L’espèce d’algue rouge corallienne Phymatolithon calcareum forme des bancs entiers dans les mers côtières peu profondes, du Portugal jusqu’à la Norvège. Ces bancs, appelés maërls, constituent un habitat fondamental pour de nombreuses espèces marines, et contribuent également à stocker du carbone. Leur rôle dans les écosystèmes est donc important.
Tous les bancs de Phymatolithon calcareum ont un code génétique commun, avec, normalement, quelques variations seulement en fonction de quelques caractéristiques géographiques. Mais dans un article de recherche publié le 13 mars 2021, des scientifiques de l’université d’Exeter révèlent leur étonnante découverte : dans l’estuaire de Fal, en Cornouailles, les bancs de cette algue rouge sont « génétiquement distincts de tous les autres sites ». Les auteurs ont surnommé ces algues « falgae » du nom de l’estuaire.
Des stratégies localisées de conservation
Comment expliquer une différenciation génétique si spécifique aux algues de cette localité ? « Il semble que la diversité unique de l’estuaire de Fal ait été façonnée au fil du temps par l’isolement géographique de ce lit de maërl et l’absence d’échange génétique avec d’autres populations », explique Tom Jenkins, l’un des auteurs, sur le site de l’université d’Exeter le 31 mars. Ce type d’algues a une croissance très lente, et certains spécimens sont âgés de plusieurs centaines d’années, voire plusieurs milliers.
La faible capacité de dispersion de cette espèce « limite la connectivité entre des populations particulières séparées par de grandes distances ». La mécanique d’isolement fonctionne aussi, comme le montre cette étude, sur des distances qui peuvent nous apparaitre courtes. Les spécimens étudiés sur l’estuaire de Fal sont génétiquement distincts y compris de leurs cousins situés à seulement 13 kilomètres. Mais même à cette distance, c’est bien l’absence de contacts et d’échanges entre spécimens qui est déterminante pour prendre un chemin évolutif distinct.
Aussi uniques soient-elles génétiquement, ces algues rouges sont menacées par les activités humaines, entre la pollution marine et la sédimentation provoquées par le port navigable à proximité. Or, les récifs coralliens sont des habitats cruciaux pour de nombreux poissons et invertébrés. Il est nécessaire de comprendre leurs mécanismes d’évolution et donc de résilience. C’est ainsi que cette trouvaille génétique permet de mettre l’accent sur les besoins écologiques de ces sites.
« Il existe plusieurs grands bancs de maërl autour de la côte du sud et du sud-ouest de l’Angleterre, et les différences génétiques que nous avons identifiées montrent qu’ils doivent être gérés site par site, en tant que populations séparées et distinctes », commentent les auteurs. Plus globalement, il est certain que de plus en plus de scientifiques appellent à prendre en considération les spécificités locales de populations à protéger, dans les stratégies de conservation.
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