La météorologie de Jupiter n’est pas réputée pour son calme. On sait que la planète géante abrite des tempêtes impétueuses, comme sa Grande Tache Rouge ou son « œil de dragon » blanc. Il reste encore beaucoup à apprendre des phénomènes climatiques sur Jupiter : ce 18 mars 2021, l’Observatoire européen austral (ESO) a fait part de nouveaux travaux de recherches menés sur les vents de l’astre. Les scientifiques ont mis en évidence des vents d’une puissance impressionnante, avec une vitesse allant jusqu’à 1 450 kilomètres par heure, près des pôles. Ils décrivent leur trouvaille comme un potentiel « monstre météorologique unique dans notre système solaire ».
« Nous détectons directement, pour la première fois, des vents forts dans la stratosphère de Jupiter », peut-on lire dans leur étude, publiée le 26 février 2021 dans Astronomy & Astrophysics. Les scientifiques sont parvenus à réaliser une mesure directe des vents dans la moyenne atmosphère de Jupiter, ce qui n’avait encore jamais été obtenu. Pour obtenir cette information sur la puissance des vents, ils ont eu recours à un événement survenu en 1994 : la collision de la comète Shoemaker-Levy 9.
Les bandes rouges et blanches de Jupiter sont assez célèbres : il s’agit en fait de nuages tourbillonnants et formés par du gaz en mouvement. Ces structures sont utiles aux astronomes pour étudier les vents qui se trouvent dans la basse atmosphère de la planète.
On sait aussi, qu’à proximité de ses pôles, il y a des aurores. On les a associées à des vents puissants qui doivent se produire dans la haute atmosphère de la planète. Ce que les scientifiques viennent de faire, c’est de mesurer la dynamique des vents de façon directe, entre ces deux couches de l’atmosphère de Jupiter, la fameuse stratosphère. « Nous comblons l’écart d’altitude entre ces mesures en mesurant directement les vitesses du vent dans la stratosphère de Jupiter », écrivent les auteurs dans A&A.
Merci Shoemaker-Levy 9
Comme le mentionne l’ESO dans son communiqué, il n’est pas possible d’estimer la vitesse des vents dans la stratosphère de Jupiter en utilisant des techniques de suivi des nuages, puisque les nuages sont tout simplement absents de cette zone. C’est là qu’intervient l’impact de la comète Shoemaker-Levy 9 sur Jupiter, survenu en juillet 1994. Lorsque cet objet est entré en collision avec la planète, de nouvelles molécules se sont formées dans l’atmosphère de Jupiter. C’est leur déplacement, au gré des vents de la planète, que les scientifiques ont suivi. Ils ont plus précisément traqué le mouvement d’une des molécules, le cyanure d’hydrogène, pour estimer la vitesse des vents.
C’est ainsi qu’ils sont arrivés à la mesure de vents pouvant évoluer à environ 1 450 kilomètres par heure, soit plus de 2 fois que les vitesses maximales estimées dans la Grande Tache Rouge. C’est aussi plus de 3 fois supérieur à la vitesse du vent des plus fortes tornades sur Terre, que l’on a pu mesurer. Les scientifiques vont encore plus loin : selon eux, nous pourrions être face à la découverte d’une sorte de vortex géant, d’un diamètre équivalent à 4 fois celui de la Terre et d’une hauteur de 900 kilomètres, d’où cette description de « monstre météorologique ».
Pour parvenir à ces conclusions, les auteurs ont observé Jupiter en mars 2017, à l’aide du Grand réseau d’antennes millimétrique/submillimétrique de l’Atacama (ALMA), un radiotélescope géant situé au nord du Chili. Ainsi, ils ont pu analyser le déplacement de la molécule de cyanure d’hydrogène. Avec ces résultats, notre connaissance des régions aurorales de la planète géante gazeuse s’affine. Les scientifiques comptent sur la future mise en service de l’Extremely Large Telescope (ELT) pour observer de façon encore plus détaillée l’atmosphère de Jupiter.
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