Ce devait être presque une formalité, une étape de plus dans le déroulé du programme Artémis, qui prépare le retour d’astronautes sur la Lune en 2024. Mais le processus de sélection de l’atterrisseur qui sera chargé du transport des astronautes jusqu’à la surface du satellite naturel de la Terre vient d’être suspendu net, après la réclamation des deux entreprises candidates qui n’ont pas été retenues.
L’agence spatiale américaine (Nasa) a en effet annoncé ce week-end une pause dans ce segment du programme spatial, à la suite des désaccords qui ont été remontés par les sociétés Blue Origin et Dynetics auprès du Government Accountability Office, l’équivalent de la Cour des comptes aux États-Unis. Les deux plaignantes contestent les conditions dans lesquelles la Nasa a choisi SpaceX, et seulement SpaceX.
Un ou deux atterrisseurs lunaires ?
Rappel des faits. Dans le cadre du programme Artémis, la Nasa prévoit de s’appuyer sur des prestataires privés pour mener à bien ce retour sur la Lune. Parmi les contrats qui sont proposés figure celui d’un atterrisseur chargé de déposer des équipages au sol. Un appel à candidatures a été lancé en 2019 et trois sociétés devaient être départagées : SpaceX, Blue Origin et Dynetics. Elles ont été annoncées le 30 avril 2020.
L’issue de cette procédure de sélection survient à la mi-avril : la Nasa annonce un unique lauréat, SpaceX. L’entreprise américaine décroche un contrat très important, d’un montant de 2,9 milliards de dollars, pour faire en sorte que le Starship — son nouveau lanceur, en cours de développement, qui succédera au Falcon Heavy et à la Falcon 9 — soit prêt pour une telle mission.
C’est là que les choses se gâtent. La Nasa a expliqué que son choix s’est fondé sur divers paramètres, dont le critère budgétaire. L’agence spatiale a déclaré qu’elle pouvait retenir jusqu’à deux lauréats, selon la qualité des projets proposés. Cependant, le Congrès des États-Unis ne lui a versé que 850 millions de dollars sur les 3,3 milliards de dollars qu’elle demandait pour avoir deux atterrisseurs lunaires.
Compte tenu de ces contraintes financières, la Nasa a revu à la baisse ses objectifs et retenu un unique lanceur : celui de SpaceX. Or pour Blue Origin et Dynetics, la Nasa aurait dû réévaluer son appel d’offres quand elle a su qu’elle n’aurait pas les fonds nécessaires pour retenir deux programmes. Les deux candidatures malheureuses auraient pu alors réviser leur offre pour tenter de s’aligner à SpaceX.
« La Nasa a déplacé les poteaux de but à la dernière minute », s’est ainsi plainte Blue Origin, en estimant que les conditions de la sélection ont été remaniées sans crier gare, et sans laisser du temps aux challengers de s’y adapter. Elle a également mis en garde la Nasa, avançant que cela met « en danger le retour de l’Amérique sur la Lune », en se privant d’au moins un autre prestataire privé.
L’interruption administrative des activités de la Nasa autour du futur atterrisseur lunaire devrait, du côté de SpaceX, n’avoir aucune incidence négative à court terme. La société va de toute façon continuer ses essais aériens, notamment pour réussir enfin à poser ses prototypes correctement. Plusieurs modèles ont été consommés ces derniers mois, mais sans parvenir à trouver la bonne formule.
Cela pourrait toutefois changer avec le test SN15, qui succédera à SN11 (les SN12, SN13 et SN14 n’ont pas été utilisés dans ce cadre, mais ont servi à des essais d’ingénierie). Selon Elon Musk, SN15 constitue un important bond en avant dans la conception du Starship, avec des « centaines d’améliorations au niveau des structures, de l’avionique, des logiciels et du moteur ». Il reste à lui faire passer son baptême du feu.
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