Pendant longtemps, la France s’en est tenue aux tests PCR naso-pharyngés pour le dépistage de la maladie Covid-19. Ceux-ci consistent à insérer un écouvillon (long coton-tige) dans les narines. L’échantillon est ensuite analysé en laboratoire pour y repérer la présence ou non du génome du coronavirus et, sous 24 à 72h, le résultat est obtenu.
D’autres types de tests existent et, parmi eux, les tests antigéniques rapides. La Haute autorité de santé (HAS) a récemment donné un avis favorable à ces tests antigéniques, sous deux formes :
- En TROD (test rapide d’orientation diagnostic) ou TDR (test de diagnostic rapide) : ils sont alors réalisés par des professionnels de santé ;
- En autotest : la personne concernée réalise le test elle-même.
Les premiers commencent déjà à être déployés ; les autotests sont quant à eux arrivés en avril.
Dans quelles circonstances ?
La HAS recommande que les tests antigéniques soient utilisés dans les conditions suivantes (chez des personnes de 15 ans minimum pour des raisons notamment morphologiques) :
- Pour les TROD/TDR : chez les patients symptomatiques, jusqu’à 4 jours après apparition des symptômes, comme second choix lorsque le test PCR naso-pharyngé est difficile ou impossible ; chez les personnes cas contact, là aussi exclusivement en seconde intention ; chez les personnes asymptomatiques « dans le cadre d’un dépistage itératif ciblé à large échelle, soit en première intention, soit en alternative ».
- Pour les autotests, la HAS demande ici à privilégier exclusivement les personnes asymptomatiques, dans deux cas : « Indication médicale, dans le cadre d’un dépistage itératif ciblé à large échelle en alternative aux TDR/TROD antigéniques sur prélèvement nasopharyngé ou nasal », c’est-à-dire des campagnes de dépistage ciblées auprès de certains publics ; ou bien dans le cadre privé (« par exemple, avant une rencontre avec des proches », écrit la HAS).
Dans la pratique, le ministère de la Santé a précisé, lors d’une réunion avec la presse, que « les autotests se feront dans des situations où l’on n’aurait pas fait de test habituellement », comme complément. Par exemple, un lycéen ayant des symptômes devra se faire dépister avec un PCR classique, et non pas avec un autotest. « On va rajouter un outil qui va nous permettre de couvrir plus de monde », explique le ministère pour détailler sa stratégie. « Il y a un enjeu d’aller chercher des publics qui aujourd’hui ne vont pas vers le système de test, ou pas suffisamment, alors qu’ils sont parmi des vecteurs de contamination importants. C’est le rôle de l’État d’aller vers ces publics pour les accompagner dans la réalisation de ces autotests. »
Des publics seront d’abord prioritaires, les jeunes à partir de 15 ans et « les territoires et populations éloignées du soin », ainsi que, possiblement, les personnes aidantes au contact de personnes fragiles. La diffusion en population générale, ensuite, n’est pas exclue, mais ce point n’est pas encore totalement établi par le gouvernement.
Où et quand ?
Sous forme d’autotests, les tests antigéniques peuvent être trouvés dans les pharmacies qui en disposent. Contrairement à ce qui avait auparavant été annoncé, ils ne pourront pas être vendus hors officines, il est donc exclu d’en trouver en supermarchés.
Ils sont disponibles à l’achat à partir du 12 avril dans les pharmacies, d’après Olivier Véran. Cela concerna d’abord surtout les publics prioritaires précédemment cités, puis l’utilisation sera étendue. Le ministère de la Santé avait ajouté qu’il n’est pas impossible que les autotests accompagnent les dispositifs expérimentant la tenue d’événements culturels ou sportifs.
Le prix est de 5 euros l’unité — en moyenne — selon les fabricants. Lorsque l’autotest sera réalisé dans le cadre d’une campagne organisée, allant vers les publics, ce sera pris en charge par l’État.
Toutefois, comme le rapportait BFM en fin de semaine passée, il y a des risques qu’il soit difficile de se procurer des autotests en pharmacie dès le 12 avril, car beaucoup de stocks ont été préemptés par l’État (en vue du retour à l’école des enfants dans deux semaines).
Comment se déroule le prélèvement ?
Pour un test PCR « naso-pharyngé », un écouvillon est inséré relativement profondément dans la cavité nasale, jusqu’à la paroi arrière du pharynx (soit une profondeur d’environ 7 cm). Un autotest antigénique fonctionne quasiment pareil, à la différence qu’il n’y a pas besoin d’aller si loin, le prélèvement est dit seulement « nasal » : le coton-tige, plus épais, s’enfonce seulement 3 à 4 cm dans la narine.
Une fois le coton-tige inséré, il faut effectuer environ 5 rotations lentes (attention : tourner à l’intérieur de la narine pour frotter ses parois, et non pas tourner le coton-tige sur lui-même). La suite, consistant à faire entrer le coton-tige au contact de la substance de réaction, dépend des indications du fabricant, cela peut varier d’un test à un autre, il faut donc bien suivre la notice. En général, cela consiste à déposer le coton-tige dans un petit tube où il y a une substance dite d’extraction, à secouer puis à déposer quelques gouttes au sein d’une plaquette.
Le résultat est obtenu rapidement, en 30 minutes maximum. S’il est positif, il doit être confirmé par un test PCR.
Comment ça marche ?
Un test antigénique se distingue d’un test PCR par la méthode d’analyse. « Dans la technique PCR, on va au plus profond du virus : on va chercher son matériel génétique, c’est-à-dire son ARN. Dans les tests antigéniques, en revanche, on va chercher les protéines de structure du virus, en surface », nous expliquait il y a quelques mois Michel Guyon, directeur de la distribution au sein de la branche diagnostique de l’entreprise pharmaceutique Roche.
Une fois prélevé, l’échantillon est au contact d’une substance d’extraction, puis cette substance, au sein d’une plaquette, est à son tour en contact avec des anticorps. « Il y a un principe de clé/serrure : quand le bon anticorps est au contact du bon antigène, ils vont créer un complexe. C’est ce qu’on va mesurer », nous expliquait Michel Guyon.
Les gouttes issues du prélèvement migrent dans la plaquette jusqu’à rencontrer les anticorps. Si le prélèvement contient les antigènes du coronavirus, le complexe chimique antigènes/anticorps va provoquer l’apparition d’une bande colorée. Cela permet de savoir rapidement (15-30 minutes) si l’on est infecté au moment même du test — avec une efficacité toutefois moindre que pour un PCR.
Quelle est l’efficacité ?
Comme le relève la HAS, les tests antigéniques présentent une sensibilité de l’ordre de 80 à 95 % chez les patients symptomatiques et de l’ordre de 50 à 60 % chez les personnes asymptomatiques. Tout du moins, en ce qui concerne le TROD/TDR, car les autotests dépendent aussi de la rigueur avec laquelle ils sont réalisés.
Cette sensibilité n’est pas très élevée, ce qui signifie qu’il peut y avoir des faux négatifs, mais peu de faux positifs. Quoi qu’il en soit, il s’agit là d’un test d’orientation, même autoréalisé, ce qui signifie qu’il doit être confirmé, en cas de positivité, par un test PCR naso-pharyngé/salivaire. En cas de résultat négatif, mais de symptômes malgré tout, il est également mieux de procéder à un test PCR.
De manière générale, la HAS considère surtout les tests antigéniques, qu’ils soient TROD/TRD ou autotests, comme « une offre complémentaire pour des besoins spécifiques », en raison de leur sensibilité moindre. C’est pour cela que l’organisme ne recommande pas de procéder à des autotests en situation symptomatique, mais dans des cas plus spécifiques comme le dépistage d’une population spécifique ou en amont d’un événement par exemple.
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