Les mines devaient être un peu crispées, au centre de contrôle des opérations spatiales d’Arianespace, pour le dix-huitième vol de la fusée européenne Vega. Mais les visages se sont vite détendus, et pour cause : le tant attendu décollage du lanceur s’est très bien passé, tout comme la libération de sa charge utile en orbite — des satellites. Ce faisant, Vega s’est remise en selle.
Se remettre en selle après deux échecs récents
La fusée revient de loin : deux de ses trois dernières missions ont été mises en échec. En 2019, le vol VV15 n’a pas pu être mené à son terme à cause d’un défaut dans le design du dôme du moteur Zefiro 23 (le deuxième étage de Vega), causant la perte du satellite qu’il transportait. Rebelote en 2020, avec le tir VV17. Cette fois, ce sont des erreurs humaines sur le quatrième étage qui ont été relevées.
De fait, la mission VV18 revêtait une importance particulière pour Arianespace, au-delà de la valeur des satellites qui étaient embarqués : il s’agissait de tourner la page du précédent raté. Il faut dire que la crédibilité européenne avec la fusée légère Vega a été quelque peu écornée avec les tirs VV15 et VV17. Auparavant, le lanceur n’avait connu aucun souci notable, avec quatorze tirs d’affilée.
« VV18 est maintenant terminé — un autre succès de la mission et une démonstration étonnante de la force et de la capacité de l’Europe à coopérer ! », a tweeté ce jeudi matin, soulagé, Stéphane Israël, le patron d’Arianespace. « C’était une aventure incroyable pour Arianespace, Avio [le constructeur italien de Vega, ndlr] et les équipes de l’Agence spatiale européenne, qui ont rendu ce retour en vol possible ! »
La mission VV18 est survenue dans la nuit du 28 au 29 avril. Il était 22h50 à Kourou, en Guyane, lorsque la fusée européenne a quitté le centre spatial européen — 3h50 du matin en métropole. La mission a été bouclée en moins de deux heures, la séparation du premier satellite ayant eu lieu après 54 minutes de vol, et celle des cinq autres charges utiles de plus petite taille au bout de 1h42.
La charge utile principale — 920 kg — était le satellite Pléiades Neo 3, le premier satellite à très haute résolution d’une toute nouvelle constellation d’observation de la Terre. En tout, il doit y avoir quatre satellites Pléiades Neo. Les trois autres satellites doivent être envoyés d’ici 2022 lors de deux missions Vega. L’ensemble de ces engins est construit par Airbus Defence and Space.
Par ailleurs, la mission VV18 a accueilli cinq plus petits engins : le satellite NorSat-3 pour le compte de l’Agence spatiale norvégienne, le satellite Bravo pour le compte de l’entreprise américaine Aurora Insight, les satellites Lemur -2 pour le compte de Spire, une autre société américaine, et le satellite Tyvak-182A (Eutelsat ELO alpha) pour le compte de la société française Eutelsat.
Dans un horizon relativement proche, la fusée européenne Vega sera mise à la retraite. L’Europe spatiale se prépare à déployer une nouvelle version de son lanceur léger, appelée Vega-C. L’engin, dont le vol inaugural est espéré pour 2021, a pour particularité de servir aussi de propulseur d’appoint (par deux ou quatre) pour Ariane 6. À plus long terme, il est prévu encore une autre version de Vega, appelée Vega-E.
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