. Seul bémol : le temps est limité à 2 minutes par message vocal.
Quelques jours plus tard, je reçois une invitation : Christèle Albaret organise un atelier thérapeutique. Dans son message, un thème : « Le lâcher prise » et un lien vers la plateforme de visioconférence Zoom. Dès mon arrivée, je compte une trentaine de personnes dans la conversation. Seules dix personnes activent leurs caméras tandis que les autres restent simples observateurs. Cet atelier est un bol d’air : les échanges sont bienveillants et les participants très enthousiastes. De nombreux conseils sont échangés et tous sont unanimes : Ils sont satisfaits de leur psychologue.
« J’aime le format mais j’ai besoin de contact humain. »
Rencontrées lors de l’atelier thérapeutique, j’ai demandé l’avis d’Elodie et de Vanessa, patientes depuis deux mois : « La thérapie, ce n’est pas nouveau pour moi. Je pense que tous ceux qui franchissent le pas sont dans ma situation », me dit Elodie, « Je ne regrette pas, j’aime savoir que je peux parler à mon psychologue à tout moment et particulièrement dans les situations du quotidien où j’ai besoin de parler immédiatement pour aller mieux. » Vanessa nuance : « J’aime le format mais j’ai besoin de contact humain. J’ai besoin de voir mon psychologue en face. Cette thérapie m’aide à surmonter mon anxiété dans des situations concrètes, c’est un fait, elle est vraiment dans les codes du moment. Cependant, je reste persuadée que certaines choses ne se régleront pas à distance. »
Après ces deux témoignages, j’ai sollicité Daniel Goldschmidt, psychologue et hypnothérapeute exerçant en cabinet depuis 35 ans : « Les thérapies en ligne ont prouvé leur efficacité sur des maladies telles que la dépression, l’anxiété ou les névroses. De mon côté, je reçois en cabinet et je propose aussi des téléconsultations à mes patients. C’est même très efficace sur les personnes qui ont besoin de se détacher du regard de l’autre pour s’exprimer. Je suis donc favorable aux thérapies à distance et en ligne, y compris par écrit.»
Il ajoute : « En revanche, il est important de rappeler que certaines pathologies ne peuvent pas être suivies en ligne. Je pense notamment aux troubles psychotiques. Ces personnes-là prennent de lourds traitements et il est essentiel d’avoir un œil sur leur état physique. Je pense aussi aux personnes qui ont vécu un grand traumatisme très récemment et qui ont donc impérativement besoin d’une présence rassurante. C’est du devoir du psychologue d’évaluer la possibilité, ou non, d’effectuer une thérapie en ligne.»
Pour moi, le bilan est positif
Après une semaine de thérapie digitale, je trouve le bilan positif : d’un point de vue technique, je n’ai pas relevé de bug particulier. D’un point de vue thérapeutique, le concept est en bonne voie : j’ai été suivie par une psychologue clinicienne diplômée et visiblement engagée. De plus, l’atelier thérapeutique est à mes yeux la grande force de la clinique E-santé. Le contact humain est, d’une certaine façon, renoué à travers ces échanges visuels.
Du côté des promesses, j’ai toujours obtenu des réponses en quelques heures, elles sont donc tenues. Le tarif reste abordable, que cela soit à la semaine ou au mois (une semaine de thérapie digitale reste moins chère qu’une seule consultation en cabinet). Alors, pour qui souhaite être suivi entièrement en ligne, la clinique E-santé semble être une bonne option.
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