Les circonstances du « RUD » du prototype SN10 de la fusée Starship, pour « Rapid Unplanned Disassembly », soit démontage rapide et imprévu, s’éclaircissent. Dans la soirée du 9 mars, des éléments de réponse ont été apportés par Elon Musk, dans une réaction à un internaute qui commentait des photos montrant des ingénieurs et des techniciens s’affairant autour du modèle d’après, le SN11.
Rappel des faits : SpaceX a conduit début mars son troisième essai en haute altitude, à près de 10 kilomètres de haut, d’un prototype de fusée Starship. Contrairement aux deux fois précédentes, le vol du SN10 a été une réussite de bout en bout. L’engin a pu atterrir après ses manœuvres aériennes, sans exploser. En tout cas, sans exploser tout de suite. Car plusieurs minutes après, une détonation a eu lieu.
S’est alors posée la question des causes de la destruction du lanceur : un souci au niveau du train d’atterrissage, qui ne s’est pas bien déployé ? Une arrivée sur la terre ferme trop brusque ? Un angle de retour pas suffisamment vertical par rapport au sol ? Un peu tout cela à la fois ? Une petite semaine après la survenue des évènements, le fondateur de SpaceX a pu apporter des explications.
Un problème d’hélium
Il y a effectivement eu un problème au niveau des pieds d’atterrissage, mais qui a été causé par une raison extérieure : selon Elon Musk, la poussée engendrée par les trois moteurs de la fusée au moment du posé était insuffisante. L’engin est arrivé avec une vitesse de 10 mètres par seconde, ce qui a écrasé les pieds de la fusée ainsi qu’une partie de la jupe de la fusée, c’est-à-dire la partie basse qui recouvre la motorisation.
Reste alors une question : pourquoi les trois moteurs Raptor n’ont pas réussi à carburer davantage ? La raison la plus probable, ajoute Elon Musk, est qu’il y a eu une ingestion partielle d’hélium provenant du réservoir collecteur de carburant. Dans un échange ensuite avec Chris Bergin, du site spécialisé NASA Spaceflight, Elon Musk a reconnu que cet ajout d’hélium a été un problème.
Chris Bergin fait observer que l’hélium a été ajouté à des fins de pressurisation du réservoir de méthane, « pour atténuer ce qui s’est passé avec le SN8 » — ce prototype, testé au mois de décembre, avait pu exécuter un vol, mais son atterrissage s’était terminé dans le fracas et les flammes. À l’époque, Elon Musk avait indiqué qu’il y avait eu un souci de pression au niveau d’un réservoir.
« C’est juste, a reconnu Elon Musk. Si une pressurisation autogène avait été utilisée, les bulles de méthane seraient très probablement redevenues liquides. L’hélium dans le collecteur a été utilisé pour empêcher l’effondrement du vide dû à l’affaissement, qui s’est produit lors du vol précédent. C’est ma faute si j’ai approuvé. Ça sonnait bien à l’époque », a-t-il ajouté.
La bonne nouvelle, c’est que SpaceX a pu comprendre l’origine du pépin et qu’il y a d’ores et déjà des actions correctives en cours. « Plusieurs révisions sont en cours pour le SN11 », a-t-il glissé sur Twitter. Et Chris Bergin de rappeler que cette mauvaise appréciation illustre bien la raison pour laquelle l’entreprise américaine est en train d’organiser des essais aux États-Unis.
On devrait justement avoir bientôt des nouvelles de SN11. À Boca Chica, Texas, il y a de l’agitation autour du prochain exemplaire de la fusée prototype, puisque l’engin est en train d’être déployé sur son pas de tir, comme des photos prises à longue distance le montrent. Des essais devraient avoir lieu en conséquence dans les prochains jours, avant le vol test où l’on verra si les modifications ont payé.
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