La Grande Barrière de corail se dégrade à toute vitesse à mesure que le climat se réchauffe. Plusieurs techniques pourraient retarder significativement sa disparition.

Merveille de la nature, la Grande Barrière de corail en Australie est extrêmement menacée par le changement climatique. Une équipe de chercheurs australiens a cependant identifié des stratégies qui pourraient retarder significativement la dégradation de ce site. Dans une étude publiée dans le journal Royal Society Open Science le 28 avril 2021, ils indiquent avoir évalué l’impact de plusieurs techniques, notamment l’introduction de variétés de coraux plus résistants à la chaleur, la gestion des ruissellements lorsque des inondations se produisent, le contrôle du rayonnement solaire, ou encore la régulation de certaines étoiles de mer.

Ces deux dernières techniques sont, selon eux, particulièrement prometteuses, et si elles sont menées à grande échelle, elles retarderaient significativement la dégradation de la Grande Barrière de corail.

La Grande barrière de corail est particulièrement menacée par le réchauffement climatique. // Source : Gaby Stein / Pixabay

La Grande barrière de corail est particulièrement menacée par le réchauffement climatique.

Source : Gaby Stein / Pixabay

Modifier les nuages pour réduire le rayonnement solaire

Le rayonnement solaire peut constituer une vraie menace pour les coraux. Lorsque la température de l’eau devient trop élevée, les algues qui vivent en symbiose avec les coraux se mettent à produire de l’oxygène à des niveaux toxiques. Au bout d’un moment, elles sont expulsées ou meurent, c’est ce qu’on appelle le blanchiment. Si l’épisode de chaleur ne s’éternise pas, les algues reviendront peupler le corail. En revanche, s’il dure ou est trop intense, les coraux finissent par mourir. En projetant des cristaux de sel sur les nuages des zones les plus exposées à la chaleur, il est cependant possible de les rendre « plus brillants » et donc de réduire le rayonnement solaire.

La régulation de certaines espèces d’étoiles de mer peut également constituer un bouclier puissant. Les Acanthaster planci sont des étoiles de mer prédatrices qui se nourrissent principalement de coraux. Réguler leur nombre peut ainsi aider significativement à préserver les récifs. 

Des techniques à déployer à grande échelle

Ces deux techniques nécessitent des investissements importants pour être déployées à une échelle suffisante. Il faut également que le réchauffement planétaire soit globalement maintenu à des niveaux acceptables (les auteurs ont pris pour référence une hausse de 1,8° d’ici 2100). Si ces politiques sont menées, il serait cependant possible de retarder la dégradation de la Grande Barrière de corail de « vingt ans », estime l’équipe à l’origine de l’étude.

Ces chercheurs australiens ne sont pas les seuls à se mobiliser pour tenter de sauver les récifs. Plusieurs autres stratégies sont actuellement étudiées. Il est possible d’envoyer des plongeurs récolter ou récupérer des fragments de coraux vivants, qui serviront à générer de nouvelles colonies. Cette technique requiert cependant du temps et de la main-d’œuvre, pour transporter les fragments récoltés sur les zones qui leur servent de pouponnières, puis déplacer les coraux développés sur leur zone d’habitat définitif.

Régénérer les récifs coralliens

Récupérer les gamètes libérés lors des périodes de frai permet également — grâce à des techniques de reproduction assistée — de produire de nouveaux coraux, et même dans certains cas, d’en créer de plus résistants à la chaleur. Une stratégie qui nécessite, là encore, des ressources (économiques, humaines) et une certaine logistique. Mais ces recherches sont aussi prometteuses qu’importantes.

« Les récifs coralliens sont parmi les écosystèmes les plus vulnérables au climat », explique à l’AFP, l’auteur principal de l’étude publiée dans Royal Society Open Science, Scott Condie. Selon des projections modélisées, la proportion de coraux au sein du récif de la Grande Barrière de Corail pourrait chuter au-dessous de 10% d’ici 20 ans ». Le réchauffement de l’eau a déjà entraîné la disparition de plus de la moitié des coraux de la Grande Barrière.

Une perspective très inquiétante, car les récifs coralliens sont fondamentaux pour l’écosystème marin : s’ils n’occupent qu’un petit pourcentage du sol océanique, ils abritent en effet un quart de la vie marine. L’intérêt de préserver cette nature d’une richesse extraordinaire paraitra évident à bien des personnes. Mais, même si l’on ne se penche que sur l’aspect économique, cela reste un choix très pragmatique : la Grande Barrière de corail protège les côtés des tempêtes, profite à l’économie de la pêche et attire énormément de vacanciers. Si elle continue de se dégrader, l’Australie devrait, à minima, perdre 1 milliard de dollars de recettes touristiques.

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