Amazon a passé commande pour neuf tirs de fusée dans le cadre de son projet de méga-constellation de satellites. Une nouvelle qui devrait désespérer les astronomes.

Kuiper. Voilà un nom qui va bientôt échauffer quelques esprits parmi les astronomes, si ce n’est pas déjà le cas. Pas à cause d’une spectaculaire découverte qui aurait eu lieu dans la ceinture d’astéroïdes au-delà de l’orbite de Neptune, et qui porte ce nom, mais parce que c’est le nom de la méga-constellation que veut déployer Amazon dans les années à venir.

Car comme SpaceX avec son projet Starlink, Amazon a l’intention d’en être. Certes, son projet est plus modeste — il n’est question « que » de 3 236 satellites à placer en orbite, contrairement aux dizaines de milliers d’engins qui composeront au final le réseau spatial de Starlink –, mais il se trouvera lui aussi en orbite basse, à une altitude qui devrait poser des difficultés à l’astronomie terrestre.

Problème de pollution visuelle à venir

En effet, la pollution visuelle engendrée par ces nuées de satellites se déplaçant à basse altitude commence à être bien documentée. Si cette menace est théorique avec Amazon, car le groupe n’a encore aucun appareil à quelques centaines de kilomètres d’altitude, elle est bien réelle avec SpaceX. Des problèmes ont ainsi été recensés lors d’observations d’une comète ou d’étoiles filantes.

D’autre enjeux existent, à commencer par celui de la gestion de la trajectoire de tous ces engins. On se souvient d’une frayeur en 2019 quand un satellite européen a failli percuter un nœud spatial de Starlink. Le trafic allant croissant, SpaceX a fini par se rapprocher de la Nasa. L’agence spatiale américaine n’est d’ailleurs pas toujours d’un enthousiasme débridé vis-à-vis de ces méga-constellations.

Si l’on vous reparle aujourd’hui du projet Kuiper, c’est parce que celui-ci devient chaque jour un peu plus concret. L’été dernier, le géant du commerce électronique et du cloud a reçu le feu vert de la commission fédérale des communications (FCC) pour opérer un réseau de satellites de communications. Aujourd’hui, on apprend qu’Amazon a acheté neuf vols à venir.

Blue Origin New Glenn

Vue d’artiste de la New Glenn. // Source : Blue Origin

Amazon achète ses premiers vols de fusée

L’annonce date du 19 avril. Amazon n’a visiblement pas désiré de passer par SpaceX pour son projet — cela aurait néanmoins été cocasse, SpaceX fournissant des prestations de mise en orbite pour un groupe qui veut concurrencer son propre service d’accès à Internet par satellite. À la place, c’est l’United Launch Alliance (ULA), une co-entreprise de Boeing et Lockheed Martin, qui est appelée à la rescousse.

Ces neuf lancements à venir ne seront bien sûr pas suffisants pour transporter ces 3 236 satellites — à titre de comparaison, la Falcon 9 de SpaceX transporte les satellites de Starlink par grappe de 60. Les fusées Atlas V n’ont pas une capacité d’emport suffisante — la charge utile maximum qu’une d’entre elles peut transporter en orbite basse ne dépasse pas, dans le meilleur des cas, 21 tonnes.

Au-delà de ces neuf vols, Amazon resignera-t-il avec ULA ? peut-être. Ou alors Amazon fera appel à une autre société de Jeff Bezos, son fondateur : Blue Origin. Après tout, la société a en projet de construire une fusée de grande capacité, New Glenn. Celle-ci ne devrait pas prendre son envol avant 2022. Néanmoins, parmi les missions attendues, figure l’envoi de satellites.

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